“Comme une actrice”, en salle le 8 mars 2023, est le premier long métrage de Sébastien Bailly. Julie Gayet y incarne une actrice proche de la cinquantaine quittée par son mari (Benjamin Biolay) et prend l'apparence de différentes jeunes femmes pour le reconquérir. C'est à la fois un film sur le deuil d'un amour et un film de métamorphose. La partition de Laurent Levesque épouse alors le tourbillon des différentes personnalités avec des cordes et un orgue.
Antoine Glatard a reçu le Prix Cinezik et le Prix Expérimental du Jury lors du concours Original Soundtrack Challenge qui s'est tenu le dimanche 29 janvier 2023 à 19h30 à l'Opéra de Clermont-Ferrand, dans le cadre du Festival du Court-Métrage. Cette occasion permet de découvrir ce chef d'orchestre devenu compositeur pour l'image. Dans le cadre du concours, il a pu composer la musique d'un court-métrage expérimental intitulé "Sisters" de Daphne Lucker. Il a également signé la musique d'un documentaire "Sauvons les enfants" de Catherine Bernstein, diffusé sur France 2 et France 3.
Irène Drésel a été nommée à la meilleure musique pour les Prix des Lumières 2023 et a gagné la statuette des César 2023 pour sa partition du film À PLEIN TEMPS de Eric Gravel (sorti en mars 2022), chronique sociale avec Laure Calamy. Artiste de musique électronique, elle signe là sa première BO avec une partition sensorielle au service du quotidien stressant du personnage féminin central, à partir de pulsations continues soumises à de discrètes fluctuations. Cette musique électronique répétitive s’accorde parfaitement avec l'intériorité du personnage.
David Menke a été l'assistant de Gabriel Yared, Nathaniel Mechaly, Grégoire Hetzel, Klaus Badelt, élève du Conservatoire de Paris (CNSMDP), il enchaine les projets en France avec notamment sa première grosse production pour "Belle et Sébastien : nouvelle génération" de Pierre Coré (en salles depuis octobre 2022), et une partition symphonique proche de l’épopée.
L'immense compositeur et trompettiste de jazz américain Mark Isham ("Nell", "Blade", "Judas and the Black Messiah", "Le Dahlia Noir") est (avec Bruno Coulais) l'invité d'honneur de la 22e édition des World Soundtrack Awards. La liste des grands réalisateurs avec lesquels il a travaillé au cours de sa carrière est impressionnante : Brian de Palma, Robert Altman, Robert Redford, Werner Herzog, Gillian Armstrong, Karel Reisz, Kevin Reynolds, Jodie Foster, Kathryn Bigelow, Barbet Schroeder, Peter Medak, Mike Figgis, Irwin Winkler, William Friedkin, Paul Haggis, Sidney Lumet, Gavin O'Connor... Dans le cadre de sa venue le 22 octobre 2022, un hommage lui est rendu en concert. Le Brussels Philharmonic, dirigé par le maestro Dirk Brossé, joue une sélection de ses œuvres. C'est à l'occasion de cette invitation que Martin Mavilla pour Cinezik lui a posé quelques questions en visio, un moment dont le temps imparti par les organisateurs ne nous a pas permis de revenir sur l'ensemble de son parcours, mais nous permet malgré tout d'apprécier sa générosité et son lien à la musique de cinéma.
Avec MI IUBITA, MON AMOUR (à l'affiche le 27 juillet 2022), Saycet (Pierre Lefeuvre, compositeur français de musique électronique) signe la musique de la première réalisation de l'actrice Noémie Merlant avec une guitare manouche (jouée par Benjamin Raffaeli) pour illustrer le milieu des gitans, et une electro planante pour le bord de mer et le soleil qui éblouit, une musique solaire et romantique pour accompagner la naissance d'un amour.
Amine Bouhafa signe la musique du film de Cristèle Alves Meira sur une jeune fille hantée par l’esprit de sa grand-mère disparue, au creux des montagnes portugaises. La partition éthérée (cordes, flûte, glass harmonica) représente la part invisible du film liée à la sorcellerie. Pour le contexte géographique, le Alma Viva Band réunit des musiciens locaux, incluant quelques chansons interprétées à l'image.
Sur le thriller franco-espagnol AS BESTAS (présenté à Cannes Première, au cinéma le 20 juillet 2022), Olivier Arson retrouve Rodrigo Sorogoyen après "Que Dios nos perdone" (2017), "El Reino" (2019) et "Madre" (2020). Pour faire exister les intimidations de voisins malveillants à l'égard d'un couple français (Marina Fois, Denis Ménochet) installé en Galice au milieu de la forêt, le compositeur convoque des percussions qui interviennent subitement au milieu d'une scène comme pour destabiliser une serenité, et entreprennent une progression de plus en plus angoissante. S'invite aussi le violoncelle.
Avec le film policier crépusculaire LA NUIT DU 12 (présenté à Cannes Première, au cinéma le 13 juillet 2022), Olivier Marguerit fait la rencontre de Dominik Moll. Il s'agit d'une enquête policière (menée par un agent de la PJ - Bastien Bouillon) pour élucider le meurtre d'une jeune fille. Mais cette intrigue laisse place aux démons intérieurs de chaque témoin, à des fantômes invisibles qui amènent une dimension fantastique. La partition propose alors un thème vocal et des cordes au mouvement indolent, partagée entre les pulsions de mort et de vie, à la fois sombre et lumineuse. On y entend par ailleurs trois chansons originales.
