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Thomas Bardinet  

Thomas Bardinet

Thomas Bardinet aime filmer l'enfance et l'adolescence et le rapport aux adultes ("La Petite mêlée", "Les Petits poucets", "Les Ames câlines"...) et propose en 2012 un film sur l'adolescence du chanteur Nino Ferrer, NINO, UNE ADOLESCENCE IMAGINAIRE DE NINO FERRER, dont il a écrit la partition de piano.

Filmo

Liste non exhaustive, apparaissent les films présents dans notre base :

 La sorcière et le martien (2023)
- Film - BO : Thomas Bardinet


 Nino (Une adolescence imaginaire de Nino Ferrer) (2012)
- - BO : Thomas Bardinet


 Les Petits Poucets (2008)
- - BO : Thomas Bardinet


 

Interview
A propos du film NINO, UNE ADOLESCENCE IMAGINAIRE DE NINO FERRER
 

 

Voir la vidéo de l'interview en bas de page

Cinezik : A quel niveau les chansons de Nino Ferrer sont intervenues dans le processus ?

Thomas Bardinet : Le scénario part vraiment des chansons, celles-ci ont inspiré le scénario. Il y a eu des hésitations, des chansons qui ne sont plus dans le film, petit à petit j'ai réduit. Je me suis imposé dés l'écriture la contrainte économique de pouvoir faire le film tout seul.
Quand les personnages parlent de l'adolescence face caméra et donnent des impressions poétiques, pas du tout naturalistes, ce sont des moments qui s'apparentent à de la poésie. Ce personnage de Nino Ferrer, au moment où je le prends, il ne sait pas qu'il va devenir chanteur. Il a une verve poétique, mais il ne sait pas ce qu'il va en faire.

Qu'en est-il de la musique originale que vous avez composez ?

T.B : En faisant la musique du film, il y avait l'idée de me confronter à un chanteur, Nino Ferrer. C'est presque comme un accompagnement pour film muet, au piano, un peu maladroit.

Comment votre musique a évolué au stage du montage ?

T.B : La musique arrange tout au stade du montage, mais c'est un piège, car la musique est bien souvent mieux que ce que l'on a tourné, elle passe au-dessus, donc je m'en méfie quand même beaucoup. J'ai plutôt tendance à me freiner. Mais à un moment, il y a une évidence. Les endroits de la musique ont varié. J'ai écrit le thème général avant le tournage et il y a eu des variations de ce thème, comme un refrain, et j'ai joué sur ces échos.

Pourquoi ce désir d'écrire vous-même la musique ? Que pensez-vous de l'idée de collaborer avec un autre musicien ?

T.B : C'est amusant de trouver un thème. Je travaille de façon très artisanale. Ca se fait très vite, dans un aller-retour entre le piano et la salle de montage. Il y a un côté très ludique. Le film n'est pas sur Nino Ferrer, ni sur moi, mais il y a des moments où j'ai envie d'être là par ce piano. Les gens ne savent pas forcément que c'est moi qui ait fait la musique, mais c'est une façon d'ajouter un personnage, celui qui fait le film.
Mais sinon, la musique de mon premier film (LE CRI DE TARZAN, 1996) était composée par Dick Annegarn (Ndlr : chanteur folk néerlandais), il n'avait jamais fait ça, j'aimais ses chansons, donc travailler avec lui était un petit cadeau.
Mais j'aime tellement la musique que j'aime mettre le nez dedans. Il m'est arrivé de démarrer un travail avec un très bon compositeur mais j'ai senti très vite que je n'allais pas pouvoir intervenir, c'est une question de pouvoir aussi. Avec Dick, ça s'est très bien passé car je lui ai imposé l'orchestration, je voulais une seule guitare, ce qui a permis de retravailler la musique. Mais c'est la même chose avec un bon décorateur, ou un acteur, il amène quelque chose que je n'ai
pas inventé. Le cinéma est un art collectif. Ce qui est différent avec la musique c'est que c'est un art majeur, ancestral. Le niveau musical de base des films à Hollywood est incroyable. Et tout d'un coup, cet art majeur doit être mis au service d'un autre qui est moins noble. Il y a ainsi un problème d'ego problématique entre un musicien et un cinéaste.

En voyant les passages chantés dans NINO, on pense à la comédie musicale...

T.B : La partie chantée en playback dans NINO où il y a un décalage entre la voix de Ferrer à 40 ans et le visage de l'adolescent me renvoie au fonctionnement de la comédie musicale américaine. Il y a quelque chose d'irréaliste, des morceaux de bravoure qui résument un destin. Les chansons dans NINO sont des projection dans l'avenir, on entend le chanteur alors que le personnage ne sait pas qu'il va le devenir.

Vous êtes-vous documenté sur les années où Nino Ferrer était adolescent ?

T.B : A partir du moment où je me suis intéressé à Nino Ferrer adolescent, je me suis dit que les années 50, ça allait être compliqué. Mais en même temps, ma caméra n'était pas des années 50, ni les acteurs, pourquoi ne pas se dire que le temps du film lui appartient. Je me suis accordé le droit de donner des références à ces années-là, mais ce sont mes années 50, que je n'ai jamais vécu, mais c'est fantasmatique, avec la naissance du rock, une culture importante pour moi.

Quelles sont les musiques que vous écoutiez à 16 ans ?

T.B : J'écoutais beaucoup Frank Zappa, c'était l'idole de mon grand frère qui avait imposé cela. Zappa était un personnage qui clivait, il y avait ceux qui aimaient et ceux qui détestaient, et j'aimais dans une soirée où les gens voulaient danser mettre du Zappa où la rythmique change toutes les 15 secondes. C'était très jouissif. Et j'écoutais aussi du jazz (John Coltrane), j'allais en concert de rock et de musique classique.

Interview réalisée à Brive le 14 avril 2012 par Benoit Basirico
Remerciements à Karine Durance et le Festival du Moyen-métrage de Brive.

 

 

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