Bruce Cameron et Renaud Gauthier : DISCOPATHE, film d'horreur dans la disco des années 80

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- Publié le 16-03-2014




Bruce Cameron, claviériste québécois dans le groupe de Éric Lapointe, signe en 2014 sa première BO avec le premier film de Renaud Gautier, le thriller-musical DISCOPATHE qui plonge dans l'univers disco des années 80, et une partition qui rend hommage à Moroder et Carpenter.

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Renaud Gauthier (réalisateur) et Bruce Cameron (compositeur)
A propos du film DISCOPATHE

Cinezik : Comment vous êtes-vous rencontré ?

Renaud Gauthier (à gauche sur la photo) : On s'est rencontré sur un festival il y a une dizaine d'années. On travaillait pour un groupe de rock, The Musical Box, qui faisait des hommages à Genesis. Bruce faisait le son dans la salle, moi je m'occupais des vieux instruments. Je m'assurais qu'ils ne prenaient pas feu, tandis que Bruce se contentait de mettre le son à fond. On a joué à l'Olympia de Paris, à Bruxelles, à Rio... On a fait le tour du monde presque. Après ça, j'ai commencé à réaliser des vidéo-clips et Bruce a commencé à composer.

Quelle a été votre première collaboration ?

R.G : C'était "Inspector Bronco", une websérie constituée de plusieurs court-métrages sur le net d'une quinzaine épisodes de quinze minutes. C'est très décalé. Et moi j'incarne l'Inspecteur Bronco. On en est donc venu à faire mon premier long-métrage. Bruce était tout indiqué pour en faire la musique.

Concernant ce premier film DISCOPATHE, mêlant horreur et disco, quelle était l'idée de départ ?

R.G : L'idée originale vient d'une chanson de Robert Charlebois, qui joue dans le film, et m'a offert son titre "Discobol". C'est l'élément déclencheur. Cette chanson disco m'a donné l'idée d'un tueur qui tue autour du dancefloor sans que personne ne s'en rende compte. Après, j'ai mis ensemble les éléments visuels et la musique. C'est la partie la plus amusante du cinéma de coller la musique sur les images. On se fait des nuits folles à faire ça.

Bruce Cameron : Renaud amenait certaines images que je pouvais importer dans mes logiciels pour vraiment travailler avec l'image et faire en sorte que la musique soit connectée à l'image.

Quelle était l'intention musicale en ce qui concerne la musique originale de Bruce ?

R.G : Etant fan des musiques de Giorgio Moroder pour "Midnight Express" ou "American Gigolo", j'avais mon idée de la direction instrumentale, je savais où je voulais aller. On a instauré la "règle de 1981" : aucun son ne devait sonner trop moderne.

A quel moment le travail musical est apparu ? Les musiques qu'entend le personnage étaient-elles présentes sur le plateau ?

R.G : On a travaillé la musique quand on a terminé de tourner. Sur le plateau, on lui faisait juste une pulsion. C'est un comédien, je lui demandais d'imaginer la musique.

La musique originale est en cohérence avec les musiques préexistantes disco...

R.G : Il fallait que la musique soit au niveau des costumes, des décors, des voitures...

B.C : La musique est l'émulation émotionnelle d'un sentiment général. On n'y échappe pas en faisant un film d'époque, surtout en appuyant autant sur la musique.

Le silence est aussi important...

R.G : Les moments de silence ne font que renforcer les moments musicaux. Sinon ce serait juste "pff", constant, sans dynamique, inintéressant.

Y a t-il eu des musiques temporaires au montage que Bruce devait ensuite remplacer ?

R.G : Oui, c'est arrivé quelque fois, pour des chansons dont on pensait avoir les droits, mais on ne les a pas eu. J'ai aussi écrit moi-même un petit thème que j'avais depuis longtemps en tête, que Bruce a interprété pour le film en piano solo, avec des variations. C'est un classique dans tous les films d'horreurs de De Palma à Carpenter.

B.C : J'ai arrangé le thème selon les émotions que l'on voulait véhiculer.

La musique a le pouvoir de transformer une scène d'horreur en scène comique, l'enjeu musical était fort... quel équilibre avez-vous trouvé ?

R.G : La ligne était fine. Je voulais que DISCOPATHE soit un peu comique mais pas trop, décalé mais assumé, ce n'est pas une parodie. La première moitié du film est un peu plus glauque. Après c'est un peu plus marrant.

B.C : Il n'était pas question de mettre une musique trop rigolote...

R.G : Ni toujours très très inquiétante non plus. Le titre en dit suffisamment. Avec "Discopathe", on comprend que le type est un malade et devient malade quand il écoute du disco, c'est assez facile.

Une scène est particulièrement gore quand le personnage enfonce des vinyles dans le corps de la victime...

R.G : Oui, c'est dégueulasse, mais on met du Plastic Bertrand dessus, donc ça fait contrepoids. Les spectateurs rient sans trop savoir pourquoi.

Mais pourquoi Plastic Bertrand ?

R.G : C'était un hit au Québec à cette époque-là.

Concernant le cinéma d'horreur, on pense surtout aux américains et aux italiens, mais est-ce qu'il y avait des films de ce genre au Québec dans les années 80 ?

R.G : Il y en a eu quelques-uns tournés ici, comme "Le train de la terreur" (Le Monstre du train / Terror Train, de Roger Spottiswoode, 1980). Tu pouvais avoir un crédit d'impôt donc beaucoup de films on été tournés au Québec, tels que "Happy Birthday to me" (de J. Lee Thompson, 1981). On recréait n'importe quelle ville à Montréal. J'ai moi-même pour DISCOPATHE recréé New-York à Montréal.

Le film a tout pour toucher un public et devenir culte, mais aucune sortie de prévue...

R.G : Il va quand même avoir une bonne vie en VOD, DVD, et la BO en vinyle. On est en train de négocier avec un label londonien qui se spécialise en sortie vinyle de BO comme "Hallowen 2". Il y aura la musique originale de Bruce, sans les chansons pour des questions de droit.

Quel sera le film qui succédera à DISCOPATHE ?

R.G : Cette semaine, j'ai bossé sur un court, AQUA SPLASH, qui se passe en 1984 avec des morceaux préexistants, ça devient une habitude. Pour le long-métrage que je prépare, PIERROT, je m'en vais le "pitcher" à Bruxelles. J'y serai le 8 avril également pour présenter DISCOPATHE au BIFF. Je l'ai écrit en anglais, avec plus de nichons et plus de musique.

B.C : Je voudrais faire partie de cette chose. (rires)

R.G : Ça se passe sur un plateau de télé en Italie, une émission de variété, et un Pierrot terrorise les gens, un genre d'Agatha Christie sexy. La musique sera inquiétante à souhait.

Entretien réalisé à Montréal en février 2014 par Benoit Basirico
Dans le cadre des Rendez-vous du Cinéma Québécois 2014
Merci à Alice Mazé pour la retranscription

 


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