Bruno Forzani : à propos de son travail sur les musiques préexistantes / Brive 2014 (@festcinemabrive)

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- Publié le 11-05-2014




Bruno Forzani, aux côtés de Hélène Cattet, convoque des musiques de films italiens (Morricone, Nicolai) sur son deuxième film L'ETRANGE COULEUR DES LARMES DE TON CORPS, comme ils l'avaient déja fait sur AMER.

Cette interview résulte d'une table ronde qui s'est tenue au Festival de Brive 2014. 
 Voir notre page dédiée au festival - Brive 2014 en 5 interviews

 

Interview Bruno Forzani
(L'ETRANGE COULEUR DES LARMES DE TON CORPS)

Cinezik : A quel moment avez-vous fait le choix d'utiliser des musiques préexistantes dans L'ETRANGE COULEUR DES LARMES DE TON CORPS ?

Bruno Forzani : Il était question dés le début d'exploiter des musiques du répertoire. Dans la structure du film, il y a quelque chose de circulaire et de répétitif. Pendant l'écriture du scénario, on écoutait des musiques en boucle. Comme pour notre premier film AMER, on a choisi les musiques au scénario. Mais cette fois-ci, arrivés au montage, certaines ne convenaient pas. Il s'agissait de musiques des années 60/70. Dans le cadre d'un film contemporain, il fallait trouver le bon équilibre pour éviter de tomber dans le ridicule. On a ainsi écarté des musiques qui donnaient un aspect trop daté, trop kitsch.

Faites-vous le montage à partir des musiques ?

B.F : On fait d'abord le montage image sans la musique, puis on positionne la musique dans un second temps. On ne veut pas tomber dans le clip. On la cale à l'image près.

D'où vient le choix d'un morceau de Nico Fidenco extrait d'un ersatz d'Emmanuelle par Joe d'Amato ? 

="http://download.macromedia.com/pub/shockwave/cabs/flash/swflash.cab#version=6,0,40,0"> B.F : J'aime beaucoup les "Black Emmanuelle". Ce sont des films d'exploitation qui parlent de la libération sexuelle. Hélène et moi avons une image intello de ce que l'on fait. Je trouvais amusant de convoquer ce film considéré comme du sous-cinéma honteux. Au départ, on a utilisé le morceau dans son intégralité, mais la flûte traversière faisait retomber la tension, alors on a juste gardé la ligne de basse.

Que se passe t-il lorsque le compositeur d'un morceau utilisé est vivant ? Avez-vous par exemple demandé l'accord de Ennio Morricone ?

B.F : Pour AMER, on avait déjà utilisé un morceau de Morricone ("La tarentule au ventre noir") et on lui avait envoyé la séquence avec la musique (du moins à son équipe car beaucoup de gens gravitent autour de lui). Ce n'était pas pour une véritable collaboration artistique mais pour un accord financier sur les droits. Ce n'était pas un contact direct non plus. Tandis que pour Bruno Nicolai sur L'ETRANGE COULEUR..., c'est un contact direct avec sa fille.

Aujourd'hui, ce sont souvent des superviseurs musicaux qui se chargent de la négociation des droits et parfois même du choix des morceaux. Alors que vous vous occupez de tout cela seuls ?

B.F : Notre travail est très artisanal, personne ne choisit les musiques à notre place, d'autant que je parle italien, ce qui aide dans les prises de contact.

Quel est votre travail sur les sons du film ?

B.F : On refait tout le son au bruitage. C'est comme un deuxième tournage purement sonore, qui dure deux semaines. Le bruiteur est à la fois chef opérateur, comédien... C'est un véritable travail acousmatique. Sur le dernier film, on a traité le son dans son côté très physique, pour un son qui entre dans le corps.

Pour vos futurs projets, est-il envisageable que vous collaboriez pour une première fois avec un compositeur ?

B.F : Des compositeurs ont pu nous démarcher suite à nos court métrages, mais on n'a pas donné suite. On repart sur un long métrage avec des musiques préexistantes de nouveau. Nous ne sommes pas prêts à convoquer un compositeur. Je trouve l'étape de post-production déjà assez lourde comme ça. Alors si en plus vient s'ajouter tout le processus de création de musiques, c'est une étape de plus, je n'ai pas envie de cela. Il faut aussi que quelque chose se passe humainement. Il faut tomber amoureux de la musique d'un compositeur.

Propos recueillis à Brive en avril 2014 par Benoit Basirico
Dans le cadre d'une table ronde au Festival du Moyen Métrage de Brive.

 


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