The Bay (Marcelo Zarvos), des ambiances glauques angoissantes.

bay,zarvos, - The Bay (Marcelo Zarvos), des ambiances glauques angoissantes.

par Quentin Billard

- Publié le 20-11-2012




Utilisée avec parcimonie dans le film, la musique de « The Bay » fait la part belle aux ambiances glauques, aux atmosphères sonores lugubres et aux montées de tension crépitantes et angoissantes. Pour parvenir à ses fins, Marcelo Zarvos utilise essentiellement l'électronique et les synthétiseurs pour créer une atmosphère sonore capable de s'immerger dans les bruitages et les sons du film, parfois même de manière quasi imperceptible, quitte à bousculer la frontière entre la musique et les bruitages (probablement dans le but de ne pas freiner le réalisme du récit).

L'histoire débute d'ailleurs sur le sombre « Dead Divers », dominé par un riff de basse synthétique entêtant évoquant la menace de la contamination bactérienne, tandis que Zarvos expérimente autour des samples électro et des textures sonores synthétiques pour créer une atmosphère sonore et un sound design dense et lugubre (notamment à base de drones saturés, d'effets sonores jouant sur l'alternance stéréo gauche/droite, etc.), sur fond de tenues de cordes. Cette atmosphère de menace, on la retrouve dans « The Oceanographers », pour lequel Marcelo Zarvos expérimente à nouveau autour du sound design électro, créant ses sons lui-même (notamment avec un son inversé de piano), qui semblent se propager à la manière des terribles isopodes décrits dans le film.

La menace cède le pas à la panique dans « Panic at the Hospital » dans lequel Zarvos fait intervenir un ensemble de percussions ethniques, de cymbalum et de sound design dense pour créer la tension nécessaire à l'écran. Exit ici l'approche orchestrale habituelle, Marcelo Zarvos opte pour un style parfois minimaliste, bruitiste et expérimental, comme le rappelle « Stephanie Phone Call » et ses notes vaporeuses de piano sur fond de pads saturés et de samples métalliques. Les montées de tension horrifiques surgissent alors dans « The Last Dive », scène où des nageurs disparaissent dans l'eau, probablement attaqués par les parasites qui traînent autour des côtes. Le piano reste très présent dans « Mayor on Radio », tandis que l'horreur domine « Kids Swimming », avec une utilisation plus anarchique et aléatoire du sound design et des fameuses textures sonores saturées. Les amateurs d'atmosphères électroniques expérimentales apprécieront sans aucun doute « Dead Fish », qui souligne efficacement les ravages des isopodes dans l'eau, alors que le riff de basse synthé revient dans l'entêtant « Blogger » qui semble créer un sentiment d'urgence qui va crescendo dans le film. Zarvos va même jusqu'à imiter la présence des parasites en jouant sur les cordes d'un piano préparé dans « Isopod » (rappelons que le compositeur est un pianiste de formation et qu'il maîtrise parfaitement cet instrument). Le rythme pressant de « 911 Call » ne laisse aucun doute sur l'avenir des victimes qui tentent en vain d'alerter les secours, tandis que les sons de piano et les samples industriels/métalliques s'accentuant et se propagent dans « Jennifer » et « Dead Man », à l'instar de l'épidémie bactérienne décrite dans le film. Les percussions synthétiques/métalliques sont de la partie dans le brutal « Alex in the Mirror », qui bascule clairement dans le registre horrifique, tout comme « You're Not Going Anywhere Tonight ».

Bilan final plutôt mitigé donc pour le score de « The Bay », car si le compositeur se montre réellement inventif dans le maniement de ses sonorités industrielles organiques, métalliques et déformées, on se lasse malheureusement très vite de cette succession de sound design uniforme et un peu trop répétitif, qui bascule bien souvent dans la facilité, et ce même si Marcelo Zarvos parvient à créer des sonorités véritablement intéressantes sur les images du film. A mi-chemin entre le bruitage et la musique, le score de « The Bay » accentue donc l'angoisse et la tension claustro du film avec une certaine dextérité, quitte à basculer dans la cacophonie et l'anarchie quand l'occasion s'en présente ou à faire quelques concessions avec un style musical plus proche des productions Remote Control de maintenant (les percussions samplées de « Alex in the Mirror » qui semblent surgir tout droit d'un score horrifique de Steve Jablonsky en mode « Texas Chainsaw Massacre » ou « The Hitcher »). Marcelo Zarvos parvient malgré tout à contourner certains clichés des musiques d'épouvante habituelles (pas de cordes stridentes ni de dissonances orchestrales ici !) mais tombe aussi dans certains travers propres à ce genre d'exercice en accentuant les sonorités cacophoniques de façon pas toujours très passionnante. Le résultat, plutôt terne et lassant en écoute isolée, s'avère être bien plus convaincant sur les images, un score fonctionnel assez bruyant et répétitif, qui devrait plutôt satisfaire les amateurs de sound design glauque et expérimental.

par Quentin Billard


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