James Horner

James Horner

Né aux États-Unis en 1953, mort le 22 juin 2015.

Figure majeure de la musique de film hollywoodienne, s'il est aujourd'hui tantôt décrié, tantôt adulé, James Horner a marqué le cinéma par de nombreuses partitions mémorables. Accusé parfois de répétition, il n'en demeure pas moins un musicien original dont la subtilité ne fait aucun doute.

Ses récompenses :  Oscar (....)

Ses B.O notables : Krull ( Peter Yates , 1984) • Les Mercenaires de l'espace ( Jimmy T. Murakami et Roger Corman , 1981) • Apollo 13 ( Ron Howard , 1995) • Braveheart ( Mel Gibson , 1995) • Le Petit dinosaure et la vallée des merveilles ( Don Bluth , 1989) • Cocoon ( Ron Howard , 1985) • Titanic ( James Cameron , 1998) • Le Nom de la Rose ( Jean-Jacques Annaud , 1986) • Willow ( Ron Howard , 1988) •

Articles / Biographies

James Horner, c'est le compositeur romantique pur et dur, un peu tête de lard. Il est l'auteur de plusieurs grands classiques de la musique de film, comme Willow (Ron Howard, 1988), Braveheart (Mel Gibson, 1995) ou l'inévitable Titanic (James Cameron, 1997) qui l'a fait connaître du grand public. Son nom rime avec subtilité et émotion. Ce sont en effet les maîtres mots de sa musique. Vous ne pouvez pas ne pas le connaître, ou n'avoir été touché par sa musique au moins une fois...

Horner a débuté sa carrière comme compositeur pour des films de série Z tels que Battle Beyond the Stars (Les Mercenaires de l'Espace, 1980) ou Krull (1983). Des musiques un peu poussives, à l'orchestration hésitante, mais qui ne manquent pas de charme.

Il rencontre Ron Howard en 1985 et compose les musiques de Cocoon et Cocoon: Le Retour, puis le génial Willow en 1988, qui demeure à ce jour l'une de ses partitions les plus inspirées, bourrée de thèmes grandioses et de passages d'action très stylisés et maîtrisés. Il s'aventure à une collaboration avec James Cameron en 1986 sur Aliens, le Retour. Le résultat est plutôt riche et inspiré (certains la considère même comme son oeuvre la plus intéressante), mais après quelques différents, cette collaboration se termine par une violente dispute avec le réalisateur. Horner et Cameron ne s'adresseront plus un mot durant près de 10 ans...

Parallèlement, il s'exerce à d'autres genres en mettant en musique le magnifique film de Jean-Jacques Annaud : Le Nom de la Rose (1986), musique sobre, minimaliste et subtile, ainsi que quelques films d'action de bas étages tels que Commando (1985), nanar culte mené par un Schwarzy au meilleur de sa forme sur une musique plutôt étonnante, mêlant flûtes exotiques, rythmes synthétiques et free jazz pour un effet tout aussi douteux et brouillon que le film lui-même, ou encore Another 48 Hours et Red Heat, dans le même genre (musiques amusantes mais oubliables, donc).
Toujours avec cette même envie de parcourir tous les genres, James Horner compose néanmoins une vraie perle pour le dessin animé avec Le Petit Dinosaure et la vallée des Merveilles (musique un peu naïve mais très belle et très inspirée) pour les réalisateurs Don Bluth & Gary Goldman, les vétérans du studio d'animation de la 20th Century Fox. Il composera aussi pour eux la BO de Fievel et le nouveau monde et de Fievel au Far West quelques années plus tard.

James Horner fait une nouvelle tentative dans le film d'action en 1992 et en 1994 avec la série des Jack Ryan (avec Harrison Ford), réalisés par Phillip Noyce : Jeux de Guerre et Danger Immédiat. Des BO un peu formatées et ennuyeuses, mais qui comportent quelques passages intéressants qui montrent déjà l'intérêt que porte Horner aux petits motifs simples et répétitifs.

