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Reportage : Nous avons visité les Studios de Hans Zimmer (Remote Control) et de Christopher Young

young,zimmer, - Reportage  : Nous avons visité les Studios de Hans Zimmer (Remote Control) et de Christopher Young

- Publié le 06-10-2012




Remote Control est le Studio que Hans Zimmer a fondé en 1989 (initialement appelé Media Ventures, puis renommé dés 2003 après une dispute avec son associé Jay Rifkin) et qui a donné lieu aux plus importantes BO d'Hollywood depuis 20 ans et a fait naître les compositeurs les plus actifs du moment : John Powell, Klaus Badelt, Harry Gregson-Williams... Hans Zimmer y conçoit toutes ses musiques (Dark Knight inclus), aidé par ses équipes d'orchestrateurs sur place (dont fait partie Guillaume Roussel - voir notre récente interview de ce français à Hollywood). Autre visite : le Studio de Christopher Young.

Remote Control - Studios de Hans Zimmer

- Lire aussi notre Interview de Guillaume Roussel, le français qui travaille avec Hans Zimmer à Remote Control.

C'est au coeur de Santa Monica, à quelques kilomètres de la plage, que Hans Zimmer a fondé son studio vers 1989. Situé au coin de Colorado Avenue et de la 14ème rue, dans un quartier tranquille et souvent ensoleillé de l'agglomération de Los Angeles, côtoyant quelques pavillons de banlieue, il est difficile de croire que se situe ici l'un des plus influents centre de création musicale d'Hollywood. Aucune plaque n'indique le moindre studio.

C'est une fois à l'intérieur, après avoir montré patte blanche, que l'on découvre quelques affiches de films encadrées et accrochées sur des murs en parpaing apparents. Dans tous les couloirs, on peut voir les affiches des films mis en musique par Hans Zimmer depuis plus de vingt ans, une sacrée collection de plusieurs dizaines de cadres impeccablement alignés, tandis qu'au sol on croise parfois des ordinateurs au rebut, des câbles qui traînent, et des coffres à instruments qui nous rappellent que nous sommes bien dans un studio de musique. Dans les bâtiments règne une atmosphère studieuse et une odeur de plastique chauffé, signe qu'ici les ordinateurs sont nombreux et tournent à plein régime 24 heures sur 24.

 

Photo : Remote Control vu par Street View : à gauche, en brique, le premier bâtiment de ce qui fût Media Ventures, et toujours actuel studio de Hans Zimmer. A droite, l'un des 4 autres bâtiments qui composent le complexe Remote Control.

Au bâtiment « historique » de ce qui fut autrefois le studio Media Ventures, qui se distingue encore de ses briques rouges, et qui accueille toujours le studio personnel de Hans Zimmer, ainsi que celui de Jim Dooley, se sont ajoutés au fil des années les bâtiments adjacents. Aujourd'hui, Remote Control est un complexe de cinq immeubles, une quinzaine de studios pour autant de compositeurs, un studio d'enregistrement pouvant accueillir jusqu'à 15 musiciens, un complexe de mixage, une salle dédiée au développement et à la recherche de samples pour Hans Zimmer (considérés comme les meilleurs au monde), ainsi qu'une cuisine collective toute équipée et même une salle de bains, car ici, en période de bouclage, il est fréquent que les équipes passent des nuits blanches et que les compositeurs restent sur place de longues heures, souvent à des horaires indécents pour la vie de famille ! Aux heures de grand rush, il n'est pas rare que des assistants et techniciens s'affairent dans les moindres recoins du studio, branchant des ordinateurs jusque dans les couloirs et travaillant à même le sol. Cela dit, la plupart du temps, chaque résident a son studio personnel tout équipé, conservant l'intimité nécessaire à la création d'une musique de film, tout en profitant des atouts du studio. Ici on peut tout partager : expérience, techniciens, matériel, solistes ou instrumentistes, et même la climatisation ! Par exemple, dans le studio du français Guillaume Roussel, la clim se partage avec deux autres studios ! A chacun de switcher en fonction de sa présence !

Photo : Sous cette carapace austère se cache un complexe moderne et confortable de plusieurs studios high-tech, dont celui de Guillaume Roussel. Et à l'étage, une mini-terrasse pour faire une pause café/cigarette.

Aujourd'hui, il est samedi, et il n'y a pas beaucoup de monde. C'est un week-end prolongé avec un lundi férié (le « Memorial Day ») et on est entre deux films. Deux compositeurs résidents jouent au billard dans la salle de détente, rappelant l'ambiance des studios Pixar. Le gros blockbuster de l'été, THE DARK KNIGHT RISES, est en mixage. Plusieurs techniciens sont enfermés dans un autre studio. Apparemment, c'est long et fastidieux, car Hans Zimmer exige un mixage précis et complexe. D'ailleurs, le maitre des lieux est là. Comme tous les jours. Hans Zimmer vient au studio Remote Control chaque jour de la semaine, même le dimanche et les jours fériés, incluant le jour de Noël s'il le faut ! Ce bourreau de travail a un emploi du temps surchargé et il est très sollicité (raison pour laquelle nous n'avons pas pu le rencontrer) car en plus de composer, il supervise de nombreux projets, encadre de nombreux compositeurs et assistants, consacre du temps à la recherche musicale et se documente longuement sur Internet. Cette vie très active, où il se positionne à la fois comme compositeur, manager musical et tête chercheuse, l'autorise à bénéficier d'un chauffeur et d'un cuisinier personnels, comme les plus grandes stars d'Hollywood.

