Interview B.O : David Newman, de Tim Burton (FRANKENWEENIE) à Tim Allen (CRAZY ON THE OUTSIDE)

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Interview réalisée le 25 mars 2009 par Benoit Basirico et Xavier Ducamp - Publié le 07-04-2009




Fils d'Alfred Newman et frère de Thomas Newman et cousin de Randy, il est violoniste et chef d'orchestre et devient en 1987 le directeur musical du Sundance Institute afin de restaurer la "musique de film ancienne". il collabora avec Danny de Vito (LA GUERRE DES ROSES). Sa première composition fut pour le court-métrage de Tim Burton FRANKENWEENIE (1984).

Quel héritage pensez-vous avoir reçu de Alfred Newman ?

L’entrainement, l’engagement vers la perfection, la beauté du son des instruments à cordes, l’harmonie de l’orchestre et pour l’amour de la musique, pour ce qu’elle est.

Avez-vous parfois l'impression d'être en concurrence avec Thomas et Randy, et que pensez-vous de leur musique ?

Non, je n’ai pas vraiment d’avis sur leur musique. Ce sont tous deux de merveilleux compositeurs, seulement pour moi le fait de composer se rapproche plutôt d’une expérience solitaire et personnelle, même si l’on travaille pour un film. Donc je m’applique à suivre cette voie et aussi fou que cela puisse paraître, le but pour moi est de trouver sa propre voix intérieure.

A propos de vos références récentes, d'où proviennent-elles, on pense à Jerry Goldsmith ou Danny Elfman selon les films ? (sans nommer Stravinsky)

Les références sont des choses très imagées. Vous êtes toujours assaillis par un “temp score” et il faut faire avec. De plus, les films actuels sont de plus en plus des remakes de films plus anciens, quels que soient les genres ou les styles, ils se doivent de faire référence à quelque chose pour les rendre compréhensibles du public.

Y a t-il un travail spécifique de compositeur pour un film d'animation et quel est votre travail avec Disney ?

L’animation est un merveilleux support pour la musique de film. Cela permet d’aller un peu au-delà du “trait musical” habituel de par son aspect “irréel”. Mais également, il y a énormément de détails visuels dans l’animation qui permettent d’enrichir la musique et de la rendre plus complexe, dans l’idée.

Comment avez-vous rencontré Danny DeVito et quel a été votre travail sur ses comédies ?

J’ai rencontré Danny sur BALANCE MAMAN HORS DU TRAIN. Il avait aimé le score que j’avais composé pour CRITTERS et nous avons merveilleusement évolué ensemble. C’est vraiment l’idéal de travailler avec lui. J’adore ses films, l’aspect, le style et il y a comme une forme d’amateurisme dans sa façon de filmer qui m’inspire énormément.

Vous avez dans le paysage de la musique pour l'image une relative discrétion, comment l'expliquez-vous ?

Je ne suis pas sûr de bien comprendre la question. Est-ce que vous voulez dire que j’ai tendance à être “minimisé” (sous-exploité) ? J’essaie volontairement de m’effacer du devant de la scène parce que je pense que la musique ne doit être qu’une partie de la conception d’un film et non être fondamentale. Mais parfois il est vraiment nécessaire que la musique occupe le premier rang. Il doit y avoir beaucoup de concessions à faire avec les films au niveau du son, des dialogues et de la musique. Ce n’est pas toujours le cas, mais dans les meilleurs “dubs” (mixité) tout le monde est impliqué et prend la première place à un moment ou à un autre.

Avez-vous des regrets, ou des envies de films pas encore satisfaits ?

Non aucun.

Un de vos premiers projets a été la composition du court métrage de Tim Burton, FRANKENWEENIE, quel a été ce travail et pourquoi n’avez vous pas continué avec ce cinéaste ?

Il voulait suivre un autre parcours. Un de ceux pour lequel on ne peut pas regarder en arrière et essayer de contrôler, ni même comprendre le passé. C’est une forme d’expérience de “fuite vers l’avant”.

Parlez-nous du film THE SPIRIT de Frank Miller... A quel moment avez-vous été impliqué et quels ont été vos choix musicaux ? Et quelles comparaisons ou similitudes pourriez-vous faire avec THE PHANTOM ?