C'est en 1994 qu'il compose une partition qui mettra en place son style pour les années suivantes : Légendes d'Automne, pour Edward Zwick (avec lequel il avait travaillé sur Glory en 1990). Une BO très lyrique et romantique, aux accents de musique traditionnelle anglo-saxonne. Il perfectionne ce style l'année suivante sur Braveheart, de Mel Gibson, qui deviendra rapidement une BO culte tant Horner maîtrise l'émotion à travers une orchestration efficace et subtile, et où il peut enfin donner libre court à son amour pour les instruments traditionnels anglo-saxons (cornemuses, etc...). Ses magnifiques thèmes romantiques enchanterons nombres de spectateurs des années durant. A ce jour, c'est à mon sens sa BO la plus inspirée et la plus aboutie. Toujours en 1995, il renoue avec Ron Howard sur Apollo 13, excellente musique, très spectaculaire, qui sera nominée aux Oscars aux côtés de Braveheart.

Après avoir écrit quelques musiques de comédies, comme Casper ou Jumanji, il se réconcilie avec James Cameron en 1997 et compose la BO de Titanic, qui connaîtra un succès planétaire sans précédent. Jamais une musique de film n'avait autant été vendue et popularisée. Le côté commercial a été certes assuré par Céline Dion, pour laquelle Horner a écrit la musique de son tube "My Heart Will Go On", mais le score n'en demeure pas moins intéressant (mêlant mélodies romantiques avec choeurs et synthétiseur), et c'est l'occasion pour James Horner d'être enfin consacré aux Oscars pour cette partition, et définitivement reconnu par la grand public.

La suite n'est malheureusement pas aussi extraordinaire que prévu : James Horner se réconforte dans sa situation de compositeur à succès et enchaîne les mauvaises pioches : Deep Impact, Mon ami Joe, L'Homme Bicentenaire (Chris Colombus, 1999), puis Le Grinch et En Pleine Tempête en 2000 : autant de films sans grand intérêt et qui n'apportent rien à la carrière musicale de James Horner.

En 2001, il retrouve Jean-Jacques Annaud (15 ans après Le Nom de la Rose) pour Enemy At The Gate (Stalingrad). Une BO dont l'essentiel de l'inspiration se trouve, malheureusement, dans de nombreuses autres musiques de film et dans le répertoire Classique... James Horner est de plus en plus décrié par les fans de BO de film, qui l'accusent d'un manque cruel d'inspiration et crient au plagiat. Ce dernier se défend tant bien que mal en justifiant ces références comme des intentions d'artistes qui se légitimisent parfaitement au vu du sens de l'oeuvre. Un argument qui a du mal à passer compte-tenu de la fréquence de ces emprunts inavoués dans nombre des partitions de James Horner ces dernières années...

En 2002, il retrouve néanmoins son ami Ron Howard pour Un Homme d'Exception. Un BO encore une fois efficace sur les images mais terriblement redondante et ennuyeuse sur le CD... Après une année 2003 plutôt calme, où il a composé The Missing (Les Disparues) pour Ron Howard, score plutôt inspiré mais encore bourré de clichés, James Horner est appelé à la rescousse début 2004 sur la production de Troy réalisé par Wolfgang Petersen, suite au rejet de la partition du compositeur français Gabriel Yared, jugée "trop ringarde" par la production et les spectateurs-tests ! Horner s'applique à faire ce qu'il peut durant les 10 jours restants, mais sans succès malheureusement : sa musique pour Troy est néanmoins montée sur les images, qu'elle alourdi considérablement, au détriment du film qui devient un désastre artistique... Beaucoup regretteront amèrement la musique initialement composée par Gabriel Yared, beaucoup plus inspirée, plus subtile et mieux écrite, à défaut d'être en concordance avec la tendance hollywoodienne...

