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Pierre Etaix  
23 novembre 1928 - 14 octobre 2016

Pierre Etaix

Clown, cinéaste, dessinateur, gagman, magicien, affichiste : la palette de talents de Pierre Étaix est vaste. Il rencontre Jacques Tati en 1954 pour lequel il travaille comme dessinateur et gagman à la préparation de son film MON ONCLE, puis comme assistant réalisateur sur le tournage. Pierre Étaix s'inscrit dans le prolongement des grands maîtres du slapstick tels Buster Keaton ou Charlie Chaplin qu'il admire. Son deuxième court-métrage HEUREUX ANNIVERSAIRE obtient l'oscar du meilleur court métrage en 1963. Puis il réalise son premier long métrage LE SOUPIRANT.

 

Propos de Pierre Etaix sur la musique 

Je me suis toujours méfié de la musique comme de la peste, car c'est une chose qui dans un film comique peut devenir un pléonasme, un effet comique n'a pas besoin d'être souligné par un effet musical.

La musique, lorsque je l'utilisais plus ou moins adroitement, a toujours été fonctionnelle, s'il y a de la musique, c'est parce que la jeune au pair écoute de la musique, ou lors de moments de music-hall qui suscitent une musique. S'il y a de la musique, c'est aussi parce que la chanteuse qui séduit chante, donc il y a toujours une raison de mettre de la musique. Bien évidemment, il est difficile de contrôler les choses minutieusement, mais elle doit avoir une fonction comique en elle-même, comme la musique stupide de la chanteuse (les paroles surtout).

J'avais utilisé différemment la musique dans mon film YOYO où il y a une petite musique qui est celle que le clown a dans sa tête et qu'il joue sur son concertina. Et cette musique accompagne le clown à certains moments dans le film.

Mais pour moi la musique est extrêmement dangereuse. Seul Charlie Chaplin a très bien sû l'utiliser, d'autant plus qu'il l'écrivait lui-même, et c'était remarquable parce que c'était exactement ce qu'il fallait. Lorsque dans la RUEE VERS L'OR Charlot marche, il y a un thème musical qu'il est développé sur le rythme de sa marche. Il n'a jamais cherché à faire de la musique pour de la musique. Elle fait corps avec l'image.

Il y a aussi chez Fellini la même démarche, parce qu'il a trouvé un compositeur remarquable. Mais tout compositeur qui pense écrire une oeuvre musicale à propos de la musique d'un film commet une erreur colossale. Il doit coller au plus près dans l'esprit, et non pas chercher à illustrer ou bien à faire une oeuvre qui commente. Je cite un compositeur sans le nommer qui me disait vouloir composer une musique qu'on puisse entendre après et se dire que cette musique est belle, malgré le film. On s'en fout. L'essentiel est qu'elle fonctionne avec l'image, c'est la chose la plus difficile au monde.

Propos de Pierre Etaix, recueillis par Benoit Basirico en Décembre 2010 au cinéma Le Dietrich (Poitiers).

© Photo en médaillon : Par Martin Griffault (Travail personnel) [GFDL (http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html) ou CC-BY-SA-3.0-2.5-2.0-1.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], via Wikimedia Commons

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