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Nicolas Saada
Journaliste cinéma, scénariste et réalisateur

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Ancien rédacteur aux Cahiers du Cinéma, Nicolas Saada entre à l'Unité Fiction d'Arte France en 1992, en tant que chargé de programme jusqu'en 1998. Depuis, il s'est consacré à l'écriture de scénarios pour la télévision et le cinéma, avec Pierre Salvadori (Les marchands de sable), Arnaud Despléchin (Léo - En jouant « dans la compagnie des hommes »), Jérôme Cornuau. De 1993 à 2005, il anime sur Radio Nova l'émission "Nova fait son cinéma" qu'il arrête lorsqu'il devient réalisateur avec son premier film ESPION(S).



  Rencontre Henri Langlois 2010 : Nicolas Saada fait sa leçon de cinéma et nous parle musique de film

Comment se sont passés tes débuts de cinéphiles (aux Cahiers du cinéma) puis de béophile (à Radio Nova) ? Les deux sont liés ?

J'aime la musique et le cinéma depuis toujours. Comme beaucoup, Hitchcock m'a fait découvrir la mise en scène et le cinéma. Alors, de Hitchcock à Herrmann, il n'y a qu'un pas. J'ai grandi dans un environnement musical : je ne joue hélas pas d'instruments mais je suis allé au concert très jeune, y compris à l'opéra, au concert classique, à des concerts de rock. Image, musique, climat, tout est à mon sens lié.

Quelles sont tes BO favorites qui t'ont incitées à faire de la radio ?

Oh ! La liste est longue. Psychose d'Herrmann, La planète des Singes de Goldsmith, Bullittde Lalo Schifrin et toutes les BO de Barry pour James Bond .

Ce sont des musiques de film essentielles à mes yeux et oreilles : dés que j'ai eu l'opportunité de faire de la radio (en 84) j'en ai diffusé des extraits.

Peux-t-on diffuser de la BO à la radio (plaisir d'écoute, condition des radios, droit.. etc)

Il faut diffuser de la BO à la radio. D'abord, parce que ce n'est pas un genre musical : c'est une planète musicale ! On trouve de tout : du néo romantique, du dodécaphonisme, du jazz, de l'électronique, du rock. C'est un domaine qui permet d'ouvrir les oreilles de tout le monde, de dresser des ponts entre toutes les cultures. Je vois presque un rôle social et politique dans la musique. Evidemment, la musique de film a cette force là : elle abolit les genres, les frontières et les cloisonnements. C'est universel. Il serait difficile de passer du Brahms ou du Schonberg sur Nova, mais quand je passe du Rosza ou du Takemitsu, on en est pas loin !!!!!

Projets radiophoniques ? Passer à autre chose ?

Mon rêve aurait été de faire une émission de musique classique sur Radio Nova. Diffuser du rameau et du Debussy sur 101.5, le rêve. J'ai fais quatre demandes depuis quatre ans...

La compilation "Nova fait son cinéma" continuera t-elle ? Quel est pour toi l'intérêt d'une compilation de ce type ?

J'espère que ça va continuer, mais ça ne dépend pas seulement de moi. Il faut que tout le monde s'y retrouve. Sinon, l'intérêt du projet, c'est d'en faire une sorte "d'objet unique", un programme, quelque chose que seul le disque peut inventer. J'avais envie avec ce disque de pulvériser toutes les barrières entre les genres musicaux (encore !). Je ne sais pas si j'y suis arrivé.

La Conférence à la Cinémathèque française repose sur un enjeu très intéressant sur la musique de film: le rapport entre Musique de source et "score" qui s'avère plus complexe qu'il n'y parait, l'une diégétique l'autre non, parfois cela se mêle, et musique originale ou non, parfois des compositeurs composent la musique de source... etc...

Peux-tu révéler les enjeux de ce débat qui seront développés à la Cinémathèque ?

