Dangereusement vôtre : Quand Duran Duran rencontre John Barry

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par François Fauson

- Publié le 17-02-2014




John Barry signe la musique du 14e opus officiel de la saga James Bond. Pour Roger Moore, c'est certainement le 007 de trop. L'acteur a vieilli et sa prestation sur un scénario approximatif servi par un casting limite comique ou à contre-emploi (Grace Jones ! et Tanya Roberts, Razzie Awards de la pire actrice en 1986) lui épargne une fin en beauté avec Octopussy ! Il est temps de passer à autre chose...

Par contre pour Duran Duran (groupe qui connaît une véritable consécration entre 1983 et 1985) et John Barry, c'est un succès de plus et non des moindres : Golden Globe de la meilleure chanson en 1985, 1ère au classement américain, 2ème au Royaume-Uni, top ten dans de nombreux pays. Aucune chanson de la saga n'a fait mieux. Pourtant, cela aurait tout aussi bien pu ne pas être. C'est dans les bonus DVD de l'album Greatest de Duran Duran que l'on apprend que John Taylor, bassiste du groupe et fan de 007, approche Albert Broccoli dans une soirée où il a semble-t-il forcé sur l'alcool... Il lui demande alors : « Quand allez vous prendre quelqu'un de convenable pour faire l'une de vos chansons ? »... Le groupe retrouve John Barry à Londres pour composer la chanson du générique. Simon Le Bon, chanteur du groupe, dira que "[John Barry] n'a vraiment inventé aucune des idées musicales de base. Il a entendu ce que nous avons fait et il les a mis dans l'ordre. Et c'est pourquoi c'est arrivé si rapidement parce qu'il a pu séparer les bonnes idées des mauvaises et il les a arrangées. Il a une super façon de faire des arrangements sur les cordes. Il travaillait avec nous quasiment comme le sixième membre du groupe" [Jon Burlingame, voir bibliographie, page 174].

De façon générale, la musique ne comporte pas de réelles surprises. Le thème de la chanson réapparaît à intervalles réguliers mais il ne suffit pas d'introduire des cuivres et de la guitare électrique sur un thème rock acclamé par la foule pour être réellement novateur. John Barry réalise une musique qui, toute proportion gardée, ne lui coûte pas grand-chose. Pour lui aussi, il est temps de passer à autre chose...

A écouter "Snow Job" (piste comprenant le "James Bond is back" à 1'30 et dont la qualité est parfois comparée à celle qui accompagne la course-poursuite à ski dans On Her Majesty's Secret Service), "He's Dangerous" et "Golden Gate Fight", on entend, à la basse, un ostinato comme Barry sait les utiliser. On comprend alors pourquoi les critiques lui reprochèrent justement ce type de répétitions à outrance, solution facile pour un compositeur de génie. Le fait que, même si l'on peut l'écouter sans fin et avec plaisir, l'ensemble tourne un peu à vide... Pour concurrencer Never Say Never Again, le "James Bond theme" apparaît neuf fois dans Octopusssy contre une seule dans A View To A Kill ("May Day Jumpers" à 1'51). Même la traditionnelle romance n'apporte rien de nouveau : "Wine With Stacey" si ce n'est la possibilité d'entendre la flûte de Susan Milan et de générer le suspense dans "Bond Escapes Roller" par la répétition d'un même motif accompagné de cuivres bouchés. Mais, c'est un procédé déjà entendu, il y a très longtemps, dans Thunderball...

 

par François Fauson


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