Vincent Courtois, compositeur de ERNEST ET CELESTINE

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- Publié le 26-05-2012




Le film d'animation ERNEST ET CELESTINE réalisé par Stéphane Aubier, Vincent Patar et Benjamin Renner était présenté à la Quinzaine des réalisateurs lors du Festival de Cannes 2012. Le compositeur Vincent Courtois parle de l'élaboration de sa musique.

Propos choisis

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Vincent Courtois : J'ai travaillé sur L'ECLAIREUR de Djibril Glissant il y a quelques années. J'ai eu plusieurs projets, des court-métrages ainsi que le premier long-métrage de Marc Gibaja, qui est un jeune auteur qu'on a connu sur LA MINUTE BLONDE pour Canal Plus, qui a fait MA VIE N'EST PAS UNE COMEDIE ROMANTIQUE dont j'avais fait la musique également. ERNEST ET CELESTINE est le premier long-métrage d'animation sur lequel je travaille.

Je vais vers la musique de film parce que j'aime ça, je suis un grand fanatique de cinéma et d'image. Et puis, dans les formations que j'ai eues, ou dans les disques que j'ai pu faire, on m'a très souvent dit qu'on voyait des images. D'ailleurs, on a utilisé certains de mes disques pour des pièces de théâtre, des chorégraphies, des court-métrages.

Un des grands bonheurs de ERNEST ET CELESTINE était de commencer à écrire la musique très tôt. J'ai commencé à travailler sur l'animatique, avec des dessins crayonnés, des brouillons sans couleur et avec des voix témoins. On a commencé très tôt pour accompagner les personnages et trouver leur vraie identité à chacun.

Dans toutes les étapes du film, à chaque fois que de nouvelles images arrivaient et que je recevais au fur et à mesure, je modifiais ma partition pour réussir à trouver une musique qui colle complètement au film. J'ai eu la chance de travailler aussi longtemps et de ne pas être arrivé comme on le fait souvent après le montage. C'était vraiment un désir que j'avais au départ.

J'ai travaillé un an sur le projet. Mais j'ai aussi une vie de musicien, de scène, je fais beaucoup de concerts et de tournées, donc j'ai adapté mon planning, ce n'est pas un an de travail en réalité.

Quand on m'a appelé pour me dire que j'allais faire ce film, immédiatement je me suis demandé qui était Célestine. J'ai essayé de comprendre ce personnage qui est à la fois très doux et en même temps assez autoritaire, et parfois un peu dur aussi. Très rapidement je me suis mis au piano et la mélodie du thème du générique est venu à peu près dix minutes après que j'ai su que j'allais faire le film. Puis ce fut un an de travail petit à petit, avec régulièrement des allers-retours entre le studio où travaillaient les animateurs et le studio où je travaillais. Benjamin Renner venait régulièrement pour suivre l'avancée de la musique alors qu'il était face à une équipe de dix-sept animateurs. Il tenait vraiment à ce que l'on ait cette relation, qui est devenue amicale et artistique. Je pense que l'on ressent ça à la vue du film.

La première discussion que j'ai eu avec Benjamin, c'était de lui dire que je voulais qu'il y ait une couleur générale au film, avec un "instrumentarium" assez précis. Je pensais que ce serait bien qu'il y ait pour certains personnages un instrument, un thème principal, et aussi un musicien, un soliste. Ainsi, pour le personnage d'Ernest c'était le violon joué par Dominique Pifarély. Pour Célestine cela se partage un peu entre piano et clarinette, c'est surtout la combinaison des deux, avec Benjamin Mousset au piano et Louis Sclavis à la clarinette, que je tenais vraiment à avoir car ils correspondaient à ma famille de musicien avec qui je travaille beaucoup et j'avais besoin d'un son particulier. Je voulais aussi du basson pour le personnage de la Grise, qui est un peu une mère supérieure. Il y a aussi ces moments de menace, notamment de la police ou de l'autorité qui sont représentés très souvent par la clarinette basse, il y a le tube de Michel Godard, des percussions, des batteries.... Je voulais une équipe un peu resserrée mais aussi des musiciens qui ont une entité à part.

J'ai commencé à travailler sans bruitage ni sound design, ni bruits réels. Quand les bruitages ont été posés, j'avais en effet souligné quelques traits ou gags, donc il y avait là un conflit entre la musique et les bruitages. Il a fallut donc que je refasse ma partie pour que l'ensemble soit assez lisse. On ressent cela dans le film qui contient de l'aquarelle Il y a beaucoup d'eau dans le dessin, c'est très doux, et je voulais que l'on ressente ça dans la musique, même dans les moments les plus violents.

Il y a deux chansons que j'ai co-signées avec Thomas Fersen qui a fait les paroles, et c'était drôle car pendant le générique de fin où il y a la chanson que chante Thomas, j'entendais -alors que personne ne connait encore cette chanson- quelques enfants qui chantaient le thème principal du film. C'est un moment où l'on se dit qu'on a réussi quelque chose.

Dans ce film, il y avait trois scènes pour lesquelles il fallait la musique pour permettre à l'équipe de faire les dessins. C'est toujours intéressant de faire le processus inverse. C'est très agréable d'écrire quelque chose alors que je n'ai pas d'images. Mon seul repère était le réalisateur. Et on pense à des traits, des couleurs, mais aussi beaucoup à des gestes et je sais que chez les improvisateurs ou chez les musiciens comme ceux qui ont joué le film, le rapport aux gestes musicaux est très important.

Aussitôt que le thème principal et le film ont été achevés, le réalisateur m'a demandé de lui donner la partition parce qu'il voulait comprendre, et comme il ne comprenait pas il m'a demandé le numéro de téléphone d'une professeur de piano. Je crois que suite à ce film il a pris ses premiers cours de piano.

Beaucoup de musiques m'inspirent, je pense être un peu capable de faire comme-ci, ou comme-ça, je pense sentir les choses. Même si c'est inspiré de beaucoup de choses, la musique ressemble à mon histoire, à moi qui suis bercé de musique depuis toujours.

Interview réalisée en mai 2012 à Cannes par Benoit Basirico
Dans le cadre de Cannes Soundtrack (avec la SACEM et Cinéculture)  

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