AGUIRRE, LA COLÈRE DE DIEU (1972), une expédition méditative

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par Benoit Basirico

- Publié le 01-05-2019




B.O culte exploitant le potentiel de la musique électronique : AGUIRRE, LA COLÈRE DE DIEU (1972) de Werner Herzog.

Le groupe allemand Popol Vuh (proposant un rock expérimental en Allemagne dès la fin des années 1960), et ses deux membres permanents, Florian Fricke (clavier) et le multi instrumentiste Daniel Fichelsteiner, rencontrent le ​réalisateur allemand Werner Herzog en 1972 sur ce film avant de se retrouver sur COEUR DE VERRE, NOSFERATU, FITZCARRALDO et COBRA VERDE. Ils imitent ainsi leurs cousins germains Tangerine Dream et Klaus Schulze​ qui ont eux-aussi pu apposer leurs atmosphères électroniques et minimalistes à des films marquants. Pour cette première collaboration, il s'agissait d'accompagner les aventures des conquistadors en Amazonie, dont celui, illuminé et mégalomane, interprété par le démentiel Klaus Kinski. Les nappes électroniques quasiment cosmiques visaient à représenter la quête d'un eldorado, un monde merveilleux. Ainsi, par contraste, la quiétude de la musique n'annonçait pas le danger à venir (notamment la menace représentée par les indiens).

Aussi, l'aspect méditatif de la partition, toujours propice à la transe et à l'hypnose chez Herzog, accompagnant la lenteur de l'expédition à radeau, est en opposition avec le caractère hystérique du personnage central, et de son acteur Kinski, qui s'agite et crie. D'ailleurs, sa voix, à l'image ou en Off, a une tonalité agressive qui détonne face à la plénitude des notes de synthés et à la beauté insaisissable de la guitare electrique lancinante. Cette musique cotonneuse s'associe bien à brume d'un flanc de montagne et rend hypnotique les plans séquences montrant la pénible ascension.

Malgré tout, la quiétude musicale est chargée d'une ambivalence, et finit par prendre en charge les hallucinations du personnage, et parvient à soutenir sa folie des grandeurs. Derrière l'atmosphère enveloppante des accords synthétiques, on peut déceler une certaine étrangeté, aidée par la présence de choeurs célestes (dont on ne sait pas vraiment s'il s'agit de voix humaines, d'un clavier, ou d'un mellotron). La musique touche alors à la transcendante des esprits. La musique électronique est propice à représenter le mystère et l'inconscient. Herzog a su exploiter son potentiel onirique.

 

par Benoit Basirico


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