30es Rencontres Internationales Henri Langlois - Festival des écoles de cinéma

Du 7 au 14 décembre 2007

 - 30es Rencontres Internationales Henri Langlois - Festival des écoles de cinéma

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Pour être au coeur de la création cinématographique actuelle, les RIHL proposent une cinquantaine de films de tous pays en compétition, une sélection de courts métrages des écoles françaises, des séances « best of » et jeune public, une leçon de cinéma sur la mise en scène, un marché du film, des débats, des rencontres !

 

Bilan du festival (vendredi 14 décembre) :

Après quatre jour de projections, petit bilans des films coup de coeur. Le premier vient de Corée : "Family Picnic" de Seun-Wan Hong dépeint le dimanche d'une famille coréenne qui de passage dans un trou perdu s'installe à un restaurant désert pour déjeuner. L'énigmatique (et mutique) serveuse ne leur convient pas. S'ensuivent vingt minutes de dérision totale et méchante (ils finissent par la poursuivre, la baillonner et se servir eux-mêmes), le cinéaste exploitant sa bonne idée jusqu'au bout ! Dans le genre "humour noir", l'australienne Lily Coates n'est pas en reste avec "The Cat and Claudia", où l'on assiste aux longues minutes de solitude d'une jeune femme... après que son chat ait fait tombé la lampe dans son bain. Drôle, dérangeant et fascinant.

La sélection cette année (plutôt réussie) laissait entrevoir un intérêt pour les histoires de rencontres et de choc des cultures. La plus belle surprise de cette sélection est un film allemand, curieusement boudé au palmarès : "Fair Trade" de Michael Dreher. Favori de votre serviteur, ce film très maîtrisé et haletant évoque la rencontre d'une jeune femme avec un passeur marocain un peu particulier aux environs du détroit de Gibraltar. En effet, les hommes ne sont pas les seuls à émigrer clandestinement vers l'Europe. Ici, il s'agit d'un bébé. Histoire bouleversante et déchirante qui évoque Fatih Akin ou la récente Palme d'Or "4 mois, 3 semaines et 2 jours" qui distillait le même suspense sur fond de transgression morale, en plein désespoir d'une Europe en perte de repères et d'une Afrique pleine d'illusions. Le film russe "Graffiti" de Vano Burduli évoque de son côté une cité en pleine guerre, sujette au couvre-feu et aux interdictions de s'exprimer librement. Deux jeunes gens se mettent alors à communiquer par graffiti interposés, comme si le jeu de la séduction devenait lui aussi interdit par la loi. Film aux décors ambitieux, qui a remporté l'adhésion du jury et de la critique. Toujours dans cette thématique de déracinement et d'émigration, "Paragraph 15" du danois Mirza Ekinovic séduit par sa maîtrise du scénario et ses interprètes. Il suit le parcours d'un professeur de mathématiques victime de la guerre en ex-Yougoslavie obligé de se réfugier à l'étranger tandis que sa petite fille - dont les parents sont morts dans un bombardement - est expatriée aux Etats-Unis. Une histoire poignante de déchirement familial teintée de mélancolie et évoquant l'absurdité administrative.

Dans le prolongement de ces oeuvres engagées mais malgré tout transpirant d'une vraie envie de cinéma (au sein d'un genre comme le thriller ou le film de guerre), il y a "Como Toto El Mundo" du colombien Franco Lolli, étudiant à la Fémis, qui délivre un film sur la relation conflictuelle d'un jeune garçon avec sa mère, seule et au chômage. Déjà vu ? Oui, déjà vu. Fortement influencé par le style d'Abdelatif Kechiche, proche du documentaire et des personnages, ce film brille par sa maîtrise du montage et sa direction d'acteurs (pour la plupart non-professionnels) mais demeure anecdotique sans son propos et son déroulement dramatique. Pourtant, il remporte le Grand Prix du jury et, plus étonnant encore, le prix de la meilleure photo (pourtant on ne fait pas plus banal !). Il semble y avoir eu autour de ce film un consensus aussi étonnant que l'engouement de la critique pour le dernier film de Kechiche, "La Graine et le Mulet". Deux raisons possibles à cela : ou bien votre serviteur ne comprends rien à cette forme de cinéma qui enfonce des portes ouvertes avec un réalisme formel déjà vu ailleurs (en mieux, notamment, chez les frères Dardenne), ou bien il se crée actuellement un véritable buzz consensuel et critique autour de ce type de cinéma où il est de bon ton de tourner avec des comédiens non-professionnels dans un milieu social difficile... mais où le cinéaste ne semble pas avoir grand chose à dire. Ou en tout cas qui n'ait pas déjà été dit mille fois. Le jury, censé récompenser un cinéaste au regard neuf, s'est ici lourdement trompé.

