Batman, le défi (Danny Elfman, 1992), entrelacs psychologiques et métamorphoses organiques

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par Thibault Vicq

- Publié le 14-09-2019




Il va sans dire que BATMAN, LE DÉFI (1992), suite de BATMAN (1989) par le même duo Tim Burton - Danny Elfman, relève de l'indispensable dans toute BO-thèque ! 

Un talent d'orchestration ébouriffant s'y présente sur chaque piste, sans oublier la créativité de l'écriture harmonique. Si le premier opus a popularisé le fameux thème de cinq notes de Batman, le deuxième score s'intéresse de plus près aux ennemis que Bruce Wayne doit affronter : le Pingouin et Catwoman disposent chacun d'un thème illustrant les maillages du récit. La musique rend compte encore une fois du voile sombre qui recouvre Gotham City, dans un hiver glacial. Portrait de trois parias en marge de la société plutôt que film de super-héros balisé, BATMAN, LE DÉFI sonde ses figures en musique tout en les mettant en action.

La composition de Danny Elfman incarne le lâcher prise de ses personnages, dont le côté animal sort toujours vainqueur. L'homme-chauve-souris jouit d'une base de cuivres qui s'épanche en superposition de couches et se disperse en diverses configurations rythmiques. Le chœur gravé dans le thème du Pingouin rappelle ses traumatismes d'orphelin, lui qui a été abandonné par ses parents à la naissance pour sa laideur. La dynamique moins agile, plus bourrue, est en écho à son gang guerrier de sbires clownesques et animaliers. La femme-chat dompte les percussions, ainsi que les instruments à cordes dans le suraigu et en harmoniques, pris à parti dans des glissandi miauleurs, qui rappellent aussi les jeux sado-masochistes sous-entendus par la combinaison noire de Catwoman. Ces deux méchants sont deux entités mythologiques qu'on voit grandir, de la création à la déchéance, comme dans la tragédie antique, ce que Danny Elfman fait entrevoir dans sa musique faite d'entrelacs psychologiques et de métamorphoses organiques.

La BO de BATMAN, LE DÉFI est un laboratoire revenant aux instincts primitifs dans une société déshumanisée. Les deux âmes esseulées que sont Catwoman et le Pingouin trouvent respectivement leur salut dans le pouvoir sexuel et politique. Face à eux, deux milliardaires : Bruce Wayne / Batman, businessman discret qui tente tant bien que mal à répandre le bien, et Max Shreck, magnat industriel véreux et médiatique. En rapprochant le ying et le yang, Danny Elfman insuffle une dimension expressive supplémentaire à l'univers graphique de Tim Burton.


par Thibault Vicq


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