Retour vers le futur (Alan Silvestri), une chevauchée symphonique à travers le temps

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par Quentin Billard

- Publié le 01-01-2008




Robert Zemekis a fait appel à son grand complice Alan Silvestri, avec qui il avait déjà collaboré en 1984 sur « Romancing The Stone » (et qui marquait le début de leur collaboration). 

« Back To The Future » représente quand à lui un grand tournant dans la carrière d'Alan Silvestri. C'était la première fois que le compositeur se retrouvait obligé d'écrire une grande partition symphonique, lui qui était habitué jusqu'à présent à manipuler les claviers dans ses musiques électroniques du début des années 80. Silvestri s'était déjà essayé à l'orchestre dans des partitions telles que « Par où t'es rentré ? On t'a pas vu sortir » ou « Romancing The Stones », mais jamais encore il n'avait eu à écrire une musique aussi riche et ambitieuse pour un film de ce genre (à noter d'ailleurs que Silvestri composera une autre partition orchestrale toute aussi ambitieuse pour le film « Fandango » de Kevin Reynolds !). Dès la sortie du film en salle en 1985, la bande originale de « Back To The Future » est très rapidement devenue populaire parmis les béophiles. Alan Silvestri y développait ainsi un style très personnel, réunissant quelques unes de ses marques de fabrique qui feront son succès tout au long des années 90 et même au-delà : ainsi donc, on y retrouvait déjà ses fameux rythmes martelés, ses envolées martiales, ses orchestrations cuivrées et ses harmonies en tierces mineures qui aboutiront deux ans plus tard dans l'incontournable « Predator » (1987), qui demeure encore aujourd'hui le plus grand chef-d'oeuvre d'Alan Silvestri. Avec « Back To The Future », la musique apporte un souffle héroïque et aventureux au film de Robert Zemeckis, probablement boosté par la présence de Steven Spielberg à la production, qui souhaitait ainsi retrouver un son orchestral plus classique, orienté vers le Golden Age hollywoodien (et parfois proche des envolées cuivrées d'un John Williams !). Mais comparer trop rapidement Silvestri à Williams s'avérerait être fort hasardeux et injuste, tant le style d'Alan Silvestri demeure résolument personnel et reconnaissable entre mille.

Cette très solide partition symphonique doit avant tout son succès à son inoubliable thème principal, une chevauchée héroïque et triomphante dominée par les cuivres, un hymne formidable à l'aventure, au courage et aux voyages dans le temps. Même la mélodie du thème principal paraît incroyablement personnelle, Silvestri structurant ses notes autour de l'intervalle très reconnaissable du triton, un intervalle plutôt inattendu dans un thème aussi héroïque mais qui apporte un petit « plus » tout à fait unique à cette mélodie majestueuse et extrêmement prenante, chargée d'un optimisme tout bonnement savoureux. A noter que Silvestri soigne tout particulièrement ses orchestrations tout au long de la musique du film, révélant alors un savoir-faire étonnant sur ce long-métrage pour lequel le compositeur s'est totalement dépassé et nous a livré un opus musical bien au-delà de ce que l'on attendait de lui, d'autant que le score de « Romancing The Stone », écrit un an avant pour un autre film de Robert Zemeckis, était bien loin d'atteindre la qualité et la virtuosité de la musique de « Back To The Future » ! Sur l'album, le morceau « Back To The Future-Overture » - qui se trouve être un assemblage de plusieurs segments du score de Silvestri - nous permet de retrouver d'emblée l'idée d'une grande aventure mouvementée, avec ses rythmes martelés et entêtants typiques de Silvestri, et ses nombreux ostinatos rythmiques tout à fait caractéristiques de la musique du film de Zemeckis. « Overture » nous permet aussi de retrouver le formidable thème principal, qui intervient à de nombreuses reprises dans le film pour illustrer les exploits de Doc et McFly entre le passé et le futur.

Le reste du score alterne ainsi entre morceaux d'action tonitruants et passages atmosphériques plus sombres, sans oublier quelques pièces plus légères qui frôlent par moment le mickey-mousing sans jamais vraiment tomber dedans. La musique de Silvestri alterne entre une certaine énergie exubérante et un style plus martial et sombre qui rappelle les dangers qui guettent McFly tout au long du film (va-t-il réussir à faire se rencontrer à nouveau ses parents et à empêcher ainsi que son existence disparaisse de l'histoire, va-t-il réussir à revenir à temps pour empêcher le meurtre de Doc ? etc.). On notera d'ailleurs la façon dont Silvestri utilise constamment ses ostinatos rythmiques dans ces gros morceaux d'action, ces rythmes martelés à grand renfort de caisse claire martiale, de contrebasses staccatos, de ponctuations de cuivres, et aussi de quelques tics instrumentaux encore plus typiques du compositeur, comme ces fameux effets de trilles aigus de cordes doublés par un trille de xylophone, un effet que l'on retrouvera très souvent par la suite dans les partitions orchestrales d'Alan Silvestri (et plus particulièrement dans « Predator »). Niveau orchestration, la musique de « Back To The Future » demeure riche et savamment élaborée, avec son utilisation remarquable du piano pour les morceaux d'action/suspense, ou l'emploi régulier de sourdines aux cuivres afin de donner une couleur plus particulière au pupitre des trompettes ou des trombones lors de certains passages d'action agités. Quelques éléments électroniques se baladent discrètement tout au long du score, pour rappeler le côté fantastique/science-fiction de ces voyages dans le temps à bord d'un DeLorean entièrement modifiée pour l'occasion. A cela s'ajoute parfois quelques sonorités cristallines et mystérieuses associées à la machine temporelle, et notamment lorsqu'on découvre pour la première fois la DeLorean dans le film.

Signalons enfin que le score d'Alan Silvestri n'a jamais été édité officiellement à ce jour, l'album actuel ne contenant hélas que deux extraits du score de Silvestri, le reste de l'album étant essentiellement composé de chansons, toutes présentes dans le film. On y retrouvera bien sûr le célèbre tube eighties « Power of Love » et « Back in Time » de Huey Lewis. « Power of Love » est d'ailleurs utilisé plusieurs fois dans le film pour illustrer la romance entre Marty et Jennifer, tandis que « Back in Time » est utilisé pour le générique de fin, concluant le film sur une touche de bonne humeur idéale. Le reste de la BO est constitué de jazz (« Night Train »), d'un slow (« Earth Angel »), du rock « (Johnny B.Goode ») et d'un peu de pop. Au final, voilà en tout cas un score célèbre et incontournable dans la musique de film hollywoodienne des années 80, une musique qui influencera d'ailleurs pas mal plusieurs compositeurs par la suite qui officieront à leur tour sur des films d'aventure aux musiques bien souvent similaires. Alan Silvestri plaçait la barre haut avec cette partition orchestrale totalement maîtrisée, apportant une énergie considérable et particulièrement enthousiasmante dans le film de Robert Zemeckis. Le compositeur américain s'offrait même le luxe d'écrire pour « Back To The Future » un thème principal devenu depuis une espèce de « tube » très populaire dans le milieu de la musique de film et des béophiles en général. Un must, en somme !

par Quentin Billard


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