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Katell Quillevéré  
née le 30 janvier 1980

Katell Quillevéré

Réalisatrice, scénariste et chef costumière française qui signe en 2010 avec UN POISON VIOLENT son premier long métrage qui a reçu le Prix Jean Vigo.

Filmo

Liste non exhaustive, apparaissent les films présents dans notre base :

 Le Temps d'aimer (2023)
- Film - BO : Amine Bouhafa


 Le Monde de demain (2022)
- Série - BO : Amine Bouhafa


 Réparer les vivants (2016)
- - BO : Alexandre Desplat


 Suzanne (2013)
- - BO : Verity Susman


 Un Poison violent (2010)
- - BO : Olivier Mellano


Incontournables du réalisateur

Interview
A propos du film UN POISON VIOLENT 
 

 Voir la Vidéo de l'Interview en bas de page

 

Cinezik : Pourquoi le choix de ce titre évoquant une chanson de Gainsbourg ?

Katell Quillevéré : Le titre m'attirait sans que je sache pourquoi, je le trouvais beau, il résonnait avec la thématique du film. Dans la chanson de Gainsbourg, il désigne le sentiment amoureux, et le film est l'histoire d'une jeune fille qui s'ouvre à son sentiment, à ses désirs… il y a une correspondance. Mais la chanson a par ailleurs un discours sur l'amour qui est différent de celui du film. 

Le choix de Lio pour jouer la mère vient-il du fait qu'elle soit chanteuse ? 

K.Q : Non, j'ai été la chercher car elle était aussi actrice, et j'ai été attirée avant tout par son physique de manière instinctive, je trouvais qu'elle avait quelque chose dans le visage d'un peu religieux, et dans le corps de plutôt païen, et je trouvais cette contradiction intéressante pour un personnage comme Jeanne qui va se réfugier dans la religion parce qu'elle est malheureuse, dans un moment de souffrance, avec ce corps sensuel. Ce fut une vraie rencontre, elle a tout de suite accroché sur le scénario, j'ai senti que j'allais avoir un dialogue assez riche avec elle, donc on est parti comme ça ensemble. 

Dans le casting, il y a aussi Michel Galabru, qui se réfugie dans ses disques...

K.Q : Les chansons qu'écoute le personnage de Jean, le grand père d'Anna, sont importantes. On voulait que ce soit un personnage enfermé dans sa chambre, qui ne veut plus sortir, car il est physiquement amoindri, il a renoncé, et il s'évade par la musique, il a un grammophone où il écoute des vinyles. On a choisi des chansons qu'aurait pu écouter Michel Galabru quand il avait 20 ans, on a fait une sélection par rapport à lui, son âge, ses goûts… et on voulait que ce soit des chansons qui chantent l'amour, le désir d'être en vie, ce qui contraste avec les chants religieux.

Les musiques préexistantes ont été déterminées avec Frank Beauvais, consultant musical (en 2009 sur "Au Voleur")… Quel a été le dialogue avec lui ? 

K.Q : Il fait de la recherche musicale. Dés la lecture du scénario, il me guidait dans les choix musicaux en m'envoyant des compils régulièrement que j'écoutais, on discutait… et il m'a fait découvrir la folk américaine religieuse (Barbara Dane) que j'ai tout de suite adoré, elle a une mélancolie et aussi une lumière, ce qui correspond à la tonalité du film, on sent la résonance mystique dans ces chansons qui apporte un souffle au film. 

Plus globalement, qu'apporte pour vous la musique dans votre film ?

K.Q : Je pense que le film devait être d'une manière générale dans une retenue, travaillant le non-signifiant dans la forme, mais que par moment il y ait des envolées lyriques, que la narration s'arrête pour installer quelque chose de plus sensorielle dans le rapport aux personnages, aux espaces. C'est pour cela que le film devient musical.   

Pourquoi le choix de cette reprise de Radiohead par Scala ?

K.Q : La chanson de générique est "Creep" de Radiohead, une musique en lien avec l'adolescence, je l'ai découverte j'avais 16 ans, elle incarne pour moi les amours adolescents, des amours éphémères, fragiles, douloureux… Et quand Frank m'a fait découvrir la version de Scala, cette chorale de jeunes filles, elle est céleste, une dimension sacrée qui venait s'ajouter à la dimension adolescente, et cela devenait le chant du film.

La comédienne Clara Augarde qui campe magnifiquement Anna, récite le texte d'une chanson, "Ouvre", de Susy Solidor… Qu'est cela signifie pour vous ?

K.Q : C'est une chanson des années 20 que m'a fait découvrir Frank, qui a fait scandale à l'époque, car le texte est cru, qui travaille la métaphore en parlant d'amour et de sexe, avec une chanteuse de l'époque qui roule les R… Il fallait que Clara se réapproprie cette chanson, et j'avais en tête Charlotte Gainsbourg quand elle était toute jeune et qu'elle avait chanté avec sin père, Clara avait cette voix fragile, entre le parlé et le chanté.

Pour la musique originale, vous avez appelé Olivier Mélano…

K.Q : J'ai rencontré Olivier Mélano quand je m'occupais du festival de Brive, il était venu faire un ciné-concert sur "Duel" de Spielberg. C'est un musicien éclectique, qui a travaillé avec des rappeurs, avec Miossec, et compose pour de l'orgue, de la musique baroque, et j'ai pensé à lui pour les musiques d'église. 

Il est fan comme moi de Dario Argento, on avait envie de donner à ces scènes une dimension gothique. 

Il fallait être dans la sobriété, car le film travaille le non-dit, et une violence sourde et diffuse. C'est un film très musical, et en même temps dans une certaine inspiration de Pialat où la musique vient quand elle est absolument nécessaire, il y a un rapport de sobriété dans la bande son. Mais il y a aussi un lyrisme qui s'écarte de Pialat. On essaie toujours une scène sans musique pour voir si elle ne peut pas fonctionner sans, dans la logique de la nécessité, et quand on sent qu'il en fallait, le montage peut s'adapter à la trame musicale, mais ce n'est pas un travail de clip, plutôt un travail dialectique. 

Enfin, le chef opérateur du film, Tom Harari, contribue lui aussi à la BO en écrivant une chanson…

K.Q : Il est aussi musicien et il avait sa guitare sur le tournage. Il y avait cette scène de chant lorsque le garçon déclare sa flamme à la jeune fille, il fallait que ce soit sincère et romantique pour que tout d'un coup le côté léger et drôle de la situation devienne solennel, pour que cela bascule, que leur histoire commence. 

Interview réalisée à Paris le 3 août 2010 par Benoit Basirico

 

 

© Photo en médaillon : Cinezik, Benoit Basirico

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