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Karim Dridi  
né le 9 janvier 1961 en Tunisie

Karim Dridi

Réalisateur, scénariste et directeur de la photographie français, il filme les cabarets et la prostitution dans PIGALLE (1994), l'immigration dans BYE-BYE, Arielle Dombasle, Michel Galabru et Rossy de Palma dans HORS JEU, le documentaire musical avec CUBA FELIZ, le drame pour FUREUR, des gitans marseillais dans KHAMSA, puis en 2009, Marion Cotillard et Guillaume Canet pour la romance saharienne LE DERNIER VOL.

Filmo

Liste non exhaustive, apparaissent les films présents dans notre base :

 Revivre (2024)
- Film - BO : David Gubitsch, Vincent Peirani


 Chouf (2016)
- - BO : Chkrrr, Jérome Bensoussan, Casey, Kofs


 Le Dernier vol (2009)
The Last Flye - - BO : Trio Joubran, Chkrrr


Interview Karim Dridi (avec le Trio Joubran & Chkrrr)
A propos de la BO du DERNIER VOL

"Cette musique coule dans mes veines. C'est exactement ce que je suis, c'est mon identité, mon être, mon âme."

Voir la vidéo de l'interview en bas de page

Cinezik : Quelle est l'origine du projet, du film et de sa musique ?

Karim Dridi : J'ai eu l'idée de ce film d'auteur à gros budget en souhaitant adapter librement le roman de Sylvain Estibal qui se passe dans le désert, magnifique cadre pour une histoire romanesque. Je suis donc allé voir la Gaumont en 2004 et le projet a mis cinq ans pour voir le jour. J'avais envie de travailler avec des musiciens qui ne soient pas des spécialistes de la musique de film. L'idée était de travailler avec le trio Joubran dont j'avais aimé le disque "Tamass". Ils étaient partants pour cette aventure même s'ils n'avaient jamais fait cela. Puis avec Quentin Boniface, le superviseur musical, on se disait qu'il fallait des cordes, violons, violoncelles, pour scier à l'histoire d'amour, et très vite on s'est orienté vers le trio Chkrr. C'est donc la rencontre entre les Chkrrr, musique occidentale, et le trio Joubran, musique arabe. Ce qui me touche beaucoup, c'est que j'ai l'impression en écoutant cette musique que c'est moi, cette musique coule dans mes veines. C'est exactement ce que je suis, c'est mon identité, mon être, mon âme. Cette musique me représente à un point troublant.

Chkrrr : Ce film est la rencontre entre l'occident et l'orient, dans le film et dans le son. La rencontre musicale découlait facilement de ce que filmait Karim.

Pourquoi ce choix de ne pas aller vers un compositeur classique de cinéma ?

K.D : Si on travaille avec un compositeur de musique de film, il nous apporte son Score que l'on doit plaquer sur les images à la seconde près sans pouvoir intervenir. Alors que dans le cas présent, j'avais décidé qu'il y ait trois Oud, et ce n'est pas un compositeur qui décide de cela, c'est un peu comme un casting. J'avais envie de luth, de violons, violoncelles, percussions orientales. Je travaille la musique avec Quentin Boniface en toute liberté, avec des musiciens qui vont travailler à l'image sans composer une partition définitive. Et comme je ne suis pas musicien, je les dirige comme je le fais pour un acteur, en parlant d'ambiance, je leur demande d'être plus violent, plus doux, de rentrer dans l'émotion d'un personnage.

Quel fut le travail du Trio Joubran (Oud & Percussions) ?

K.D : Le trio Joubran est talentueux pour inventer des thèmes, ils ont une force d'invention mélodique faramineuse, ils nous ont donc pondu une dizaine de thèmes en improvisant, et en les écoutant on choisissait le thème récurrent, car c'est cela la spécificité d'une musique de film, et à partir de là le thème est développé. On commence à partir d'une proposition des compositeurs puis on les oriente.

Et comment s'est faite l'intervention de Chkrr pour les cordes ?

Chkrr : On a beaucoup joué ensemble avant d'enregistrer pour que la rencontre se fasse le plus naturellement possible, et avec les thèmes qu'ils proposaient au préalable la rencontre était d'autant plus aisée que les thèmes étaient forts.

K.D : On leur a projeté le film dans une salle et ils ont improvisé à l'image, sans direction. La musique de film, c'est souvent des nappes de violons, un grand orchestre, et là l'idée est de travailler avec deux trio, mais en donnant une sensation d'orchestration et d'ampleur avec seulement sept musiciens.

Et malgré que ce soit une musique pour un film, elle s'écoute très bien seule sur le disque...

Joubran : Ce n'est pas la même chose que de composer pour un album car au cinéma il y a beaucoup d'émotions extérieures.

K.D : C'est une musique romanesque, d'aventure, mais c'est aussi une musique qui peut se suffire à elle-même, car sinon c'est une béquille. Je n'aime pas quand la musique de film n'est que du ketchup dans un hamburger. Là, elle est le fromage, la viande, elle est un élément consistant du plat, au même titre que l'acteur, le décor... ce film sans la musique des Joubran, il lui manquerait quelque chose, même si les sons et les voix font aussi partis de la bande son et ont la même importance, mais parfois la musique est plus forte pour apporter un certain dynamisme.

Interview réalisée le 22 octobre 2009 à Paris par Benoit Basirico

 

© Photo en médaillon : Cinezik, Benoit Basirico

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