Disparition : Edouard Artemiev, mort du compositeur de Tarkovski

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- Publié le 31-12-2022




Edouard Artemiev, mort le 29 décembre 2022 à l'âge de 85 ans, s'est fait connaitre entre les années 1970 et 1990 comme un pionnier de la musique électronique avec ses synthétiseurs qu'il a pu pratiquer au cinéma pour le cinéaste Andreï Tarkovski (sur trois films, "Solaris", "Stalker", "Le Miroir"), construisant des paysages sonores envoutants, au bord du fantastique, invitant à la méditation, à la transe, au diapason de personnages fantômes, errant dans des paysages crépusculaires. Outre le moderne Tarkovski, il a pu être l'allier d'autres cinéastes russes aux antipodes, Nikita Mikhalkov et Andrey Konchalovskiy ("Sibériade", Grand prix du jury en 1979 au Festival de Cannes).

Edouard Artemiev a d'abord étudié la composition au Conservatoire de Moscou avant de s'interesser à la dimension sonore de la musique dès l’invention en 1960 par l’ingénieur Evgeny Murzin (qu'il rencontre) d'un des tout premiers synthétiseurs. C'est le fruit de l'expérimentation de cet instrument novateur qui le mènera 10 ans plus tard à collaborer avec Andreï Tarkovski qui prépare son "Solaris". Les notes electroniques étaient appropriées pour un film méditatif et spatial, pour lequel il "remixe" une mélodie de Bach ("Chorale Prelude in F-Minor"). Le classique et l'expérimental se mêlent. Il ne se restreint pas à l'emploi du synthé puisqu'il mélange les sonorités digitales avec celles plus organiques de l'orchestre, d'un orgue et de chœurs. Ils se retrouveront sur "Le Miroir" (1975) et "Stalker" (1979). Dans ce dernier, sa partition se confond avec le son d'un charriot véhiculant les personnages vers "La zone", espace mystérieux situé autour d'une centrale nucléaire. Sa musique contribue à identifier un paysage, à désigner un décor, tout en relatant un monde intérieur et fantasmatique. 

Parmi sa centaine de BO, on peut compter sur des mélodies plus sentimentales ("Esclave de l’amour", de Nikita Mikhalkov, 1976), classiques ("Soleil trompeur" de Nikita Mikhalov, 1994) ou fokloriques ("Urga", de Nikita Mikhalkov, 1991). Malgré cet eclectisme et son grand talent, il demeure identifié exclusivement comme un compositeur du cinéma russe, ignoré des cinéastes occidentaux. 

Il continuait jusqu'à sa mort à travailler pour Andrey Konchalovskiy (le frère de Mikhalkov). C'est pour lui qu'il signa sa dernière BO, en 2019, avec le film historique "Michel-Ange" ("Il peccato"). 

Il rejoint d'autres grandes figures de l'electronique disparues cette année, après l'allemand Klaus Schulze (en avril 2022) et le grec Vangelis (en mai 2022).

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