Lucas Vidal, le compositeur espagnol qui monte

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- Publié le 18-06-2012




Après l'avoir découvert en 2011 sur le film de son compatriote espagnol Jaume Balaguero MALVEILLANCE, nous le retrouvons aux Etats-Unis en 2012 avec deux autres films d'horreur : SANS ISSUE et L'OMBRE DU MAL (The Raven). En 2013, il sera au pupitre de la nouvelle production horrifique de la Hammer, THE QUIET ONES. Nous lui prévoyons un bel avenir dans la musique de film mondiale.

Cinezik : Comment est venu votre désir de composer de la musique pour le cinéma ?

Lucas Vidal : J'ai commencé à étudier le piano et la flûte à 4 ans. J'ai été formé à la musique classique mais depuis mon plus jeune âge j'adore improviser sur des scènes de films. Je me suis intéressé à la réalisation et je l'ai même étudié pendant quelques années. Quand j'avais 16 ans, j'ai été au Berklee College of Music un semestre d'été pour jouer du saxo et j'ai été introduit au département de musique de film.

Qu'avez-vous appris au Berklee College of Music concernant le travail sur la musique de film ?

L.V : J'ai beaucoup appris là-bas. Je n'aurais été nulle part ailleurs si ce n'était pas pour Berklee. Tout d'abord, j'y ai rencontré mon partenaire dans les affaires, Steve Dzialowski, qui a étudié le business de la musique. Nous avons commencé à travailler ensemble sur plusieurs projets et avons décidé de créer une entreprise, Music and Motion Productions, alors que j'étais encore à Berklee. Maintenant, nous prenons deux stagiaires chaque semestre, nous gardons une relation très proche avec l'école.

Avez-vous commencé, comme la plupart des compositeurs, par l'orchestration pour les autres ?

L.V : J'ai eu un départ peu commun. Steve et moi avons décidé de créer une entreprise et de commencer à partir de rien. Tandis que j'étais à Berklee, nous avons eu notre premier concert, et j'ai enregistré en 2006 un score pour un long-métrage ("Cathedral Pines" de l'américain David Horgan) avec un orchestre de 80 musiciens. Ensuite, nous avons été à New York où j'ai assisté aux cours de la Julliard School of Music et j'ai travaillé sur quelques téléfilms pour NBC Universal et des projets européens. Finalement, nous avons décidé d'aller à Los Angeles il y a trois ans, où les choses on évolué assez rapidement.

Pouvez-vous expliquer pourquoi vous travaillez essentiellement pour des films d'horreur, à l'ambiance sombre ?

L.V : Jusqu'à présent j'ai travaillé sur des projets sur lesquels je pensais que je pouvais beaucoup apprendre, en raison d'une collaboration avec des réalisateurs tels que Brad Anderson, James Mc Teigue, ou Jaume Balaguero. J'aime apprendre et c'est la première raison pour laquelle je veux travailler sur un film. Je viens de commencer un drame, et juste après un film d'action avec un happy end, ce qui sera un beau changement. Je ne peux pas en dire plus pour l'instant, c'est en cours.

A propos de 2012, parlez-nous de votre rencontre avec Mc Teigue pour THE RAVEN ? Quel a été le dialogue entre vous à propos de la musique ? Quelles étaient ses intentions ?

L.V : Travailler avec James était juste une expérience fantastique. Il était extrêmement impliqué à chaque étape, de la composition au mixage. Il est perfectionniste et j'ai tellement appris de lui. Il avait des idées fortes sur la musique qu'il voulait pour son film, mais m'a donné beaucoup de liberté. Il ne voulait pas d'un véritable thème alors nous avons travaillé sur quelques motifs de guitare électrique et créé un score non traditionnel avec des éléments orchestraux et électroniques. Nous avons beaucoup joué au ping pong durant le travail. Il est un adversaire redoutable !

De même, quelles étaient les discussions avec Mabrouk El Mechri pour THE COLD LIGHT DAY ?

L.V : J'ai commencé à travailler avec Mabrouk quand il tournait. Je suis allé sur le plateau pendant un certain temps et il m'a donné beaucoup d'idées. Nous avons décidé qu'un grand son orchestral avec des éléments électroniques, une musique qui pourrait aider l'histoire et pousser l'action vers l'avant. Nous avons enregistré à Abbey Road studio 1, ce qui était comme un rêve devenant réalité.