Plus drôle, plus mesquin, plus tendre : le documentaire "Grijsgedraaid" (Matière Grise) de la néerlandaise Ina van Beek, qui dépeint le quotidien d'une maison de retraite à Amsterdam. Portrait touchant, mélancolique et surtout amusant de la vieillesse, bourré d'idées et de plans merveilleusement drôles, rappelant les meilleurs moments de la série télévisée "Strip-Tease". Peut-être le meilleur documentaire de la sélection, lui aussi oublié au palmarès. Et pour finir, "Skröltormar" de Hafsteinn Gunner Sigurdsson, une fiction pleine de dérision sur un "beauf" islandais qui décide de copier son idole (un chanteur rock) en chaussant les mêmes bottes de cow-boy que lui. Très belle surprise, récompensée par un Prix du scénario amplement mérité.

Les récompensés du festival 2007 : Hafsteinn Gunner Sigurdsson (Skröltormar), Franco Lolli Gomez (Como Todo El Mundo), Gregor Buchkremer (Speed-Dating) et Vano Burdulli (Graffiti).

 

Sylvain Rivaud

 

Palmarès :

 

Grand Prix du Jury
Como todo el mundo. Franco Lolli Gomez.
La femis. FRANCE.

Prix Special du Jury
Graffiti. Vano Burduli. Higher Courses of Scripwriters and
Film Directors. RUSSIE.

Prix de la Mise en scene
O Soni a Jej Rodine. Daniela Rusnokova. Vysoká škola
Mùzickych Umeni, Filmová a Television Fakulta.
SLOVAQUIE.

Prix du Scénario
Skroltormar. Hafsteinn Gunnar Sigurdsson.
Columbia University, School of the Arts. ETATS-UNIS.


"Uber die Schwelle" - Mit Walter Ruge. Stefan Mehlhorn.
Filmakademie Baden-Württemberg. ALLEMAGNE.

Mention Speciale du Jury de la Semaine de la Critique
Herfra Til Manen. Katja Eyde Jacobsen.
Den Norske Filmskolen. NORVEGE.

Prix Decouverte de la Critique Française
Graffiti. Vano Burduli. Higher Courses of Scripwriters and
Film Directors. RUSSIE.

Prix du Jury étudiant
O Soni a Jej Rodine. Daniela Rusnokova. Vysoka skola
Mùzickych Umeni, Filmová a Television Fakulta.
SLOVAQUIE.

Prix du Public
Speed dating. Gregor Buchkremer.
Kunsthochschule fur Medien Koln. ALLEMAGNE.

Mention spéciale du meilleur film français pour la
qualité de sa photographie
Como todo el mundo. Franco Lolli Gomez. La fémis.
FRANCE.

Extrait du Prix du Public

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Festival Ecoles de cinéma - Extrait film "Speed dating"

Leçon de cinéma de Mathieu Amalric (en vidéo, audio, et photos) :

Accéder à la page consacrée à Mathieu Amalric

En direct du festival (mardi 11 décembre) :

Le festival bat son plein. Malgré la venue de Mathieu Amalric aujourd'hui, les projections des compétitions restent prisées par le public, qui peut à chaque séance voter pour ses films préférés. Le film gagnant recevra le prix du public vendredi soir à la soirée de remise du palmarès.

