Interview B.O : Philippe Rombi, JEUNE ET JOLIE de François Ozon

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INTERVIEW RÉALISÉE À CANNES LE 17 MAI 2013 PAR BENOIT BASIRICO - Publié le 18-05-2013

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Le nouveau film de François Ozon, JEUNE ET JOLIE, a fait l'ouverture de la compétition du Festival de Cannes 2013. Le compositeur Philippe Rombi retrouve le cinéaste avec lequel il collabore depuis 1999 et LES AMANTS CRIMINELS. Il indique quels ont été les choix musicaux de cette nouvelle aventure.

 

 

Cinezik : Avec JEUNE ET JOLIE, votre nouvelle collaboration avec François Ozon, quelle était l'intention musicale ?

Philippe Rombi : On a fait tellement de films ensemble que notre palette de couleurs est prête. Il suffit d'ajuster quelques nuances en plus ou en moins, mais  la plupart des couleurs principales sont là. On a fait tellement de choses très différentes avec François. RICKY, SOUS LE SABLE, POTICHE et même ANGEL sont des univers musicaux tellement différents, et en même temps il y a à chaque fois une couleur et une sensibilité que j'essaie de marier avec son univers pour qu'il y ait des dénominateurs communs à chaque film. C'est difficile à expliquer, mais quand je me mets dans un film de François, c'est comme si je rentrais dans la peau d'un personnage, comme un comédien. 

Avec François Ozon, vous aimez changer de registres. Quel a été le nouveau registre sur ce film ? 

P.R : C'est un retour à quelque chose d'assez classique de facture, parce que je voulais éviter le piège lié à un film de jeunes en mettant des guitares ou en faisant quelque chose de plus pop. Il y a déjà des chansons de Françoise Hardy, des chansons choisies par François, des chansons de variété avec des arrangements plus pop, même si ce sont des chansons de sa période "plus acoustique", au sens classique des orchestrations, avec piano/cordes. Donc je pense qu'il fallait plutôt aller vers une musique plus profonde, dans le drame intérieur d'Isabelle. Il y a très peu de moments de musique originale, car il y a les chansons de Françoise Hardy et que le film est un film assez réaliste. Les scènes un peu chaudes sont filmées de manière esthétique, c'est assez léché, c'est très fin, le film ne va jamais dans le vulgaire. Ce que j'ai aimé dans le traitement de François, c'est qu'il a fait un film fort sur un sujet difficile. Il l'a traité avec beaucoup d'intelligence, beaucoup de finesse. 

Au départ, il ne savait pas vraiment s'il y aurait de la musique originale, au tout début du projet. Il m'a dit qu'il allait mettre des chansons, sans savoir si je ferais quelques interventions musicales comme pour "5X2". Et puis au fur et à mesure, quand on a découvert un petit peu plus le montage, on s'est aperçu qu'il fallait quelques endroits clés de musique. Je lui ai donc proposé cette facture plus classique, plus profonde et lyrique, et on a juste dosé ce lyrisme parce qu'il y avait peu de musique dans le film, il ne fallait pas tout d'un coup faire quelque chose de trop exagéré dans les sentiments. 

J'ai écrit sur le scénario, comme d'habitude avec François, et j'attendais de voir le jeu de Marine Vacth, si il était dans la sobriété, dans l'effacement, l'introspection. Elle a tellement joué d'une façon ténue, François l'a dirigé d'une manière très sobre, donc je ne pouvais pas aller trop loin dans le lyrisme. 

Etes-vous venu sur le tournage ? 

P.R : Non. Avec François, contrairement à d'autres réalisateurs, je ne vais pas sur les tournages. Tout le monde peut penser, comme j'ai une grande collaboration avec lui, qu'on se voit, que je vais sur le tournage, mais non. On se parle très tôt, je lis le scénario dans les premiers. Mais je ne lui demande pas de venir, et lui ne me le propose pas. Maintenant que le connais, je sais pourquoi. Il aime que je découvre. Il aime mon effet de réaction, ma surprise sur le film. Donc la première fois qu'il me le montre, il prend toujours beaucoup de précautions, il me le montre toujours en salle, il attend de voir quel est l'impact. C'est le plaisir de surprendre l'autre et c'est aussi je pense le plaisir de me montrer où il a mis les maquettes que je lui ai faites sur le scénario, car bien souvent, je ne sais pas où vont atterrir ces maquettes. Parfois, je sens un morceau pour une scène, je le mets pour lui suggérer quelque chose à un emplacement, et il le met ailleurs, et ça marche !

Sur SWIMMING POOL, il avait les thèmes en tête au moment du tournage au point de les faire écouter à la comédienne, était-ce le cas ici ?

P.R :  Je n'ai pas su s'il avait fait écouter des choses aux comédiens, il ne me l'a pas dit cette fois-ci. Je sais juste qu'il les avait avec lui. Je sais que ça l'a nourrit. Pour DANS MA MAISON, il m'a expliqué que la musique l'avait influencée sur certains rythmes de découpages de scènes. 

Il y a toujours une grande place au piano dans vos partitions, parce que vous êtes pianiste, vous l'interprétez vous-même...

P.R : Oui, c'est une vieille histoire d'amour je crois. Je faisais déjà du piano dans les court-métrages, mais ça s'était un peu perdu. Je crois que ça a beaucoup plu et on m'a fait beaucoup de retour sur ces pianos thématiques. François aime aussi beaucoup ça. Donc du coup, il me demande toujours de lui jouer le thème au piano, ou de lui faire le thème au piano. Et bien souvent, il s'habitue à cet instrument, et c'est difficile de convertir le piano solo en solo de guitare. Parfois même, je fais une option guitare et une option piano, et à la fin, même si il y a deux fois le morceau dans le film, il met deux fois la version au piano (rires)


 

INTERVIEW RÉALISÉE À CANNES LE 17 MAI 2013 PAR BENOIT BASIRICO

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