John Cale retrouve une troisième fois Patricia Mazuy après "Saint-Cyr" (2000) et "Sport de filles" (2011) avec une partition singulière de flûte et percussions qui évoque le western.
[© Texte : Cinezik] •
J'ai fait la connaissance de John Cale au moment de « Saint Cyr », il m'a ensuite dépannée sur « Sport de filles ». John ne parle pas un mot de français et nous n'avions aucune traduction anglaise du scénario. Mais il est intelligent, et s'il se fiche du cinéma - ce qui m'éclate chez lui -, il adore la musique et le travail de la musique. Nous devions refaire confiance aux mélodies tout en restant dans un son moderne.
Dès le départ, je pensais à Ennio Morricone et à Sergio Leone. Je lui ai donc fait écouter du Ennio Morricone et du Nino Rota, pour qu'il comprenne qu'il y avait une nécessité de trouver une ligne mélodique simple. Au début, la musique est discrète, puis disparaît. Quand elle revient, elle épouse la folie grandissante de Sanchez, et de Marion. La musique m'importe énormément. « Entendre » le film permet de sentir son rythme que j'espère à la fois vissé et extrêmement libre.
Pendant le tournage, je lui avais demandé de réfléchir à des thèmes pour les deux personnages principaux, et pour la gendarmerie et le rocher. Avec Mathilde Muyard la monteuse, nous nous sommes servies des maquettes de John au montage pour tracer les lignes du récit, coller au mental des personnages. Je lui avais envoyé une anthologie de musiques provençales, et réclamé de la trompette. Altiste de formation, John peut avoir recours à des cordes qui, dans un son post velvet underground romantique, n'allaient pas avec le film. Nous lui avons aussi envoyé des tambours de gardes suisses, dont le son nous plaisait, qui l'éloignaient des percussions rock'n'roll. L'équation - trompette = gendarmette sexy - me paraissait une évidence. Au final, pourtant la trompette accompagne Sanchez. Les tambours et la flûte plus fragile, Marion.
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