Plusieurs tendances semble déjà émergé des quelques films vus en ce début de festival. TOut d'abord l'Argentine, qui est représentée cette année par trois court-métrages qui dévoilent de vraies personnalités de cinéastes en devenir. Une tendance confirmée par la sortie ce mois-ci du long-métrage XXY de Lucia Puenzo, primé à la semaine de la critique à Cannes et qui prouve l'excellent santé du cinéma Argentin. Dans "Los Visitantes" de Lautaro Brunati, un homme retrouve une femme dans un hôtel occupé par des personnages âgées. L'ambiance évoque David Lynch ou parfois même Kubrick, même si le film laisse un peu sur sa faim. Autre court-métrage argentin inspiré du film de genre : "El secreto de la sangre" de Maria Victoria Andino, filmé en super 16 et à l'image sublime, évoquant le mystère d'une tâche de sang retrouvée dans le lit d'une jeune pensionnaire d'internat catholique. Idée exploitée de manière un peu superficielle mais remarquablement filmée. Autres films vus à retenir : "Before you hit the Ground" du suédois Magnus Holmgren, fiction 35mm très léchées à la mise en scène ambitieuse qui explore le voyage intérieur de deux jeunes explorant leurs rêves... et essayant de trouver ce qu'il y a après la mort en mourrant en rêve. Idée séduisante mise en image de manière efficace et haletante. L'Allemagne n'est pas en reste avec un cinéma toujours inventif. Ainsi, "Speed Dating" se révèle un excellent film de science-fiction tourné avec trois fois rien mais un tas de bonnes idées, comme partir du postulat que le célibat est devenu une maladie... mortelle. S'ensuivent de savoureux moments de comédie mais aussi de tendresse et de mélancolie. Excellent scénario.

Dernière tendance qui se dévoile : le documentaire, qui devient plus léger. Les jeunes cinéastes abordent le genre avec tendresse et poésie, plutôt qu'avec un regard froid. L'histoire bouleversante de l'allemand Walter Ruge est ainsi racontée dans "Beyond the Bounds" de l'allemand Stefan Mehlhorn, où un vieil homme de 90 ans s'avère avoir connu le goulag en URSS après avoir fuit l'allemagne nazie et participé à la construction du métro de Moscou, puis connu une histoire d'amour poignante pendant 40 ans avec une exilée du gouvernement stalinien. Sans gravité, il évoque une vie singulière avec tendresse et légèreté, même si le film n'évite pas les moments de tristesse.

Ce soir, Mathieu Amalric évoque son travail de metteur en scène en compagnie de sa productrice et de son complice scénariste. Il a invité le public à participer activement à cette "leçon de cinéma" qu'il veut tout sauf donneuse de leçon. Quelques images très bientôt, en attendant la suite des compétitions !

 

Sylvain Rivaud

Présentation

Un Festival international des écoles de cinéma avec, à chaque édition, de nombreux pays à concourir, une occasion pour le public d’être au coeur de la création cinématographique actuelle et de découvrir des cinéastes prometteurs, un lieu d’échanges privilégié pour les jeunes réalisateurs de tous les pays, les professionnels et le public, ... un sens aigu de l’éducation à l’image mis en oeuvre dans un programme dense en collaboration avec les établissements scolaires, du primaire à l’enseignement supérieur. Au coeur de la création cinématographique actuelle, le Festival est un vivier de jeunes réalisateurs venus de tous pays. La compétition, en douze programmes, réserve toujours petites surprises et grandes découvertes - Nick PARK, avec le premier Wallace et Gromit, Ethan COEN, Pascale FERRAN, Noémie LVOVSKY, Arnaud DESPLECHIN, sont passés par le festival. Grand Prix du jury, du public, de la critique française - projection du film lauréat au Festival de Cannes - font partie des prix remis à ces nouveaux entrants dans le monde du cinéma.

La Compétition 2007

Tenter, expérimenter... La Compétition est une occasion pour les jeunes réalisateurs de présenter leurs oeuvres à un premier public. Le Festival leur offre l’opportunité de rencontrer les professionnels, d’échanger avec leurs pairs. Découvrir, s’ouvrir à de nouveaux points de vue... La Compétition est une occasion pour le public d’être au coeur du cinéma mondial, actuel et à venir. Les esthétiques, techniques et moyens sont aussi divers que les pays représentés.

Jury :

Maud AMELINE, Scénariste.
Sergio BASSO, Réalisateur. Primé à Poitiers en 2006.
Mia HANSEN-LØVE, Réalisatrice.
Ludovic HENRY, Producteur de courts métrages.
Anne THÉRON, Metteur en scène, réalisatrice, écrivain.

Programmation

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Bande annonce

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par Benoit Basirico & Sylvain Rivaud

 


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