Il y a beaucoup d'enjeux : je ne suis ni universitaire, ni musicien. C'est une conférence où je compte poser plus de questions que de réponses ! Le croisement score/source me paraît être un enjeu du cinéma et de la musique de film. Mais de là à dire que j'ai le bagage intellectuel et technique pour y répondre... J'en doute !

Tu es l'invité d'une soirée avec « Objectif cinéma » autour de la projection deConversation Secrète et celle de ton court-métrage… quels sont pour toi les intérêts de la bande son dans le film de Coppola ?

Bon, d'abord « Objectif Cinéma » a voulu organiser une rencontre autour des parallèles , un film que j'ai terminé en 2004 et qui a eu l'honneur d'être nommé aux césars 2005. Ils m'ont demandé d'accompagner ce film d'un autre, quelque chose qui collerait à mon univers. Conversation Secrète , c'est le meilleur du cinéma européen et du cinéma américain à la fois.

La musique de David Shire pour ce film, c'est vraiment un modèle : le piano, avec toutes les variations possibles autour de l'instrument. Un minimalisme d'une élégance absolue.Conversation secrète , c'est un peu le film idéal pour moi : un film de suspense tendu et profond, sans effets, élégant et doux, tragique et prenant, absurde. J'adore ce film.

Envisages-tu de poursuivre dans la réalisation ? Quel sera la place de la musique de film dans tes propres films ? Avec quels compositeurs actuels aimerais-tu t'associer ?

Les Parallèles est un projet compliqué, qui dépassait la forme "classique" du court mètrage. Du coup, je voulais que la musique ne soit pas un simple commentaire, mais vraiment partie prenante du film : et en plus un des personnages du film, Benjamin, est musicien. Il fallait construire la musique à partir de tous ces éléments, à priori disparates. Très vite, je me suis dit que je voulais quelque chose d'assez ample pour ouvrir le film : j'ai pensé à Tchaikovsky, pour le climat, et aussi la texture très romantique de ses musiques qui annonce Herrmann et toute cette tradition. Mon choix s'est porté sur le dernier mouvement de la "pathétique", que je trouve très beau... C'était un peu le fantasme du score hollywoodien à la Waxman !
A cela s'est ajouté un autre thème de AIR, entendu pendant un ballet d'Angelin Preljocaj dont ils avaient composé la musique. Ils m'ont très gentillement prêté le morceau, que j'ai utilisé comme un "thème d'angoisse". Ensuite, je suis allé travailler en studio avec Nicolas Errera, qui a trouvé ce très beau thème à la guitare, qui m'évoquait un peu "L'ami américain". C'était émouvant de travailler avec lui, parce que nous nous connaissons depuis longtemps, et du coup, on se retrouvait dans le vif du sujet : je lui parlai d'atmosphères, il me jouait des accords au piano, on s'envoyait des mails. Vu le temps et les moyens dont nous disposions, je pense qu'on a réalisé une bande son assez sophistiquée par rapport à l'économie du court-mètrage. J'aurais voulu passer plus de temps au mixage, mais le temps très réduit m'en a empêché.

Le montage s'est d'abord fait sans musique ou presque, parce que je ne voulais pas me retrouver coincé par un fantasme, une tentation. Petit à petit, la musique a été ajoutée par couches. Et c'est quand Nicolas est arrivé que nous avons trouvé l'idée de mêler Tchaikovsky et le solo de guitare, ce qui d'une certaine manière renvoit au thème du film et de ses destins croisés. J'aime bien l'idée de travailler à partir de plusieurs sources : répertoire, musique originale. J'ai envie de poursuivre dans cette voie.
J'ai écris deux long-mètrages et j'espère bien les tourner bientôt !!!

Une actu prochaine, un projet, pas encore abordés ici ?

J'aimerais développer des choses pour la télévision, qui est un médium passionnant. Surtout souhaitez-moi de tourner un long métrage en 2006 !!!!!!

Entretien réalisé par Benoit Basirico 
Remerciement à Nicolas Saada de s'être prêté au jeu des questions.

 

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