Le Cinquième élément (Eric Serra),

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par David Reyes

- Publié le 01-01-2008




Après l’expérience plus ou moins douloureuse de Goldeneye, Eric Serra retrouve avec bonheur Luc Besson qui lui impose son plus grand défi : inventer la musique du 23ème siècle.

L’aspect le plus frappant dans la musique du Cinquième Élément, c’est le retour à l’expérimentation synthétique. Atlantis avait été un album charnière car il avait un aspect d’impuissance synthétique face aux débuts symphoniques. Et dans Léon c’est l’orchestre qui s’octroie les plus belles pages, les synthés servant surtout de support à l’osmose méticuleuse avec l’image.

Mais dans Le Cinquième Élément, un travail spectaculaire est effectué dans la recherche de nouvelles sonorités plus métalliques, plus artificielles, plus futuristes. Attentif au monde qui l’entoure, Serra puise une banque de sons dans la réalité (machine à laver, foreuse…) pour en faire les nouveaux instruments d’une musique qui affirme toutefois pleinement son attachement avec la musique du passé (les violons triomphent toujours). Serra va même jusqu’à faire preuve d’un culot monstre en imaginant la suite d’un air de Donizetti où triomphe l’industriel ("The Diva Dance"), mais le plus étonnant est que ce pari fou se solde par une réussite magistrale, tant il réussit à écarter le mauvais goût pour faire passer cette musique comme le découlement logique des enseignements musicaux apportés par les XXII premiers siècles.

Et quand Serra retrouve l’inspiration des grands jours dans des thèmes désespérés qu’ils confie aux violons sur des percussions déchaînées, il donne l’impression d’avoir enfin réussi à accomplir ce qu’il recherchait déjà dans Nikita ("Five Millenia Later", l’un des plus beaux morceaux de l’album, s’en fait le lointain cousin).

Et le bonheur que Serra éprouve à chanter éclate dans "Little Light Of Love", la plus belle chanson qu’il ait jamais écrite, dans laquelle on sent bien sûr son amour pour le rock et les musiques du monde, mais surtout dans laquelle on peut se rendre compte du soin qu’il témoigne à la moindre note d’un accompagnement.

Album ambitieux, voire expérimental, il trahit néanmoins de la capacité du compositeur à être en avance sur son temps, et qui cherche perpétuellement à se renouveler pour nous étonner et s’étonner lui-même.

par David Reyes


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