Mike & Fabien Kourtzer signent la musique du premier film colombien de Fabian Hernandez sur Carlos, 16 ans, confronté au rite de passage pour devenir un homme dans les rues dangereuses d'un bidonville de Bogota. La partition exprime les dangers de la ville à travers des textures rugueuses (avec une tension de polar), et soutient les déambulations du personnage par des sonorités plus aériennes (guitare, piano, et même des cloches pour évoquer une enfance perdue). Aussi, pour s'associer aux titres de hip-hop entendus par les personnages, les compositeurs entretiennent cette dimension urbaine par des éléments percussifs et lourds.
Mike & Fabien Kourtzer signent la musique du premier film colombien de Fabian Hernandez sur Carlos, 16 ans, confronté au rite de passage pour devenir un homme dans les rues dangereuses d'un bidonville de Bogota. La partition exprime les dangers de la ville à travers des textures rugueuses (avec une tension de polar), et soutient les déambulations du personnage par des sonorités plus aériennes (guitare, piano, et même des cloches pour évoquer une enfance perdue). Aussi, pour s'associer aux titres de hip-hop entendus par les personnages, les compositeurs entretiennent cette dimension urbaine par des éléments percussifs et lourds.
Chloé Thévenin ("Arthur Rambo") fait la rencontre de Thomas Salvador sur cet exil en montagne, ce bivouac en altitude, cette immersion fantastique, et cette romance. Ses notes electroniques aériennes, amples, illustrent l'aspiration du personnage pour les sommets enneigés tout en convoquant la part invisible des sentiments et une présence celeste.
Robin Coudert signe la musique du premier film de l'artiste libanais Ali Cherri tourné au Soudan, près du barrage de Merowe. La partition joue avec les éléments (l'eau, la terre d'argile, le feu...), dans un mélange de sonorités lourdes et aériennes. Elle apparait parcimonieusement pour relater le périple du personnage dans le désert.
Présenté à Un Certain Regard, PLAN 75 a reçu la Mention Spéciale de la Caméra d'Or. Rémi Boubal signe la musique du premier film franco-japonais de Chie Hayakawa, avec une partition parcimonieuse de cordes, de piano, flûte, exprimant une douceur, en contraste avec le récit habité par la vieillesse et l'approche de la mort, autour du projet politique d'accompagnement logistique et financier pour mettre fin à ses jours. Le silence est pesant dans une mise en scène contemplative. La musique représente alors le nouvel espoir pour les personnages.
Avec TOUT LE MONDE AIME JEANNE (au cinéma le 7 septembre 2022), Flavien Berger signe la musique du premier film de Céline Devaux, une comédie sur une femme en depression (Blanche Gardin) qui rencontre un homme fantasque (Laurent Lafitte). Comme les scènes d'animation qui représentent la pensée du personnage, la musique relate son intériorité, son désespoir, mais avec légèreté par ses sonorités electroniques aériennes. Un aspect fantastique et de conte se dégage de cette partition décalée. Le compositeur a aussi pris en charge les chansons de la chorale d'enfants (dont une représentation cloture le film).
Avec LES CINQ DIABLES (au cinéma le 31 août 2022), Florencia Di Concilio retrouve Léa Mysius après "Ava" (2017) avec ce film fantastique sur une jeune fille étrange et solitaire, Vicky, qui a le don de tracer l'origine de toutes les odeurs. La partition prolonge ce sixième sens avec des percussions (presque vaudou ou chamanique) tout en soutenant un climat angoissant (celui entourant un lac de montagne isolé ainsi qu'une dimension de film d'horreur enrichie par les surgissements sonores).
Grand Prix de la Semaine de la Critique, LA JAURIA est un thriller colombien de Andrés Ramírez Pulido sur l'incarcération du jeune Eliú dans un centre expérimental pour mineurs au cœur de la forêt tropicale colombienne. Pierre Desprats signe une musique qui contribue par ses nappes à nous faire ressentir l'ambiance moite de la forêt, le climat de torpeur, tandis que des percussions primitives marquent la sauvagerie des soudains instants de violence. Par ailleurs, une présence vocale instaure une étrangeté.
Laetitia Pansanel-Garric signe la musique de ce drame ukrainien, premier film de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk. La relation émouvante entre un père et son fils est soutenue délicatement dans une scène par un celesta, en contraste avec un contexte violent, en tension permanente. Le récit évolue jusqu'à une scène de carnaval qui permet à la compositrice de concevoir une musique percussive envoutante, à la dimension folklorique, qui se déploie, pour une pleine immersion, favorisée par l'usage du plan séquence.
Frederic Alvarez signe la musique du drame franco-belge de Emmanuelle Nicot sur une fille de 12 ans (Zelda Samson) qui est brusquement retirée du domicile paternel en raison de violence subies. Face à cette dureté et à ce personnage refermé sur lui-même, la partition aérienne joue la douceur pour marquer son parcours intérieur vers une émancipation et se déploie jusqu'au procès final.
Amine Bouhafa signe avec SOUS LES FIGUES la musique du premier film tunisien de Erige Sehiri sur des femmes qui travaillent à la récolte des figues et qui parlent de leur désir, le temps d'une journée sous les arbres. Au milieu des sons de feuilles qui bruissent et des oiseaux, la partition épurée intègre la harpe pour la dimension bucolique, jouant la parenthèses enchantée lors des instants de repos, intervenant lors des moments de déplacements, jamais pendant les dialogues.
Interview BO : Antoine Glatard (Chef d'orchestre et compositeur) a reçu le Prix Cinezik à l’OST Challenge 2023
Interview B.O : Irène Drésel (lauréate des César) pour À PLEIN TEMPS de Eric Gravel
Emission Aligre FM (Septembre 2022) : Thierry Jousse (Dictionnaire enchanté de la musique au cinéma) [Podcast à écouter]