Réalisé par Jérôme Salle
Avec Tomer Sisley, Kristin Scott Thomas, Mélanie Thierry
Genre : Action, Aventure
Distribué par Wild Bunch Distribution
Calendrier des Films & Séries
Calendrier des sorties B.O
Nos coups de coeur B.O
B.O en écoute intégrale
Interprétée par le London Symphony Orchestra, la musique de « Largo Winch » apporte un souffle symphonique puissant aux images du film de Jérôme Salle, preuve que certains compositeurs français actuels sont aussi capables de rivaliser avec les américains sur le terrain des grosses partitions hollywoodiennes. On retrouve à travers la musique de « Largo Winch » le style habituel d’Alexandre Desplat, que ce soit dans l’écriture des thèmes (toujours assez peu mémorables chez le compositeur - son plus gros point noir !), des harmonies ou des orchestrations.
[© Texte : Cinezik] •
Tracklist (de la BO en CD ou Digital)
Dès
l’ouverture du film (« Largo Winch »), Desplat dévoile un thème ample
qui sera associé tout au long du film au héros interprété par Tomer
Sisley, thème accompagné par l’orchestre et des percussions aux
sonorités plus modernes, nous permettant d’ancrer l’histoire dans
l’époque contemporaine. Deuxième thème, le « Lea’s Theme », thème
romantique à l’ancienne associé au personnage de Mélanie Thierry et
dominé par des cordes lyriques et amples. Dommage cependant qu’ici
aussi, on ne retienne pas grand chose du dit thème en question ! Enfin,
le troisième thème est entendu dans « Nerio’s Theme », associé au
personnage de Nerio Winch. Il s’agit d’un motif plus sombre et
mystérieux évoquant les secrets du père adoptif de Largo, confié à un
piano dialoguant avec les bois et les cordes. A noter l’utilisation de
loop électronique renforçant ici aussi le caractère moderne de la
musique de Desplat dans le film.
« Chosen One » est assez représentatif du style de Desplat :
magnifiquement orchestré, avec la présence de quelques instruments
solistes dont un piano, un violon, une flûte à bec (instrument déjà
utilisé dans « Hostage ») et un cymbalum pour les scènes se déroulant à
l’orphelinat bosniaque au début du film. L’action ne tarde pas à
s’emparer du reste de la musique comme le confirme « Chase Latino »
pour la scène de la poursuite avec la police au début du film, morceau
de type « latino » avec orchestre et percussions sud-américaines
énergiques, sans oublier les traditionnelles rythmiques électroniques -
un morceau qui rappelle le talent du compositeur pour les musiques
d’action très orchestrales. Desplat rempile dans l’action avec « Mato
Grosso Escape » pour la scène de l’évasion de la prison avec un
orchestre toujours aussi énergique et coloré, et une pléiade de
percussions électroniques modernes. L’ambiance devient plus calme et
nuancée dans « Croation Sorrow » où Desplat reprend un thème
mélancolique slave déjà entendu dans « Chosen One », thème associé à
l’intrigue du décès de Nerio Winch et de l’adoption de Largo. Le
compositeur évoque aussi les scènes du passé à l’aide d’un thème plus
intime entendu au piano dans « Hidden Souvenirs » où il reprend un
chant slave traditionnel, « Dimna Yudda », pour les scènes de
l’orphelinat bosniaque. Le thème est ensuite repris au violon dans «
Dugi Otuk », toujours accompagné par quelques notes de cymbalum.
L’action reprend de plus belle pour la scène de la poursuite avec
l’hélicoptère dans « Largo Jumps » et ses rythmes orchestraux
déchaînés, témoignant de tout le savoir-faire du compositeur. A noter
ici aussi le soin tout particulier apporté aux orchestrations, une
marque de fabrique du compositeur. La tension monte d’un cran avec «
Anna’s Death », personnifiant le danger et le drame de la mort d’Anna
(Anne Consigny). « The Deal » renforce ce sentiment de tension et
d’intrigue alors que Largo est déterminé à découvrir la vérité et à
reprendre le contrôle du Groupe W, tandis que « Korsky » reprend les
percussions de l’ouverture pour un morceau agité qui n’est pas sans
rappeler certains passages des scores de David Arnold pour la saga «
James Bond ». Enfin, le compositeur nous gratifie de trois morceaux
d’action conclusifs particulièrement énergiques et tonitruants pour
l’affrontement final : le trépidant « Hong Kong Chase » qui renforce la
frénésie de la poursuite à Hong Kong vers la fin du film, avec quelques
reprises plus héroïques du thème de Largo, le tout soutenu par une
batterie à la « James Bond », sans oublier le frénétique « On The Run »
et le climax « Roof Fight » avec ses rebondissements rythmiques
excitants durant l’affrontement sur le toit à la fin du film (à noter
que l’écriture virtuose des cuivres n’est pas sans rappeler par moments
certains passages de la saga « Matrix » de Don Davis). Enfin, «
Epilogue » reprend sans grande surprise le thème de Largo Winch aux
cordes de façon ample et quasi triomphante pour la conclusion de
l’aventure.
Alexandre Desplat signe donc une partition symphonique correcte mais
sans grande surprise pour « Largo Winch », un score servi par une
thématique soignée mais toujours aussi peu mémorable, et des
orchestrations particulièrement riches et inventives. Comme toujours,
on regrettera le côté parfois impersonnel de la composition de Desplat,
qui lorgne ici de plus en plus vers le style hollywoodien de ses
collègues d’outre-manche. On connaît la passion du compositeur pour la
musique de film hollywoodienne. Il est simplement dommage de constater
qu’avec un succès grandissant, Desplat a toujours autant de mal à
sortir de ce carcan hollywoodien dans lequel il semble s’être laissé
lui-même embarqué (ce qui explique probablement sa participation de
plus en plus fréquente à la musique de grosses productions U.S.). Comme
toujours chez Desplat, sa partition pour « Largo Winch » demeure
réussie de bout en bout et pourtant totalement dénuée de la moindre
audace ou d’une seule idée originale qui puisse un tant soi peu sortir
des sentiers battus. Sa musique est toujours élégamment construite,
magnifiquement orchestrée mais au final, sans grande idée musicale (et
ne parlons pas de la déception des thèmes !). Alexandre Desplat
manipule donc les recettes du genre avec un professionnalisme qui n’est
plus à démontrer, apportant son lot d’action et d’énergie au film de
Jérôme Salle. Il n’empêche que l’on en reste pourtant sur notre faim,
avec la sensation - pas toujours agréable - d’un énorme potentiel pas
complètement exploité !
Alexandre Desplat a signé la musique d'autres films de Jérôme Salle : Largo Winch 2 (2011) • Zulu (2013) • L'Odyssée (2016) •
Alexandre Desplat a également écrit la musique de : The Ghost Writer (2010) • Regarde les hommes tomber (1994) • L'Île aux chiens (2018) • Minuit dans l'univers (2020) • Le Château des singes (1999) • Syriana (2005) • Casanova (2005) • Hostage (2005) • Toni (1999) • Firewall (2006) • The Queen (2006) • Le Voile des illusions (2007) • La Doublure (2006) • L'Ennemi intime (2007) • Lust, Caution - Amour, luxure, trahison (2008) •
Interview B.O : Mathieu Lamboley, dans le costume de LUPIN (la série Netflix)
Interview B.O : Olivier Marguerit, GARÇON CHIFFON (de Nicolas Maury)
Best Of BO : notre sélection de l'Automne 2020 en 20 musiques de films [Podcast]