Bilan 2010 des films

 - Bilan 2010 des films

- Publié le 29-12-2010




Cinezik dresse son bilan de l'année écoulée avec le TOP des deux rédacteurs réguliers du site. Côté films, les grands gagnants sont BAD LIEUTENANT : ESCALE A LA NOUVELLE-ORLEANS de Werner Herzog, INCEPTION de Christopher Nolan, THE GHOST-WRITER de Roman Polanski et THE SOCIAL NETWORK de David Fincher.

puce Voir aussi notre Bilan des Musiques de films de 2010

TOP 15 des films - Benoit Basirico

 

  1. BAD LIEUTENANT : ESCALE A LA NOUVELLE-ORLEANS de Werner Herzog 
  2. THE GHOST WRITER de Roman Polanski
  3. THE SOCIAL NETWORK de David Fincher 
  4. ONCLE BOONMEE CELUI QUI SE SOUVIENT DE SES VIES ANTERIEURES de Apichatpong Weerasethakul
  5. TOY STORY 3 de Lee Unkrich
  6. LOLA de Brillante Mendoza 
  7. LA PIVELLINA de Tizza Covi
  8. SHUTTER ISLAND de Martin Scorsese
  9. DES HOMMES ET DES DIEUX de Xavier Beauvois
  10. MYSTERES DE LISBONNE de Raoul Ruiz
  11. VENUS NOIRE de Abdellatif Kechiche
  12. LIBERTE de Tony Gatlif
  13. MY JOY de Serguei Loznitsa
  14. OUTRAGE de Takeshi Kitano
  15. BELLE EPINE de Rebecca Zlotowski

 

Mentions Hors Classement :
Documentaires ayant eu une sortie salle : WHEN YOU'RE STRANGE de Tom Dicillo / LE PRESIDENT de Yves Jeuland / NE CHANGE RIEN de Pedro Costa
Court-Métrages ayant eu une sortie salle : TRANSPORTS EN COMMUN de Diana Gaye
Reprises, Inédits en salle : ELECTRA GLIDE IN BLUE de James William Guercio / LE MONDE SUR LE FIL de R.W Fassbinder / THE SWIMMER de Frank Perry / ABATTOIR 5 de George Roy Hill / EN PRESENCE D'UN CLOWN de Ingmar Bergman

Commentaires :
2010 a vu la présence de grands maîtres du cinéma mondial confirmer leur talent sur des films majeurs (Werner Herzog, Roman Polanski, David Fincher, Martin Scorsese, Apichatpong Weerasethakul, Takeshi Kitano, mais aussi Woody Allen avec VOUS ALLEZ RENCONTRER UN BEL ET SOMBRE INCONNU).

2010 a aussi vu certains cinéastes inégaux livrer leur meilleur film, leur chef d'oeuvre pourrait-on dire au regard d'une filmographie avec des hauts et des bas (Tony Gatlif et Raoul Ruiz à leur meilleur niveau).

2010 a aussi vu des révélations françaises, des premiers films marquants, de belles promesses, avec BELLE EPINE de la jeune Rebecca Zlotowski, mais aussi UN POISON VIOLENT de Katel Quillévéré. Il y a aussi des révélations, espagnoles (BURIED de Rodrigo Cortes), américaines (MONSTERS de Gareth Edwards) et chinoises (UNE CHINOISE de Xiaolu Guo) qui peuvent présager d'une prochaine relève dans les TOP annuels dès leur film suivant.

2010 a aussi vu dans l'animation la confirmation du savoir-faire de deux studios, l'un américain, Pixar, avec TOY STORY 3, et l'autre français, Folimage, avec UNE VIE DE CHAT.
A propos de Studios, mentionnons le meilleur Blockbuster de l'année : WOLFMAN de Joe Johnston.

Alors que 2010 est l'année de la 3D (post-AVATAR, confirmé par TOY STORY, bien que seul film en relief du TOP), c'est un retour au réel qui s'affirme, avec des documentaires évènements (sur le rock ou la politique, voir les mentions hors-classement), mais aussi par des documentaristes passant le cap du long métrage de cinéma : en Italie avec LA PIVELLINA de Tizza Covi, et en Russie avec MY JOY de Serguei Loznitsa.
Plan-séquences, travail sur la durée des plans, sujet véridique, ce sont aussi les particularités de VENUS NOIRE et DES HOMMES ET DES DIEUX qui ont su rendre poignant un fait réel.
Brillante Mendoza (LOLA) est aussi un spécialiste de ce degré de réel insufflé à la violence de sa fiction.

Le réel n'est pas antagoniste d'une invitation à la réverie, comme le prouvent Raoul Ruiz avec son romanesque MYSTERES DE LISBONNE et Weerasethakul avec son contemplatif et méditatif ONCLE BOONMEE, qui questionnent le réel et notre perception (comme d'ailleurs INCEPTION, en plus didactique).

D'ailleurs, si l'ont doit retenir une thématique 2010, c'est bien la question du rapport au réel et notre liberté à le saisir. L'année regorge de questionnements existentiels sur l'identité, la folie (GHOST WRITER, SHUTTER ISLAND), l'adrénaline et la soif de pouvoir (BAD LIEUTENANT, SOCIAL NETWORK), et la question du totalitarisme, le fait d'imposer sa loi (LIBERTE, TOY STORY 3, DES HOMMES ET DES DIEUX, VENUS NOIRE, OUTRAGE).
ONCLE BOONMEE offre une belle alternative apaisée, où le fantasme et la réalité ne font plus qu'un.