Après ce passage à vide pendant presque huit ans (qui suivent son Oscar pour Titanic), James Horner refait surface avec Flightplan, score de trhiller peu conventionel plutôt inspiré, et au curieux The Chumbscrubber, musique inhabituelle de sa part. Avec La Légende de Zorro la même année, il reprend les airs latino du premier opus avec une pêche qui fait plaisir aux oreilles. Mais bon sang, Horner aurait-il retrouvé la forme ? Confirmation en 2006 avec All The King's Men (Les Fous du Rois), musique de thriller politique plutôt réussie, et surtout une expérience à la fois salvatrice et douloureuse : sa collaboration avec l'immense Terrence Malick sur The New World (Le Nouveau Monde). A l'instar de Hans Zimmer qui avait signé pour La Ligne Rouge un score ovni dans sa filmographie (sa plus belle musique à ce jour - et de son propre aveu sa plus grande expérience de musique de film), James Horner voit ses convictions bousculées sur cette fresque romantico-historique éblouissante. Il compose un score aérien et méditatif, aux sonorités évoquant la nature et l'apaisement. Malick sabotera une partie de son travail au montage, élaguant tout ce qu'il ne juge pas nécessaire, mais le disque reste une vraie expérience. Puis c'est les retrouvailles avec Mel Gibson début 2007 (douze ans après Braveheart), avec Apocalypto, survival grandiose et maîtrisé, pour lequel il signe un score abrubt et radical, bourré de percussions étonnantes et de sonorités étranges, à mille lieues des thèmes mille fois entendus ailleurs dans ses précédentes partitions, avec un retour à l'épure qu'on ne lui connaissait plus depuis près de vingt ans. James Horner semble revivre.

En 2008, il retrouve l'un de ses genres de prédilection : le film d'aventure familial, avec Les Chroniques de Spiderwick. L'occasion de retrouver la verve fantastique et merveilleuse de Willow et les enclumes d'Aliens, à savoir les sonorités de sa meilleure période, le tout étant enrobé d'orchestrations soignées et délicieuses rappelant Le Petit Dinosaure ou Fievel (ses meilleures musiques de dessins animés). Un score qui prend le temps de développer ambiances, thèmes et motifs, comme on n'en fait plus de nos jours. Comme si Horner avait gardé son âme d'enfant. Pourvu que ça dure.

Sylvain Rivaud

Un amateur de BO un tant soi peu honnête ne pourra nier que Horner est le roi des paradoxes : le compositeur originaire de Los Angeles manipule ses emprunts avec audace et si certaines oeuvres sont plus réfléchies que d'autres dans ce domaine (on ne peut pas tout le temps hurler à tort et à travers contre Horner), de tout temps, les compositeurs ont sut manier l'art de la citation, que ce soit Brahms avec la Klavierstücke de Beethoven ou Mahler dans sa 1ère Symphonie où il s'auto-cite, sans oublier Berg et sa citation à un choral de Bach dans son fameux Concerto à la mémoire d'un ange. Chez Horner, le problème est que le procédé a prit des proportions colossales, à tel point qu'aujourd'hui encore, des formules entendues dans ses plus récentes BO remontent à des scores très anciens du compositeur, ce qui en fait douter plus d'un quand à la réelle inspiration du compositeur.

Car la question se pose alors : flegme ou génie ? Chacun a un peu sa réponse à ce sujet, mais ce qui est certain, c'est que depuis plus de 20 ans déjà, James Horner se construit une oeuvre lente mais sûre, efficace et fragile à la fois, une oeuvre pleine de paradoxe de la part d'un compositeur qui, même s'il fait parfois du recyclage, arrive toujours à faire passer quelque chose dans sa musique, et même à travers les films pour lequel il apporte sa contribution. Pour finir, on citera certaines de ses grandes oeuvres: l'épique et romantique Legends of The Fall, le tragique Braveheart, le déchirant Titanic, l'époustouflant (et très controversé) Aliens, le superbe Star Trek II, le sombre Brainstorm... Bref, autant d'oeuvres qui démontre qu'Horner est réellement un compositeur doué et maître de son art, malgré les limites qu'il s'en est lui même imposé de manière involontaire.

Quentin Billard

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