Quelques photos du studio personnel de Hans Zimmer sont disponibles sur la toile à cette adresse.

En voici une :

 

Autre ambiance, autre style : le studio de Christopher Young

- Lire aussi notre interview fleuve de Christopher Young (Madrid 2006)

A 15-20 minutes à peine en voiture des studios Remote Control se trouve le studio de Christopher Young, près de Venice. L'ensemble est forcément plus modeste (un petit immeuble, partagé avec d'autres sociétés) mais largement plus personnalisé que le complexe de Hans Zimmer. Chris Young accumule ici une grande collection d'objets délirants, la plupart ayant un rapport avec le cinéma d'horreur et les fêtes d'Halloween ou de Noël ! Une étagère entière exhibe une collection de globes à neige en tous genres, avec quelques figurines horrifiques. Une autre est consacrée à des objets et figurines de Noël. Un mur est décoré de cadres avec des photos d'acteurs de films bis des années 40 et 50, tandis qu'une bibliothèque empile des livres en tous genres, sur le cinéma, la musique, les figurines et objets vintage, l'ésotérisme et les religions, bref, tout ce qui pourrait inspirer de près ou de loin le compositeur pour mettre en musique les films sur lesquels il travaille, en majorité des films d'horreurs ou de thrillers, genre qu'il affectionne depuis toujours et dont il est devenu le maitre incontestable à Hollywood. Lors de notre visite, le propriétaire des lieux est en déplacement (mais nous l'avions déja rencontré pour un long entretien à lire sur le site), c'est Laura, l'une de ses assistantes, qui nous reçoit aussi chaleureusement que Chris lui-même l'aurait fait.

Cette petite salle des horreurs amusante est le lieu où le compositeur reçoit les réalisateurs et productions pour ses réunions. Tout de suite, on est dans l'ambiance ! On comprends aussi que Chris Young soit un sacré personnage qui aime le second degré et le genre horrifique pour ce qu'il a de divertissant et de décalé. Un piano est installé dans un coin de cette salle mais il ne sert pas à composer. Chris Young dispose d'un petit bureau personnel attenant à cette salle dans lequel on ne trouve aucun ordinateur, seulement un bureau avec un combi-vidéo VHS-DVD et un autre piano. Aux murs, il y a une grande collection de disques (CD et vinyles), dont pas mal d'œuvres classiques et contemporaines. C'est ici, nous dit-on, que Young crée les thèmes de ses musiques en fonction des images et note les « sketches » (brouillons de partitions) qu'il transmet ensuite à ses collaborateurs en vue d'une orchestration plus détaillée. Ceux-ci sont en nombre variable, dans une salle à coté où se trouvent quatre stations de travail. Chacun s'occupe d'une tache précise, tantôt imprimant des partitions en vue de l'enregistrement pour l'orchestre, tantôt travaillant sur son ordinateur avec un casque vissé aux deux oreilles. On retrouve ici l'atmosphère studieuse de Remote Control mais dans un « open-space » moins intime, peut-être plus convivial, quoiqu'exigu. Ici aussi, aux heures de rush, l'effectif peut augmenter significativement. La petite salle de bain et la cuisine sont aussi de rigueur. Sur le frigo, on peut lire « Tous les sodas sont en commun, ce qui n'est pas un soda dans ce frigo est à quelqu'un ! ». Dans un recoin de l'étage, Chris Young stocke également toutes ses partitions d'orchestre dans un placard, et sa collection de DVD.

Un étage plus bas se trouve le studio à proprement parler comprenant une pièce avec un ordinateur, des enceintes et un grand écran, ce qui permet à Chris Young de faire écouter les démos de ses musiques aux réalisateurs avec une qualité proche du résultat final, puis un petit studio d'enregistrement, juste à coté, avec un piano à queue et une quantité de babioles musicales en tous genres : Mellotron, pianos-jouets, percussions, instruments exotiques, en bois, en plastique ou en métal, tout ce qui peut produire un son est ici stocké et utilisable, reflet du goût personnel du compositeur pour les sonorités bizarres et insolites, et surtout de son goût de l'expérimentation. Nul doute qu'avec tout ça, le musicien et ses assistants (qui pour la plupart jouent eux-même des instruments de musique) s'en donnent à coeur joie !

Diaporama photo du Studio de Chris Young :

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Article et photos : Sylvain Rivaud
Merci à Guillaume Roussel pour son accueil à Remote Control, et à Laura.

 


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