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Mikhaël Hers  

Mikhaël Hers

Après des études de sciences économiques et de socio-anthropologie, Mikhaël Hers intègre la Fémis à Paris jusqu'en 2004. Après trois moyen-métrages remarqués à Cannes (CHARELL, PRIMROSE HILL et MONTPARNASSE), il passe au long-métrage avec MEMORY LANE, gardant intact son univers désabusé, telle une longue marche mélancolique d'un groupe de jeunes adultes. Le réalisateur est influencé par la musique, comme ce rythme indolent qui est celui de son récit.

Filmo

Liste non exhaustive, apparaissent les films présents dans notre base :

 Les Passagers de la nuit (2022)
- Film - BO : Anton Sanko


 Amanda (2018)
- - BO : Anton Sanko


 Ce Sentiment de l'été (2016)
- - BO : David Sztanke / Tahiti Boy


 Memory Lane (2010)
- - BO : David Sztanke (Tahiti Boy)


Incontournables du réalisateur

Interview de Mikhaël Hers et David Sztanke
A propos du film MEMORY LANE

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David Sztanke, chanteur/organiste/pianiste du groupe "Tahiti Boy and the Palmtree famille" écrit sa première musique de cinéma pour le premier long de Mikhaël Hers, une musique d'ambiance au piano, et la musique du groupe à l'écran, dont il incarne un des membres.

Cinezik : L'influence musicale du film est évidente, liée à cette indolence, ce rythme mélancolique... comment s'opère t-elle ?

Mikhaël Hers : J'écoutais des musiques de David pendant l'écriture du scénario, mais je ne sais pas à quel point cela influence le film. J'écoute en effet beaucoup de musiques mélancoliques. Au scénario, il s'agit plutôt d'une musicalité littéraire, en essayant de retranscrire l'atmosphère du film. La musique en elle-même s'intègre au moment du montage.

Comment avez-vous donc choisi, au montage, les moments où la musique intervient ?

M.H : Je ne place jamais la musique à des moments forts, dramatiques, mais elle vient ponctuer le film dans les interstices, des moments de déplacement, de paysages. Elle définit une musicalité de l'ensemble. C'est pour cela qu'il est difficile de l'anticiper au scénario. On découvre le rythme du film au montage.

Comment s'est faite la rencontre avec David Sztanke qui compose la musique originale du film ?

M.H : Comme je le disais, j'écoutais un morceau de David en travaillant sur le film, et la directrice de casting le connaissait, d'autant que je cherchais aussi des musiciens qui puissent jouer dans le groupe que l'on voit...

En effet, un groupe de musique joue dans le film, avec les comédiens du film, dont David. En était-il question dés le scénario ?

M.H : Oui, mais le groupe était imaginaire, l'idée de le faire jouer par David et les comédiens est venue au moment du casting...

David Sztanke : J'étais la caution musicale du groupe, et sur les scènes où on allait jouer la musique IN, on cherchait quels allaient être les instruments. En fonction de la musique que je voulais écrire, on avait parlé d'un bassiste, d'une guitare... Puis il y a une fragilité dans le son car les comédiens ne savent pas jouer de leur instrument. C'est comme une répétition filmée.

Les comédiens ont-ils participé à l'élaboration de la musique du groupe ?

D.S : Non, j'ai écrit seul en amont, paroles et musiques, puis j'envoyais des maquettes à Mikhaël. J'ai écrit ainsi une poignée de morceaux avant le tournage, ceux destinés à être joués par le groupe, comme le morceau "Under the star" présent dés la première scène du film. Puis les comédiens les ont répétés à partir des demo validées par Mikhael. Thibaut Vinçon a pris des cours de guitare. Le lieu où l'on joue "Under the star" dans le film, cette cour d'école, a été le véritable lieu des répétitions. Et les comédiens jouent la musique à l'image au même moment où ils en étaient dans leurs répétitions.

Vous composez aussi la musique dramatique du film...

