Cannes 2011 : Interview de Didier Awadi, musicien/réalisateur du docu LE POINT DE VUE DU LION

 - Cannes 2011 : Interview de Didier Awadi, musicien/réalisateur du docu LE POINT DE VUE DU LION

Awadi - Publié le 17-05-2011




Didier Awadi est sans conteste la figure la plus visible du rap africain francophone. Lauréat du prix RFI Musiques du Monde en 2003, il a derrière lui un parcours sans fautes : il devient DJ et rappeur vers le milieu des années 80, forme ensuite avec Doug E. Tee le Positive Black Soul qui imprime le rap en tournant à travers l'Afrique et le monde. Sa musique aborde une multitude de thèmes cruciaux comme la dette, le patrimoine dilapidé, ou les tensions politiques qui sont aussi les thèmes principaux de son premier film, LE POINT DE VUE DU LION.

Interview du réalisateur/compositeur Didier Awadi :

Cinezik : Pourquoi être passé à la réalisation ?

Didier Awadi : Je pense que c'est un processus normal. Avec ma boîte de com, on fait des clips, des publicités, des documentaires... donc je baignais un peu dans cet univers. Mais j'avais envie cette fois-ci d'aller plus loin dans le propos et donner des preuves de ce que l'on avance. Le son, la musique, c'est bien. Mais le son et l'image, cela donne une preuve plus concrète, plus forte. J'ai eu la chance d'interviewer des gens très sincères qui ont dit ce qu'ils avaient sur le cœur par rapport à la question de l'immigration. C'était un processus normal de continuer le combat avec cet outil de communication puissant qu'est l'image.

Avez-vous des films modèles qui vous ont inspiré, tant au niveau de l'image qu'au niveau du son pour la conception du POINT DE VUE DU LION ?

D.A : Non, sur ce film-là il n'y a pas eu de modèles précis. Quand j'ai commencé à tourner, je n'avais pas le titre, je ne savais pas ce que je faisais concrètement. Simplement je savais que j'allais interviewer des gens par rapport à la question de l'immigration. Mais je n‘avais pas prévu de faire un film, cela s'est imposé par la suite. Etre à Cannes pour moi aujourd'hui, c'est une belle surprise.

Le documentaire est un genre cinématographique à part. Quel a été le travail de composition ? Y'a t-il des différences, des difficultés par rapport à votre travail de composition habituel ?

Didier Awadi : Oui, parce qu'il faut épurer. Quand on fait une musique pour un film, surtout dans le documentaire, on ne peut pas mettre de rythmiques, de musique partout. Pour moi, c'est le propos qui compte le plus. Au début il n'y avait même pas de musique parce que pour moi ce n'est pas un film musical. Et d'ailleurs beaucoup de gens sont surpris par la discrétion de la musique. Elle est juste un support sonore, je ne l'ai pas imaginée comme étant une œuvre musicale. La démarche est différente.

Oui, cette interrogation est légitime puisque l'on vous connaît en tant qu'artiste musical...

D.A : Beaucoup de gens m'ont dit qu'il n'y avait pas assez de ma musique, mais le propos n'est pas musical. Au cinéma je n'ai pas la casquette du musicien. Ce qui m'intéresse c'est faire passer un message, des idées, faire réfléchir, et créer un électrochoc si on peut. La musique est là mais ce n'est pas le plus important dans ce film. Elle sert juste de support, pour adoucir ou bien pour égayer. Le film est une série d'interviews, ça va très vite, chaque scène a sa punch line comme on dit dans le rap - la phrase qui tue - et qui essaye de créé un fil conducteur.

La musique est donc intervenue au dernier moment.

D.A : Oui, la musique est vraiment venue à la dernière minute. Nous avons plutôt fait un habillage sonore avec des ambiances.

Propos recueillis par Floriane Jernard

 

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