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JAMES BOND, pour une géographie musicale de 007

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par François Faucon
Source : http://lewebpedagogique.com/geotrouvetout/tag/james-bond


- Publié le 18-02-2014




James Bond n'est pas qu'un espion. C'est aussi un globe-trotter habitué aux voyages long courrier au travers d'un Commonwealth finissant. Aucun continent ne lui est étranger et, tout comme celles de Jules Verne, ses aventures l'ont poussé à arpenter les trois dimensions de notre globe : largeur (il a effectivement fait le tour du monde) ; hauteur (il voyage dans l'espace – Moonraker) ; et profondeur (il est descendu jusqu'au fond des mers dans The Spy Who Loved Me et sous terre dans Thunderball).

La musique des films doit donc rendre compte de ces voyages en proposant les sonorités de chaque pays visité sans pour autant entrer dans une composition élitiste. 007 reste un héros populaire. De fait, l'univers de 007 baigne dans une musique du monde qui n'en est pas vraiment une (sauf éventuellement lorsqu'elle est utilisée de façon diégétique). La véritable musique gitane ressemble-t-elle à ce que l'on entend dans "Gypsy camp" de From Russia With Love ? "Grand Bazaar, Istanbul" dans Skyfall est-il vraiment une musique turque ? Octopussy a-t-il autre chose d'indien que la flûte bansuri et quelques percussions "ethniques" ? La musique lors du faux mariage de James bond dans You Only Live Twice ("The Wedding") est-elle une "authentique" musique japonaise ? Assurément non.

Ne s'agit-il pas plus simplement d'évocations musicales des pays parcourus grâce à des mélodies et des orchestrations adaptées ? A de rares exceptions (la musique jamaïcaine de Dr No est effectivement une musique typique de l'île ; de même que le bouzouki qui accompagne, de façon diégétique, les danseurs de sirtaki dans For Your Eyes Only), ces "fausses" musiques du monde sont en réalité la transposition musicale de la représentation voulue par les studios occidentaux pour le film. Au mieux, ces fausses musiques du monde collent aux représentations que se font les spectateurs de la culture musicale de tel ou tel pays.

Ces musiques "signifient" l'Amérique du Sud, l'Asie, l'Europe, etc., et permettent de conférer à certaines scènes, un côté "couleur locale" qui laisse loin derrière lui le véritable patrimoine musical. Sinon pourquoi imposer Lawrence d'Arabie de Maurice Jarre dans The Spy Who Loved Me lorsque 007 traverse le désert ?... Par ailleurs, la musique classique n'est-elle pas encore très ancrée dans l'esprit des compositeurs hollywoodiens d'après-guerre pour que tout écart au système mélodique soit perçu autrement que comme une forme d'exotisme ? Ce n’est plus le cas sur Skyfall. Mais toujours, dans cette musique de globe-trotter, deux des éléments essentiels de l'identité bondienne : force (Héraclès) et excitation (Dionysos).

par François Faucon
Source : http://lewebpedagogique.com/geotrouvetout/tag/james-bond



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