Préférez-vous intervenir tôt sur un projet, au moment du scénario, ou avez-vous besoin des images pour l'inspiration ?

L.V : J'aime être impliqué aussi tôt que possible. Pour VANISHING ON 7TH STREET, j'avais composé plus de 60 minutes de musique seulement avec le scénario. Je crois vraiment que la musique de film est une collaboration entre le compositeur et le réalisateur et plus vous commencez tôt, mieux c'est. J'aime essayer différents thèmes et sonorités jusqu'à ce que nous ayons le bon morceau.

Que pensez-vous du temp track, cette musique temporaire placée par les monteurs avant l'implication d'un compositeur ?

L.V : Cela dépend comment c'est utilisé. Je comprend que cela soit important pour les producteurs mais je suis toujours très vigilant de rester libre par rapport à cela. Cela dit, je travaille en ce moment sur un film où je suis impliqué sur le temp track, le monteur musique prend certaines de mes démos et nous avons une vraie discussion avec le réalisateur au sujet de cette musique. Dans ce cas, c'est très utile pour tout le monde.

Avez-vous des relations avec d'autres compositeurs espagnols (Roque Banos, Javier Navarette, Alberto Iglesias ...) ? Que pensez-vous de leur travail ?

L.V : J'ai de très bonnes relations avec tous les compositeurs espagnols. Nous sommes une très petite communauté. Je suis un ami proche de Javier Navarette et j'étais très triste quand il est retourné en Espagne l'an dernier. Je suis très heureux pour lui car il fait de très bonnes choses. J'adore aussi Alberto Iglesias, que je considère comme un génie. Il est aussi la personne la plus gentille et humble que je connaisse.

Quels autres compositeurs contemporains vous intéressent ?

L.V
: Je suis un grand fan d'Alexandre Desplat, je pense que sa musique est simplement étonnante et sa palette d'orchestration est surréaliste. Il est un véritable compositeur avant d'être un compositeur de musique de film. J'aime beaucoup Alan Silvestri aussi. Pour lui, j'ai dirigé le Boston Symphony Hall pour un concert de ses musiques il y a quelques mois, et je dois dire que c'est une personne merveilleuse.

Quelles sont vos influences ?

L.V : J'ai étudié la musique classique toute ma vie, et c'est vraiment ce que j'aime le plus. Mais j'ai écouté tellement de musiques de films que je dois avouer qu'elles ont une grande influence sur moi aussi. J'aime également beaucoup la musique électronique. En ce moment je suis en train de finir un film ("Afterparty" de Michelle Ouellet) pour lequel j'écris seulement du "dubstep".

Avec quels réalisateurs souhaiteriez-vous travailler ?

L.V : Il y a des tonnes de réalisateurs avec lesquels j'adorerais travailler, la liste est longue ! Les réalisateurs comprennent tellement mieux le film que nous et ont une vision plus large de ce que le film a essentiellement besoin. J'ai été très chanceux de travailler avec des réalisateurs qui avaient précédemment collaboré avec les meilleurs compositeurs.

Vous serez au Festival de musique de film de Cordoba (qui se déroulait à Ubeda les autres années), qu'avez-vous préparé pour cet évènement ?

L.V : Je suis un grand fan de ce festival à Ubeda, et j'aimais ce qu'ils faisaient là-bas. C'est étonnant de voir autant de fans se rassembler pour la musique de film. Je suis très excité. Je vais y donner une conférence au sujet des différences entre le travail sur des projets américains et européens.

Quelles sont vos musiques écrites en dehors du cinéma ?

L.V : Ce que j'aime le plus, même plus que la musique de film, c'est composer pour le ballet. J'ai travaillé avec le Providence Ballet et le Boston Ballet, et je ne peux pas en attendre davantage. Cela m'aide beaucoup de comprendre le rythme. J'ai beaucoup de membres de ma famille qui sont danseurs dans quelques-unes des meilleures compagnies du monde, donc je suis impliqué dans le ballet depuis longtemps.

Interview réalisée par Benoit Basirico
Traduction de l'anglais : Floriane Jenard

 


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