Retour sur les concerts des World Soundtrack Awards de Gand

Samedi 17 Octobre

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- Publié le 26-10-2009




L'événement de clôture du festival de Gand était la cérémonie de remise des World Soundtrack Awards. Plus qu'une simple remise des prix, la soirée est dominée par des interventions musicales de l'Orchestre Philarmonique de Bruxelles dont le chef Dirk Brossé assure la majorité de la direction, ainsi que l'intervention d'Alexandre Desplat qui a dirigé l'orchestre bruxellois pour l'interprétation de quelques un de ses thèmes.

Quelques jours plus tôt, l'orchestre et son chef avaient interprété avec talent les oeuvres les plus connues du compositeur Japonais Shingeru Umebayashi (Thème d'IN THE MOOD FOR LOVE, HOUSE OF FLYING DAGGER), ainsi qu'un concert du Traffic Quintet dont nous avions annoncé le programme très féminin.

La musique des World Soundtrack Awards

La soirée, retransmise en direct, débute par la World Soundtrack Awards Fanfare, introduction tonitruante composée par Elmer Bernstein se terminant par un crescendo massif jouissif porté par les cuivres. Les WSA sont, cette année, dédiés à Maurice Jarre qui nous a quitté cette année. Jarre était un supporter majeur de l'académie de la musique de film et souvent présent aux cérémonies. Ainsi, Brossé et ses musiciens jouent l'hommage à Jarre composé par Gabriel Yared. On reconnait immédiatement le style de Yared, en mélodies mineures portées par les cordes et se termine sur le thème de LAURENCE D'ARABIE, sans nul doute l'un des plus grands scores de Jarre.

Le début de cette soirée des WSA débute donc sous le signe de l'émotion. Le premier prix de la soirée est décerné à un jeune compositeur. Deux impératifs sont donnés aux candidats: avoir moins de 36 ans et composer la musique du court métrage FOOD (2004) de Maya Gouby. Le gagnant de la soirée est le compositeur anglais Christopher Slaski. Le compositeur a l'immense privilège de voir sa musique jouée par le Philarmonique de Bruxelles en synchronisation parfaite avec les images retransmises sur un écran situé au dessus des musiciens.

Après la remise des prix du public (Carter Burwell-Twilight) et découverte de l'année (Nico Mulhy-the Reader) - voir le Palmarès complet sur Cinezik, c'est au tour de Marc Streitenfeld et ses hommes de rentrer en scène pour interpréter les thèmes majeurs (et proches dans leur composition et mélodie) de AMERICAN GANGSTER et BODY OF LIES. En sus de l'orchestre, on retrouve Avishai Cohen à la trompette ainsi que Goh Nakamura, Jo Mahieu et Streitenfeld lui-même aux guitares. Jo Pusateri officie aux percussions. Parfois, il n'est pas forcément très bon d'enchaîner les thèmes d'un même compositeur. Même si l'on apprécie les jeux de cordes glissendo chromatiques de Streitenfeld, son travail similaire sur les deux films de Ridley Scott est des plus visibles. Ainsi, AMERICAN GANGSTER apparaît comme un brouillon de l'aboutissement BODY OF LIES.

Un cafouillage sonore empêche le fonctionnement du micro de Cohen. Il est évident que le festival de Gand veuille devenir un événement de plus en plus incontournable de la scène festivalière internationale, mais il reste encore beaucoup de chemin à faire pour gommer les petites imperfections qui jalonneront cette soirée. Rien de rhédibitoire non plus cela-dit.

S'enchaînent ensuite les prix de meilleure chanson composée pour un film(Slumdog Millionaire) et les deux prix décernés à un Desplat qui ne repart pas les mains vides tout comme en 2007.

Marvin Hamlisch (sur la photo en tête d'article) reçoit un prix pour sa carrière exceptionnelle, qu'il dédie à Dirk Brossé. Brossé et ses compagnons bruxellois enchaînent ensuite les thèmes majeurs de quelques oeuvres d'un Hamlisch au piano (Le choix de Sophie, The Way we were). Après les musiques plutôt calmes de Yared ou Streitenfeld, le génie éclatant d'Hamlish remplissent la salle d'un rugissement joyeux. Hamlisch est un des symboles d'une époque où la musique de film (ou Music Hall) était certes stéréotypée, mais également une musique pleine, qui utilise tous les instruments d'une formation musicale, une musique aux thèmes évocateurs, qui reste en tête sans voler la vedette aux images... Le dernier thème de A Chorus Line, la comédie musicale de Broadway crée par Michael Benett dans les années 70, est dirigée par Hamlisch lui-même. Exercice difficile s'il en est, mais le compositeur américain s'en sort assez bien malgré un final visiblement laborieux.

Après une pause de 15 minutes, c'est au tour du lauréat Alexandre Desplat (sur la photo ci-contre) de diriger l'orchestre bruxellois pour l'interprétation de quelques un de ses thèmes.

S'enchaînent donc LA JEUNE FILLE A LA PERLE, THE PAINTED VEIL, BIRTH, LUST CAUTION, THE GOLDEN COMPASS, CHERI, UN HEROS TRES DISCRET, BENJAMIN BUTTON (lauréat de la soirée) pour terminer avec COCO AVANT CHANEL. Desplat est un compositeur majeur dont on peut se rappeler du choc NID DE GUÊPE en 2002. Desplat a travaillé sur quatre films de SIRI et nul doute que son travail sur HOSTAGE a compté autant que le score de LA JEUNE FILLE A LA PERLE pour son succès Hollywoodien, bien qu'il n'y soit jamais fait mention. Desplat aime le piano et les cordes et son travail sur les films intimistes est facilement reconnaissable. Bien qu'il aime à saupoudrer ses scores d'instruments exotiques, il reste assez classique pour les compositions américaines. De fait, le morceau le plus intéressant et excitant de la soirée est le délire rythmique et mélodique qui couvre le film d'Audiard UN HEROS TRES DISCRET. Les deux hommes ont débuté ensemble le long métrage et chacune de leur collaboration est réjouissante.

Après presque deux heures de musique, la cérémonie des World Sountrack Awards 2009 se termine donc sur des accords français pour la plus grande joie d'un public acquis d'avance.

Rendez-vous est pris l'année prochaine pour écouter en live la musique des lauréats de cette année.

Armand Lehess
Photo de Alexandre Desplat : Aurélien van Welden

 


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