Interview B.O : Claude Bolling revient sur le thème de BORSALINO

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Interview réalisée à Auxerre le 17 novembre 2008 par Benoit Basirico - Publié le 30-12-2009




Figure discrète et élégante de la musique de film française des années 70 et 80, le pianiste et jazzman Claude Bolling, né en 1930, excelle dans le registre du polar dés Du mou dans la gâchette (1966) de Louis Grospierre, Qui ? (1970) de Léonard Kiegel, et surtout Borsalino (1970) qui marque une rencontre décisive avec le cinéaste Jacques Deray qui restera son réalisateur de prédilection. Philippe de Broca l’invite sur sa comédie parodique Le Magnifique (1973).  On peut citer Edouard Molinaro, Jean Girault, ou encore Claude Pinoteau  parmi les réalisateurs qui lui ont confié des partitions.

Cinezik : Comment avez-vous été amené à composer de véritables Score alors que votre inspiration provenait du jazz ?

Claude Bolling :
 Au départ, je ne faisais que du jazz en effet. Les premières musiques de film qu'on m'a demandées de faire étaient donc teintées de jazz, de L'HOMME A FEMME aux MAINS D'ORLAC. Je n'avais pas encore écrit ou travaillé pour un orchestre symphonique. Et quand René Clément m'a demandé de faire la musique du JOUR ET L'HEURE, j'ai ressenti que le film avait besoin de cordes, je me suis ainsi investi dans ce style plus orchestral. Mais au départ, je ne m'étais évidemment pas préparé à cela. 

Vous qui avez écrit une majorité de disques pour le jazz et la variété, pensez-vous faire une oeuvre personnelle pour le cinéma ?

C.B : 
La musique pour un film, c'est essayer d'exprimer l'inexprimable, parfois de manière illustrative, parfois complémentaire, mais dans tous les cas, la bonne musique de film est celle qui peut se dérouler comme une histoire parallèle et qui peut donc se rejouer après la projection, comme lorsque je réadapte mes thèmes pour le concert.

Que pensez-vous de l'improvisation liée au jazz dans votre travail ?

C.B :
 C'est une erreur de penser que le jazz, c'est l'improvisation, il y en a aussi dans la musique arabe, chinoise, indienne, sud-américaine... C'est une part de l'exécution de la musique mais ce n'est pas sa base. 

Et y a t-il de l'improvisation dans la musique de film, face aux images ?

C.B :
 Tout dépend de quel travail il s'agit. S'il y a une séquence sur laquelle on donne toute liberté à un soliste improvisateur, c'est possible. 

Concernant vos thèmes de films, nous gardons en tête celui de BORSALINO, quelle est son origine ?

C.B :
 C'est la musique la plus fameuse que j'ai faite mais le thème de BORSALINO avait été fait pour un disque de variété, un producteur ami m'avait demandé de faire une chose gaie, de "jungle", pour un disque qu'il avait l'intention de produire. Puis lorsqu'Alain Delon et Jacques Deray m'ont contacté pour ce film de gangster, ils ne me connaissaient pas vraiment, je leur ai donc envoyé des disques, dont celui-ci. Ils aimaient le piano mécanique et ont voulu l'utiliser tel quel. Ils ont du payer les droits. C'est donc un thème qui a été adopté par le cinéma mais qui avait été fait avant. Ce devrait être plus souvent le cas, comme au ballet ou au cirque pour que les chorégraphes en prennent connaissance pour adapter leurs mouvements. 

Ce thème célèbre a un peu occulté vos autres BO... qu'en pensez-vous ?

C.B : 
J'en ai faite tout de même presque 90 autres. Je n'ai que des bons souvenirs, chaque réalisateur a un caractère différent et j'ai appris à m'adapter aux univers, celui de Jacque Deray est différent de celui de De Broca qui est différent de celui de Michael Newell. J'ai essayé d'être leur complément indispensable. 

Pourquoi faites-vous moins de partitions de cinéma depuis quelques années. Vous avez laissé tomber ? 

C.B :
 On ne m'en demande plus, ce n'est pas un choix. Lorsqu'on me demandai de faire beaucoup de musiques de film, je ne savais pas en faire. Maintenant que j'ai plus d'expérience, on demande à ceux qui n'en ont pas.

Interview réalisée à Auxerre le 17 novembre 2008 par Benoit Basirico

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