BB

TOP 15 des films - Sylvain Rivaud

1. INCEPTION de Christopher Nolan
2. THE GHOST-WRITER de Roman Polanski
3. THE SOCIAL NETWORK de David Fincher
4. WOLFMAN de Joe Johnston
5. A SERIOUS MAN de Joel Coen, Ethan Coen
6. LE GUERRIER SILENCIEUX, Valhalla Rising de Nicolas Winding Refn
7. VOUS ALLEZ RENCONTRER UN BEL ET SOMBRE INCONNU de Woody Allen
8. AGORA de Alejandro Amenábar
9. LE NOM DES GENS de Michel Leclerc
10. ONCLE BOONMEE CELUI QUI SE SOUVIENT DE SES VIES ANTERIEURES de Apichatpong Weerasethakul
11. TOY STORY 3 de Lee Unkrich
12. KABOOM de Gregg Araki
13. FANTASTIC MR. FOX de Wes Anderson
14. SUMMER WARS de Mamoru Hosoda
15. PIRANHA 3D de Alexandre Aja

Mentions hors-classement : BAD LIEUTENANT : ESCALE A LA NOUVELLE-ORLEANS de Werner Herzog, BRIGHT STAR de Jane Campion, BURIED de Rodrigo Cortes, MACHETE de Robert RODRIGUEZ, VENUS NOIRE de Abdellatif Kechiche

Solitude et incompréhension seraient en quelques sorte les mots clés de cette année de cinéma. Un film ne figurant pas dans ce top 15 en est bien représentatif, il s'agit de l'excellent BURIED qui, sous couvert de film-concept (un huis clos de 90 minutes dans un cercueil) parle de manière cinglante et terrible de la dégradation des rapports humains, de l'individualisme à son plus haut niveau. Comme dans THE GHOST-WRITER de Roman Polanski, l'une des claques de l'année, une vie humaine a peu de valeur s'il s'agit de protéger les intérêts des grands de ce monde. Un mélange de complot et de folie qui traverse aussi SHUTTER ISLAND de Martin Scorsese, très maîtrisé mais un peu vain dans son propos. On retrouve cette exacerbation du capitalisme et de l'individualisme dans THE SOCIAL NETWORK de David Fincher, fulgurante fresque sur le génie, mais aussi passionnant film politique qui utilise une success-story technologique pour raconter notre époque et la solitude des gens. Une solitude ressentie aussi par le personnage de A SERIOUS MAN des frères Coen, qui signent en 2010 un film singulier et important, encore plus radical dans le non-sens que leurs oeuvres précédentes. C'est aussi l'un de leurs films les plus drôles comme celui de Woody Allen, VOUS ALLEZ RENCONTRER UN BEL ET SOMBRE INCONNU, à la fois dérisoire et d'une lucidité terrifiante. Sombre est aussi le destin de Hypatie d'Alexandrie, raconté par l'espagnol Alejandro Amenabar dans AGORA, film mal-aimé pour son premier degré mais qui éblouit par son regard lucide sur toutes les formes d'obscurantismes.

Comme d'habitude au cinéma, le fantastique et le rêve peuvent être un échappatoire de ce quotidien angoissant, comme dans INCEPTION de Christopher Nolan qui après LE PRESTIGE (2006) réitère ses mises en abîmes cinématographique vertigineuses avec un blockbuster construit en forme de poupées russes qui n'est pas une révolution en soi mais explore de nouveaux territoires en proposant un scénario à chronologie verticale. Une poésie onirique explorée à sa manière par Mamoru Hosoda dans SUMMER WARS, étonnant mélange d'ordinaire (la préparation d'une réunion de famille) et d'extraordinaire (une guerre au sein d'un jeu vidéo en réseau qui déteint sur la réalité).

La Palme d'Or 2010 a été l'occasion pour le grand public et les cinéphiles de découvrir l'oeuvre du thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, avec le fascinant ONCLE BOONMEE, ainsi que les obsessions de l'américain Gregg Araki dans KABOOM, grand film pop et frappa dingue qui a également séduit la Croisette. On retiendra aussi les expérimentations fascinantes de Gaspar Noé dans ENTER THE VOID (qui sort un an après sa présentation à Cannes), dont la première heure est un authentique film visionnaire, mais dont l'intérêt se délie malheureusement à la longue (le film méritait bien une heure de moins sur 2h30). Autre découverte de 2010, le cinéma de Nicolas Winding Refn qui signe avec LE GUERRIER SILENCIEUX une fresque contemplative et méditative comme on n'osait plus espérer en voir.

Belle année aussi pour l'animation avec d'excellents crus Disney (l'inévitable Pixar avec TOY STORY 3 et sa poignante fin, et un très beau renouvellement avec RAIPONCE en 3D, le meilleur "Disney traditionnel" depuis 10 ou 15 ans et aussi le plus drôle). Mais la perle de l'année est FANTASTIC MR FOX de Wes Anderson, conte mi-désuet, mi-amer sur cette idée que l'herbe est toujours plus verte de l'autre côté.

Enfin, du côté des films de genre et dans un registre plus grand-guignol, citons les réjouissants PIRANHAS 3D d'Alexandre Aja et SCOTT PILGRIM d'Edgar Wright pour leur sens du divertissement et leur respect du spectateur. Un professionnalisme que l'on retrouve aussi chez Robert Rodriguez (avec son excellente farce politique MACHETE) Sylvester Stallone (avec THE EXPANDABLES, film d'action à l'ancienne qui tient toutes ses promesses) et chez Vincente Natali, qui signe avec SPLICE un authentique hommage aux films de monstres. Autant de qualités que l'on retrouve aussi finalement dans WOLFMAN de Joe Johnston, dont l'amour pour les films de genre et un certain premier degré fait plaisir à voir. Car le cynisme bat de l'aile, les cinéastes de 2010 restent lucides : notre époque n'est pas prompte à l'optimisme. Une angoisse reste prégnante partout.

SR

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