D.S : J'ai eu deux boulots sur le film (sans parler de mon rôle de comédien), celui d'intégrer des musiques "Live", et celui d'illustrer certains passages, au piano solo (plus tard, en fin de tournage, début de montage).

Etait-il évident que ce soit la même personne qui fasse la musique du groupe et celle du film ?

M.H : C'est vrai que les musiques du groupe et celles au piano sont de nature très différentes, c'est un hasard que ce soit David qui les fassent toutes.

La musique unifie les personnages, éclatés dans leurs histoires personnelles mais qui se retrouvent le temps du film. Le groupe musical est lié au groupe d'amis...

M.H : Le film est une mosaïque, il y a plusieurs sous-intrigues, et l'une d'entre elle, c'est qu'il y a quatre amis d'adolescence qui nourrissent encore le rêve de fonder un groupe de musique, mais cela reste à l'état de fantasme. C'est un élément de l'ensemble qui creuse la thématique du film, le passage d'un âge à un autre, d'assouvir des désirs d'adolescence. Chacun est parti dans des directions différentes, et la musique cimente ce groupe, au delà même du groupe de musique.

La musique ne vous fait-elle pas parfois peur, dans le risque d'en faire trop dans l'émotion ?

M.H : Je n'ai pas de principes sur l'utilisation de la musique, elle appartient à mes films, je ne les conçois pas sans elle, mais je ne sais pas au départ quand il y en aura, mais je sais qu'elle aura une place importante, surtout dans les moments de creux. Elle apporte un élément en plus, sans souligner une émotion déjà existante. Elle contribue à la musicalité du film dans son ensemble.

David, venant du jazz, y a-t-il eu une part d'improvisation dans l'écriture musicale ?

D.S : J'ai fait un session où je jouais à l'écran, mais une fois que Mikhaël a fait ses choix de thèmes, j'ai retravaillé à partir des morceaux déjà écrits, donc plus d'impro. Mais il y a toujours le fantasme d'"Ascenseur pour l'échafaud" de Miles Davis.

Habitué de la scène avec votre groupe Tahiti Boy, qu'est ce qui vous a plu dans ce travail pour le cinéma ?

D.S : Ce qui est bien avec la musique de film, c'est de mettre notre musique sur ce qui ne nous appartient pas. Les thèmes au piano du film sont écrits pour des images, j'aime le fait d'être orienté. Le problème avec mes albums, c'est d'avoir toute la liberté du monde. Et ce qui est intéressant dans la musique de film, c'est cette capacité d'influencer l'image, de créer des associations inattendues.

Quelle musique de film aimez-vous ?

D.S : J'aime François de Roubaix et "L'Homme orchestre", les Hitchcock, ce n'est pas original, mais j'aime ça.

D'où vous est venu ce désir de musique ?

D.S : Je jouais beaucoup de piano, puis je suis parti aux Etats-unis pour une maitrise de sociologie, mais j'ai abandonné pour aller dans une école de musique avec à la clef un brevet de saxophone. Je payais mon loyer avec des concerts dans des bars. Et cela s'est imposé à moi. Puis je me suis mis à chanter avec mon piano.

Et Mikhaël, d'où vous est venu votre désir de cinéma ?

M.H : Je l'ai toujours eu en moi, depuis l'enfance, avec un père cinéphile, mais j'ai mis du temps à me l'autoriser. Et il y a eu beaucoup de détours pour y parvenir. Je suis passé par la FEMIS en production, même si ce n'est pas quelque chose qui s'apprend. Je porte en moi le cinéma, mais je ne suis pas cinéphile, j'ai plus de goûts dans la musique, écouter celle des autres, alors que pour le cinéma, mon désir est d'en faire. Je n'ai pas de fantasme de cinéma, je ne rêve pas d'un type de film particulier, je ne peux faire que mes films.

Quels sont vos goûts en musique de film ?

M.H : J'aime Bernard Herrmann, Elmer Bernstein, Jerry Goldsmith, Howard Shore...

Interview réalisée le 2 novembre 2010 à Paris par Benoit Basirico

 

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