Vivre et laisser mourir (George Martin), entre Rock, Soul et Vaudou

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par François Faucon

- Publié le 17-02-2014




George Martin signe la musique de 8e James Bond tandis que Paul McCartney (des Beatles) écrit et interprète la chanson. Dans Goldfinger, 007 trouvait les Beattles inaudibles au point de mettre des boules quiès... C'est pourtant l'un d'eux qui est, ici, responsable de la création musicale du générique. Après les désaccords sur Diamonds Are Forever, la production se tourne vers Paul McCartney et les Wings, groupe de rock (1971-1981) dont il fait partie. Est-il besoin de dire que le succès est au rendez-vous ? La chanson sera classée 9ème de générique à l'émission française L'Heure de Vérité. Quant à George Martin, il est le producteur des Beattles. Il produit donc la chanson du générique et s'occupe des orchestrations ce qui lui vaudra un Grammy Awards en 1974. Impressionnée par ce travail, la production lui demande de composer la musique du film.

La tendance rock du générique se retrouve dans la totalité du film mis en musique par George Martin : "If He Finds It Kill Him" ; "Bond To New York" ; "Trespassers Will Be Eaten" ; "Boat Chase" (reprenant la marche nuptiale de Mendelssohn à 0'48 lorsque Bond perturbe un mariage avec son hors bord...).

Cette tendance se retrouve aussi dans le "James Bond theme". Pour autant, la dimension symbolique reste présente. Ainsi, dans la scène où le serpent descend le long du tuyau de douche pour tuer 007, la musique épouse le côté rampant de l'animal (au risque d'une paraphrase dont on peut se demander si elle était bien au Royaume-Uni et 2ème aux Etats-Unis et le thème servira utile...) : "Snakes Alive". Ailleurs, la magie des cartes de Solitaire est évoquée au travers de clochettes : "Bond Meets Solitaire" ; "Solitaire Gets Her Cards". Celles-ci, rappelant aussi le monde des fées propre à l'enfance, laissent rapidement la place à la réitération du thème général. Dans "Bond Drops In", le glissando descendant des cordes colle parfaitement à la descente de 007 en deltaplane sur la forteresse de Kananga. Et bien sûr, les romances habituelles, signe que 007 a encore fait chavirer des cœurs... : "The Lovers".

Mais puisque toute une partie de l'intrigue correspond à une plongée dans l'univers noir-américain, la musique doit en rendre compte. Ainsi, le Gunbarrel est précédé, notamment, par une scène d'enterrement à la Nouvelle-Orléans. C'est une musique de Harold Dejean (années 20) qui est utilisée ici. En l'occurrence, "Just a Closer Walk With Thee-New Second Line", une marche funéraire typique du gospel. Cet univers noir américain, c'est aussi "San Monique" (île fictive). Il faut donc évoquer l'univers musical haïtien, notamment par le biais d'un personnage emblématique du vaudou : le Baron Samedi, l'esprit des morts. D'où l'introduction (de façon diégétique) de "Baron Samedi's Dance Of Death" et (de façon extra-diégétique) de "Sacrifice" (lent mélange de contrebasses, de percussions et de glissando ascendant menant à un accent de trompette qui évoque la mort violente et imminente). C'est enfin, Harlem, quartier noir de Manhattan, donc la musique soul : "Fillet of Soul New Orleans-Live and Let Die" (qui finit pourtant par reprendre le thème du générique, interprété ici par la chanteuse noire B. J. Arnau, pour rappeler qu'il s'agit bien d'une aventure de 007).

par François Faucon


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