Les jurys des 34ème Rencontres Henri Langlois ont rendu leur verdict lors de la cérémonie de clôture.
Voici les films primés lors de cette soirée (avec quelques commentaires) :
Grand Prix / Prix du public
Forzen Stories
de Grzegorz Jaroszuk
Prix spécial du jury
L'Echange
de Maria Steinmetz
La musique composée par Felix Raffel convoque des cordes et des vents, et vient ponctuer régulièrement le court tout en s'adaptant à l'histoire.
Prix de la mise en scène / Prix Découverte de la critique française / Prix du Jury Etudiant
Reaching out to mama
de Olga Tomenko
La musique est composée d'un piano, de sons électroniques et de cordes. Cette bande son énergique et mélancolique donne un véritable climat à la scène.
Prix du scénario
Silent River
de Anca Miruna Lazarescu
Prix Wallpaper Post
Boken Pieces
de Sae-Mi Yang
Mention spéciale du Jury de la Critique Française
Umbral
de Matias Lopez
On peut entendre dans le film le titre "Rio" de Fernando Milagros.
Prix Amnesty International
Abuelas
de Afarin Eghbal
Le court commence avec une musique (composée par Lemert Bush) très enfantine pour recréer l'univers de l'enfance, puis intervient par petites touches. Elle est composée en partie de cordes.
Durant la soirée de cloture, les élèves du CESMD ayant participé à l'atelier de composition animé par Béatrice Thiriet ont joué une musique sur le court-métrage muet THE PLAYHOUSE de Keaton.
Les films primés sont re-diffusés à la Cinémathèque française (Paris) le mercredi 14 décembre à 20h30.
Floriane Jenard livre sa sélection des BO, en l'absence de prix de musique au palmarès remis ce samedi 10 décembre au festival.
1. TROIS PETITS POINTS de L. Andreae, A. Dieudonné, T. Nowocien, E. Parrot, O. Prioul et R. Schaepman.
Musique : Pablo Pico
Ce court-métrage d'animation de quatre minutes est composé d'une musique variable, tantôt rythmée, tantôt grave et lente.
Le compositeur que nous avons interrogé, Pablo Pico, nous parle de cette musique :
"Les réalisateurs du film m'ont tout de suite fait savoir que la musique aurait un rôle important à la fois dans le rythme général du film et aussi dans la narration. Ils s'étaient appuyé pour monter leur film sur un morceau de ragtime des années 20, un vieil enregistrement du pianiste Donald Lambert, intitulé « Anitra's Dance ». Ce morceau était assez idéal pour le film car il avait comme vertu de situer l'action d'emblée dans l'entre-deux-guerres. De plus son tempo très vif convenait parfaitement à la frénésie du personnage principal de la couturière. Enfin, en reprenant une pièce du répertoire classique de manière jazzy (« Anitra's Dance » est un morceau extrait du poème symphonique lyrique « Peer Gynt » d'Edvard Grieg), ce morceau traduisait bien les aspirations de l'époque, l'attirance pour la modernité (le jazz) dans le cadre de l'Europe d'après-guerre (le classique). Cependant il fallait pour les besoins de la narration, insérer des ruptures de tempo, de manière à orienter le regard du spectateur sur le mal qui le ronge le soldat. Le caractère jazzy n'a été conservé que pour souligner la frénésie l'optimisme entêté de la couturière.
Ma composition s'est donc inspirée de la musique temporaire et en a conservé le tempo vif, la tonalité mineure et l'utilisation d'un piano au son vieilli (via un effet de transistor). À cela j'ai ajouté l'emploi d'un piano au son clair, de clarinettes jazzy, d'une batterie et d'une contrebasse, ainsi que des cordes et du celesta. La composition n'a fait que suivre le rythme des images et du montage, tout en essayant de faire monter l'intensité jusqu'à la scène finale qui se termine de manière un peu théâtrale sur les même accords qu'au début (map-monde).
Pour le générique de fin, j'ai inséré une citation au piano du thème principal de la 7e Symphonie de Dimitri Chostakovitch dites « Leningrad », sur le rythme de bottes de soldat marchant au pas. Cette citation discrète d'une musique emblématique de la 2nde Guerre Mondiale a pour but de souligner l'aspect allégorique du film, d'en donner l'interprétation historique."
2. M'ECHAPPER DE SON REGARD de Chen Chen
Musique : Yann Volsy
La bande son de ce film d'animation a été primée pour sa musique au Festival de Clermont-Ferrand 2011.
La musique a été créée librement à la vision des images, puis modifiée avec le réalisateur. Elle est composée de cordes, dont le rythme s'accélère et se ralentit au fur et à mesure de l'angoisse du personnage qui se sent traqué par le regard du poulet au marché.
3. THE GALLERY de Robert Proch
Musique : Tupika
La musique de THE GALLERY est un ensemble de cordes et de cuivres, et est en adéquation avec les images, soulignant des petites actions secondaires. Ainsi, elle crée un rythme supplémentaire.
4. MORTYS de N. Villeneuve, A. Ronceray Peslin, M. Vidal et G. Lebegue.
L'univers sonore de ce court composé par Frédérique Abrial, ressemble étrangement à celle de Danny Elfman. Cette musique puissante et énigmatique, qui se radoucit à certains moments, convoque entre autres des cordes, des choeurs, des voix féminines et masculines.
