EN
VOIR
PLUS
RETOUR
Naissance : (Né aux États-Unis en 1932.)
Premier constat : ce soir, le Boston Pops Orchestra est de sortie au Symphony Hall de Boston, l'ambiance est détendue. Comme son nom l'indique, le Boston Pops est un orchestre "populaire" : dans la salle, personne en tenue de soirée (ou presque), au contraire, la fosse est remplie d'invités et de spectateurs attablés à des tables rondes en train de grignoter ou de boire. Ambiance cabaret, donc, au contraire des soirées de concerts officielles du Boston Symphony Orchestra où les fauteuils rouges sont de sortie. A son arrivée sur scène, John Williams est applaudit et sifflé comme une star locale du basket faisant son entrée sur le terrain à domicile !
Très beau programme, avec de beaux arrangements de suites de cinéma qui enrobent une nouvelle création du maître, ce "Concerto pour Alto et Orchestre" joué pour la première fois ce soir. On appréciera particulièrement la suite symphonique de JANE EYRE, partition méconnue de John Williams composée en 1970 pour un téléfilm : une musique très délicate et mélancolique, qui trouve ici en trois mouvements toute son expression romantique. Personnellement c'est à mon sens l'un des plus beaux scores intimistes et romanesques composés par Williams. Après "Flight to Neverland" qui permet de retomber en enfance avec le film HOOK (voir la vidéo de ce moment en bas de page), John Williams présente son nouveau concerto.
Celui-ci se présente comme une véritable oeuvre contemporaine, d'une infinie subtilité, où le maître mélange adroitement dissonances et motifs harmoniques célestes. C'est la délicatesse qui vient à l'esprit, au sein de cette pièce aérienne, toute en volutes, où l'alto exprime une grande quantité de nuances. Du moins, pour le premier et le troisième mouvement : le second mouvement, en revanche, est beaucoup plus dynamique, vif et radical, rappelant sans équivoque le style plus âpre et répétitif que John Williams a employé dans MINORITY REPORT et LA GUERRE DES MONDES. Un régal pour les oreilles. Une fois de plus, la musique de John Williams s'impose comme une oeuvre d'une grande finesse et d'une grande intelligence, car à la fois très complexe dans sa construction, mais aussi très accessible et même souvent ludique, et toujours emprunte de l'inégalable style orchestral du maître. Du très grand art, qui sera plébiscité dès le lendemain dans la presse locale (voir le lien en bas de page) mais aussi par les amateurs de Williams présents dans la salle.
Ce moment de haute voltige est suivi par une pièce bien choisie : le thème de Mutt tiré de INDIANA JONES & THE ROYAUME DU CRANE DE CRYSTAL. Une pièce orchestrale virvoltante, qui met une nouvelle fois en exergue la dextérité de l'orchestre. Mais celui-ci, comme le chef d'orchestre (Williams lui-même) est porté surtout par l'amusement. C'est en effet un vrai morceau de comédie.
Après le deuxième entracte, John Williams dirige sa célèbre marche de SUPERMAN, composée en 1978 pour le film de Richard Donner. Plus rare, cette suite de FAR AND AWAY (Ron Howard, 1994), qui délivre ici aussi un superbe thème romantique de John Williams (autant méconnu que celui de JANE EYRE). C'est pourtant également l'un de ses plus beaux thèmes d'amour, qui resplendit ici au fil d'une suite un peu longue mais à la progression dramatique captivante, permettant au thème final d'emporter le spectateur d'émotion.
Après quoi, c'est le moment "fun" du concert avec la "Raiders March" tirée des AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE (Steven Spielberg, 1981), dirigée en synchronisme avec un sympathique montage des scènes les plus cultes de trois premiers films d'INDIANA JONES, projeté au-dessus de l'orchestre. Le public s'emballe, applaudit, rigole aux éclats lorsqu'un gag apparaît à l'écran !
Moment d'émotion ensuite avec un bel hommage de John Williams à Maurice Jarre, récemment disparu. On savait les deux hommes très admiratifs l'un de l'autre : en voici la preuve. John Williams dirige une suite de LAURENCE D'ARABIE avec un montage de quelques images du film projetée sur grand écran. L'hommage est saisissant, Williams insufflant à l'orchestre toute la grandeur nécessaire à cette immense partition de Maurice Jarre.
C'est la fin du programme officiel mais John Williams sent la salle bien chauffée : il dirige alors le fameux thème de Yoda, entendu dans L'EMPIRE CONTRE-ATTAQUE (1980). L'esprit magique de la saga STAR WARS flotte alors dans le Symphony Hall, avec ce thème mystique et aérien qui nous rappelle humblement que STAR WARS c'est aussi des mélodies profondes et subtiles. Mais John Williams n'en reste pas là et satisfait l'appétit du public pour ses thèmes les plus populaires avec la célèbrissime ouverture de LA GUERRE DES ETOILES, impeccablement interprétée par un Boston Pops enjoué et en pleine forme. On voyait sur le visage des musiciens le plaisir de jouer ces thèmes populaires du cinéma, qui plus est dirigés en personne par leur créateur, le très respecté monsieur Williams qui jouait ici à domicile.
En sortant de la salle, on peut admirer quelques photos accrochées sur les murs où l'on voit les anciens directeurs du Boston Pops et du Boston Symphony à travers les années passées : bien sûr, John Williams en fait partie et l'on peut voir des photos de lui en 1980, 1990... C'était donc un vrai plaisir de voir ici le maitre incontesté de la musique de film hollywoodienne à l'endroit même il a passé la plus grande partie de sa carrière de musicien : au Symphony Hall de Boston, John Williams donne presque l'impression de faire partie des meubles ! Grand moment de musique ce soir, où la cerise sur le gâteau pour vos serviteurs a été une brève rencontre avec le maître dans les loges, assez longue cependant pour citer Cinezik et faire une petite photo souvenir. Un privilège que l'on souhaite encore à tous ceux qui auront la chance de voir et d'écouter John Williams en concert dans les mois et les années à venir. Par contre, c'est exclusivement aux Etats-Unis : le maître est en effet trop vieux désormais pour supporter le décalage horaire. Il ne viendra plus jamais en Europe. Mais durant le seconde semestre 2009, on pourra encore le voir à Boston, à Los Angeles, et à Chicago, où il dirigera un programme spécialement dédié à la collaboration Maurice Jarre / David Lean : profitez-en...
A lire également : le compte-rendu du "Concerto pour Alto et Orchestre" par Joel Brown du Boston Globe, qui cite ses compagnons de table (devinez qui ?)
> Infos sur John Williams et dates des concerts à venir sur www.jwfan.net
Vidéo de David Reyes pour Cinezik
Interview B.O : Vladimir Cosma & Frédéric Sojcher (LE COURS DE LA VIE)
Interview B.O : Vitalic & Giacomo Abbruzzese (Disco Boy), trouver le sacré là où on l’attend pas
Interview B.O : Delphine Malaussena et Jean-Baptiste Durand (violoncelle et choeur pour CHIEN DE LA CASSE)