Eric Neveux travaille pour la première fois pour une comédie du tandem Nicolas & Bruno qui avait auparavant fait appel à Nicolas Errera, à la télévision ("Le Bureau") ou sur leur premier long-métrage "La personne aux deux personnes" (2008).
Eric Neveux s'est amusé sur LE GRAND MECHANT LOUP
[© Texte : Cinezik] •
Nous entretenons un rapport assez particulier avec la musique, un rapport intime, un rapport... sensuel ! Pour tout vous dire, la rencontre avec Éric Neveux est une sorte de bénédiction ! Nous aimions beaucoup son travail avec Chéreau et son approche de la comédie dans des films plus rigolos. Pour notre film nous avions une forte envie d'une musique à la fois très premier degré, sur l'émotion, sur les corps, les sentiments, la sensualité, et en même temps une musique de comédie, de joie, d'aventure jubilatoire... Une musique « sur le fil » tout comme notre film qui se promène entre remise en question profonde et sincère, et comédie de plaisirs et de rires. Une très belle collaboration, enrichissante, passionnante, enivrante pour un score magnifique totalement en dehors des sentiers battus et des codes du moment. Une sorte d'Ovni musical !
Connaissant la passion de Nicolas et Bruno pour la musique de film en général et pour celle des comédies françaises des années 70 en particulier, nous avions envie que la musique originale du Grand Méchant Loup tisse un lien subtil avec cette époque là et avec ces films là. Une époque où l'on avait sans aucun doute un tout petit peu moins peur de la mélodie, de l'émotion qu'elle provoque. Une époque où Francis Lai, Georges Delerue ou François de Roubaix faisaient aussi des comédies. Restait à trouver le compositeur capable de traduire cette ambition tout en restant résolument contemporain, en évitant le piège de l'hommage trop appuyé, pesant. J'ai pensé qu'Éric Neveux était l'homme de la situation et il le fut bien au delà de tout ce qu'on pouvait espérer. Je me souviendrai longtemps du matin où j'ai découvert le morceau aujourd'hui intitulé «La morale de l'histoire», en écoutant le bonus dialogué vous vous rendrez compte à quel point la tâche était difficile. Éric a dû composer avec la voix-off de ce long plan-séquence tout en préparant l'envolée du générique de fin. L'enregistrement de ce titre avec l'orchestre et la chorale fut d'ailleurs un moment particulièrement fort. Un petit bonheur.
Pour nous-autres compositeurs de musique pour le cinéma, la comédie est un exercice périlleux. La réussite d'un score de comédie est le résultat d'une alchimie complexe, personnellement je l'aborde souvent en tremblant.
Lorsque Nicolas et Bruno sont venus me voir à mon studio, j'ai tout de suite senti que cela serait particulier. Ils aiment profondément la musique de film (ils en connaissent bien plus que moi sur le sujet d'ailleurs) et ils ont une qualité rare: ils font confiance à ce que le score va apporter à leur film, ils ont envie que la musique y ait une place de choix pour apporter la touche finale aux séquences qu'ils ont tournées.
Ils avaient annoncé la couleur dans les 10 premières minutes de notre rencontre, arborant un sourire gourmand: «Il faut que tu saches, on aime bien les thèmes sifflés»! Il n'en fallait pas plus pour que je me lance dans l'écriture des scènes de présentation des 3 frères, ensuite tout s'est enchaîné très vite.
Cette idée de rendre une forme d'hommage aux musiques des comédies des années 70 était très inspirante pour moi, mais pas tant pour la couleur instrumentale et les arrangements (nous ne voulions pas faire un score trop référentiel) que pour cette envie de se donner une liberté musicale totale. Jouer avec les codes pour mieux s'en éloigner: convoquer un grand orchestre et mettre aux musiciens la basse-batterie à fond dans le casque pour leur insuffler le groove du morceau, faire chanter à un choeur de jeunes filles de 15 ans des pam-pada-padam jusqu'à plus soif, enregistrer des morceaux à tiroirs, faire un medley pour le générique de fin (!), sortir les vieilles machines, les vieux synthés, travailler avec beaucoup de vrais musiciens et beaucoup moins de faux sons, bref un grand bonheur.
"Sexy and i Know it" - LMFAO
(Benoit Poelvoorde et Charlotte Le Bon dansent dessus en discothèque)
« THE WORLD (INTERLUDE) » - Danger Mouse & Daniele Luppi
« ANTE UP (Robbin Hoodz Theory ) » - M.O.P.
« TRENTE MILLIONS D’AMIS (Live KCRW 98) » - Jack Arel / Interprété par Air
« C’EST BON » - The Supermen Lovers feat. Herr Styler & Cristine
Il était une fois trois frères qui vivaient heureux. Du moins le pensaient-ils. Un jour leur maman eut un accident. Alors Henri, Philippe et Louis se mirent à se questionner sur le sens de leur vie. Une grande vague de doutes pour ces quarantenaires versaillais sans histoires, qui suffit à leur faire entrouvrir la porte à l\'inédit, à l\'interdit, à l\'aventure... au Grand Méchant Loup! De maison de paille en maison de bois, le loup aussi sexy soit-il délogera-t-il nos trois frères ? Et l\'hôtel particulier en pierre de taille de l\'aîné, est-il vraiment si solide ? Et si au bout du compte la vie d\'adulte n\'était pas complètement un conte pour enfant ?
Avec Benoît Poelvoorde, Kad Merad, Fred Testot
2011 1h 47min
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