Interview Stéphane Lafleur et Marc André Grondin (TU DORS NICOLE)

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- Publié le 24-05-2014

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Le réalisateur québécois Stéphane Lafleur convoque dans son film un groupe de rock, personnage central du film, dont la partition est écrite par Rémy Nadeau-Aubin, tandis que Organ Mood signe la trame sonore. 

Interview Stéphane Lafleur et Marc André Grondin (TU DORS NICOLE)

Cinezik : Comment vous est venue l'idée de convoquer un groupe de rock dans votre film ?

Stéphane Lafleur : L'idée d'avoir un groupe de musique dans le film est arrivée très tôt dans le scénario. Il fallait pour cela avoir la musique pour le tournage. J'ai confié la lourde tâche à Rémy Naudeau-Aubin de composer la musique du band. Il m'a écrit une douzaine de chansons rock pour le groupe. Je voulais que ce soit de la musique instrumentale, de la musique envahissante et bruyante, mais en même temps je voulais que la musique soit mélodique, que l'on ait envie de l'écouter. J'avais un peu comme inspiration le groupe américain Fugazi, qui n'existe plus. C'était un peu la référence que j'avais donné à Rémy, avec des lignes de guitares et de basses qui se répondent.

L'idée du film est donc partie de ce groupe de musique ?

S.L : Je ne voulais pas faire non plus un film sur un groupe de musique, je voulais que le groupe soit juste une présence. J'aimais l'idée, pour avoir moi-même enregistré dans des maisons, d'un groupe en processus de création, en enregistrement, un groupe qui serait en arrière-plan plutôt que d'être le sujet de l'histoire, en spectacle avec des gens qui crient... j'aimais l'idée de mettre ces gros amplis, tous les fils, les pédales, les instruments, dans le salon des parents. L'idée c'était vraiment que le groupe soit une nuisance, participe à l'insomnie de Nicole et à son énervement, et à l'éloignement entre les deux amies dans le film.

Comment s'est déroulé le casting de ce groupe spécialement constitué pour le film ?

S.L : Pour tout le casting, on ratissait très large. J'ai vu autant des comédiens professionnels avec du métier que des gens qui n'avaient jamais été devant une caméra de leur vie. Je voulais que les gens jouent pour de vrai dans le film alors j'ai vu beaucoup de musiciens de Montréal en audition, et à côté des acteurs qui se débrouillaient en musique. Marc-André est arrivé un peu là-dedans. Il était question qu'il joue le batteur du groupe puisqu'il se débrouille à la batterie, il avait joué dans un groupe de musique. Et puis en même temps, il y avait pour moi quelque chose d'un peu trop évident de le mettre dans ce rôle-là. Je me suis finalement dit qu'il pourrait jouer le frère et on l'a mis sur un instrument qui n'était pas nécessairement le sien à la base (la guitare). Cependant, Marc-André a beaucoup coatché Francis La Hay qui joue le batteur.

Marc-André Grondin : Le défi, quand ce n'est pas ton instrument, c'est que tu n'es pas dans ta zone de confort, tu te retrouves à devoir travailler plus. Il faut que tu réussisses à jouer la chanson et en même temps il faut que tu joues la scène, que tu restes dans ton personnage. Ce n'est pas non plus un rôle de composition, ça allait, mais c'est en même temps un peu stressant.

Aviez-vous déja joué de la musique dans un film ?

M-A.G : J'avais joué dans un film français, BUS PALLADIUM, où je jouais beaucoup de guitare. Heureusement que j'ai fait ce film il y a quelques années car cette expérience m'a un peu appris la guitare. Je n'en avais pas joué depuis, mais j'avais eu une petite formation de base.

Et musicalement, comment Rémy Naudeau-Aubin a t-il conçu cette partie de la BO ?

S.L : Rémy n'avait jamais fait de musique de film avant. C'est quelqu'un que je connaissais parce qu'il a participé à pleins de groupes de Montréal que je connais. Je connaissais son style de guitare qui pouvait convenir au genre de musique que je cherchais. Rémy a écrit une douzaine de pièces en un mois. Là-dessus, sept ont été retenues. C'est Marc-André qui jouait de la batterie sur les maquettes avant que Francis La Haye le fasse pour le film.

M-A.G : J'ai en effet joué de la batterie sur les maquettes. Francis la joue ensuite de façon très garage. Pour la composition, Rémy écrivait des choses qu'il faisait entendre à Stéphane qui purgeait ensuite des choses avant que Rémy réécrive.

Quelle relation avez-vous avec la musique de vos films ?

S.L : Au début, j'étais très timide concernant la musique dans un film car c'est un procédé facile. Dans mon premier film ("Continental, un film sans fusil", 2007), il n'y en avait presque pas, dans le deuxième ("En terrains connus", 2011), j'ai décidé de me lâcher un peu plus. Et puis là, j'y suis allé à fond parce que cela participe au film. Il y a plusieurs niveaux de musiques en fait. Il y a donc la musique du groupe dans le film, et puis il y a aussi une trame sonore plus classique, qui correspond à l'univers de Nicole, le personnage principal qui est insomniaque. Cette musique-là est composée par Organ Mood, un groupe de Montréal. C'est en fait une personne. Ils sont deux mais il y en a un qui fait du visuel, et l'autre qui fait de la musique. J'écoutais beaucoup leur musique pendant que j'écrivais le film. Deux pièces qui existaient déjà se retrouvent dans le film, puis Christophe Lamarche du groupe Organ Mood m'en a composé d'autres spécialement.

Pourquoi le choix de la harpe dans un des morceaux ?

S.L : Je voulais de la harpe pour l'idée de conte de fées, des vieux films de Disney. Mais en fait, on a utilisé de la musique de librairie pour cette harpe qu'on a fait rejouer par une harpiste.

Propos recueillis à Cannes en mai 2014 par Benoit Basirico

 


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