J’ai été impliqué dès la postproduction. Ce fut une expérience incroyable. Je pense que c’est parce qu’il y a une même mélodie reprenant un cor français que vous trouvez une similarité avec THE PHANTOM, mais il y a surtout de nombreuses références aux films “noir” tout comme l’Harmonica peut être associé aux “westerns spaghetti”. Le film est très ironique, on s’est vraiment bien amusés à le faire.

Vous changez de genre à chaque film, d'où vous vient cette capacité d'adaptation ?

La pratique. Mon père et ma mère se sont assurés que nous soyons suffisamment bien aguerris.

Parlez-nous de votre collaboration régulière avec Stephen Herek, votre rencontre et le travail ensemble ?

J’adore travailler avec Steve. J’ai commencé ma carrière très tôt avec lui, et ces films ont grandement contribué à faire évoluer ma carrière jusqu’à présent.

Que pouvez-vous nous dire sur CRAZY ON THE OUTSIDE (2010) de Tim Allen ?

C’était génial de travailler avec Tim. Nous avons vraiment dû échafauder la manière dont la musique devait cadrer avec le film. C’était vraiment un travail harassant mais tellement gratifiant.

Avez-vous, tout comme l’a fait Howard Shore, le souhait de composer une œuvre en plusieurs actes à la manière d’un opéra, que vous pourriez considérer comme votre « chef-d’œuvre » ?

J’adore l’Opéra et j’aimerais vraiment être impliqué dans ce genre de composition, mais je laisse tellement ces choses-là entre les mains du destin que ça arrivera si ça doit arriver. Je ne suis pas le genre de personne qui essaie à tout prix de tout contrôler.

Travailler sur une série TV demande une autre approche de la composition par rapport au cinéma…Est-ce que l’idée de travailler pour des jeux vidéos ou des documentaires, vous intéresserait ?

Comme je l'ai déjà dit, je suis ouvert à tout. Je reste très attaché au projet (concept) et aux personnes.

Votre musique transcende les films sur lesquels vous avez travaillé, vous avez la capacité de donner du cachet à un film sans âme. Nous avons interviewé un jeune compositeur méconnu du grand public, Neal Acree, qui est un très bon orchestrateur (il travaille avec Joel Goldsmith), mais qui travaille bien souvent sur des films à petits budgets et qui nous disait que les compositeurs comme lui pouvaient facilement être catalogués comme faiseurs pour certaines catégories de films. Est-ce que vous partagez son opinion ?

Il est très difficile de ne pas être “catalogué” à Hollywood. D’ailleurs, ce qui est intéressant dans l’industrie du film américain, c’est que l’on ne sait jamais ce qui va se passer dans notre carrière. Quelqu’un peut être catalogué pour quelque chose, travailler sur différents autres projets et ainsi être catalogué pour des choses complètement différentes. C’est vraiment fou, mais assez amusant tout compte fait au bout d’un moment. Il ne faudrait jamais vraiment perdre espoir. C’est Hollywood pour l’amour du ciel !!! Tout est construit sur les espoirs et les rêves.

Vous êtes violoniste de formation, tout comme votre sœur. Quelle importance donnez-vous à cet instrument dans vos partitions lorsque l’occasion se présente ? Aimez-vous comme certains compositeurs expérimenter des sonorités nouvelles ou détourner certains instruments pour leur donner un nouveau « langage » ?

Jouer du violon dans des orchestres toute ma vie, ainsi qu’œuvrer pour des films et pour la télé pendant mon adolescence, m’ont appris pratiquement tout ce que je devais savoir sur la musique. Il n’y a pas de meilleure façon d’apprendre la musique que de s’asseoir au sein d’un orchestre et de jouer heure après heure, années après années, de merveilleuses partitions.

Vous avez fait récemment un commentaire sur l’édition spéciale du DVD de THE ROBE sur lequel on retrouve la partition isolée d’Alfred Newman. Quelle a été votre contribution sur ce projet ?

Je me suis juste retrouvé là à discuter avec les autres participants. Je ne suis pas certains d’avoir témoigné plus que ça, à l’exception du moment où je me suis extasié de la finesse harmonique du jeu de l’orchestre de la Fox. Mon Dieu quelle sonorité de cordes, Incroyable !!!

Interview réalisée le 25 mars 2009 par Benoit Basirico et Xavier Ducamp

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