5. MARCEL COMIX des étudiants de la Majeure VFX
Ce court-métrage est très éclectique musicalement. la musique suit les péripéties d'un personnage qui rentre dans une BD et traverse les vignettes, toutes imprégnées d'un univers différent. Ainsi la musique de Johan Lescure navigue entre les sons électroniques, le rock et l'ambiance "film noir" et devient tour à tour énergique et calme.
Plusieurs films ont été programmés dont l'avant-première du film LES RAISONS DU COEUR (Las Razones del Corazon) qui n'a pas encore de date de sortie en France. Ce film marque la sixième collaboration du cinéaste avec le compositeur David Mansfield (collaborateur de Michael Cimino sur LA PORTE DU PARADIS) pour une partition de piano et de violon énergique.
Le réalisateur a pu lors d'un entretien nous parler de sa collaboration avec Mansfield et de sa relation avec la musique en se définissant comme un "analphabète de la musique", extrait choisi :
Après Nicolas Saada (pour la direction d'acteur), Mathieu Amalric (pour le scénario), ou encore Lucrecia Martel... c’est au tour du duo Michel Hazanavicius, réalisateur, et Ludovic Bource, compositeur, de relever le challenge de la Leçon de cinéma si singulière des Rencontres Henri Langlois. Comme il est de coutume à Poitiers, le réalisateur et le compositeur ne se contenteront pas d'une discussion au pupitre. Ils seront ici avec une mission : faire découvrir au public comment s’élabore, dans le secret complice de leur travail, la musique de leurs films.
Cette Leçon de cinéma s'inscrit dans la thématique « Musique ! » de cette 34e édition qui s'invitera aux temps forts du Festival : ciné-concerts en ouverture, atelier de composition avec Béatrice Thiriet (compositrice de Lady Chatterley) et blind test suivront ce fil conducteur pour montrer la diversité des relations entre la musique et le cinéma.
Ludovic Bource et Michel Hazanavicius annoncent cette leçon quelques heures avant de la donner, puis évoquent la notion de "détournement" dans leur travail :
Le couple de réalisateur / compositeur Ludovic Bource et Michel Hazanavicius, avec la participation du journaliste Benoit Basirico (Cinezik) et du vidéaste Marc Ory, ont animé cette leçon, en parlant de la musique de film sous plusieurs formes (son utilisation, ses pièges, son pouvoir, mais aussi de la relation entre le compositeur et le réalisateur), dans un dialogue plein d'humour, sans se prendre au sérieux, agrémenté de bandes annonces détournées, d'un jeu avec le public (un plan de spectateur diffusé 3 fois avec une musique chaque fois différente), d'extraits de THE ARTIST, de VERTIGO, mais aussi de films qui ont donné envie à Ludovic Bource de faire son métier (de Kurosawa à Tarantino).
Programme : MONTE LA-DESSUS avec Harold Lloyd par Karol Beffa et Raphael Imbert, et LA DIVINE par Karol Beffa)
Karol Beffa :
"Rien n'est déterminé à l'avance. On a fait un filage qui ne ressemblait pas beaucoup à ce que l'on a fait au concert mais qui nous a permis de voir qu'il y avait quelques petits pièges dans lesquels il valait mieux ne pas tomber.
On se connaissait bien avec Raphael Imbert, et pour des questions de variété il était bien d'avoir de la mobilité, du mouvement, du rythme et de la dynamique, lorsqu'on est dans le magasin du film, et non pas seulement lors de l'escalade. C'est l'une des seules choses que l'on s'est dites avant les répétitions."
Raphaël Imbert :
"J'aime bien travailler comme ainsi. On s'est vu aujourd'hui pour deux heures de répétition et de filage, afin de se remettre le tout en mémoire. Il y a quelque chose qui se crée en direct, cette dimension de "working progress". On travaille, on imagine des choses, on construit l'histoire avec la musique, les idées qui nous passent par la tête. Il y a un aspect ludique qui va très bien avec ce genre de film.
Ce serait intéressant de faire ça sur d'autres genres de films comme LA DIVINE, mais les réflexes évidement ne sont pas les mêmes. Il y a d'excellents compositeurs pour films muets mais, par exemple, dans toutes les rééditions en DVD de Keaton ou de Chaplin, en règle générale, je suis assez frustré par la musique qui est mise dessus, qui est re-modernisée. Parfois elle est bien mais c'est quand même gênant car la musique est composée de A à Z, tout est prévu alors que c'est tellement plaisant d'improviser. "
Aux côtés de la Compétition, qui chaque année déniche de nouveaux talents, des programmes dédiés à l’Amérique Latine -Mexique, Haïti, Costa Rica, Cuba- avec un hommage à Arturo Ripstein (invité d'honneur), des courts métrages en séances spéciales et rencontres complèteront le programme de cette 34e édition. Pour faire de Poitiers la toile des meilleurs films de la jeune création cinématographique mondiale.
Infos pratiques : www.rihl.org
Cinezik et Sony Classical vous offrent le disque de la BO de THE ARTIST composée par Ludovic Bource, en partenariat avec le Festival des films d'école de Poitiers qui vous offre des Pass pour ses séances (et assister à cette leçon de cinéma).
Interview B.O : Audrey Ismaël (Le Royaume, de Julien Colonna)
Panorama BO : Clint Eastwood, les véritables héros de son cinéma [Podcast]