Arrête-moi si tu peux (John Williams), un Retour aux Années 60/70

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par Quentin Billard

- Publié le 01-01-2008




John Williams retrouve Spielberg pour la 19ème fois, avec une partition aux sonorités jazzy évoquant l'histoire se passant dans les années 60 aux Etats-Unis. Le compositeur associe un thème pour les deux personnages, Carl Hanratty (Tom Hanks) et Frank Abagnale (Leonardo DiCaprio), un thème léger, amusant et vaguement mystérieux pour le premier, un thème plus naïf et innocent pour le second, jouant sur la filature dans un traduction muscial du chat et de la souris.

Le 'Main Title' du film s'ouvre au son du mystérieux thème léger et espiègle de Hanratty (Tom Hanks). La seconde partie du morceau (avec des orchestrations légères et furtives) part dans un style très jazzy avec le sax et une partie de walking-bass typique du jazz. Cela faisait longtemps que le compositeur n'avait pas abordé ce registre dans sa musique. Ses musiques jazzy remontent essentiellement aux années 60/70, bien avant que le compositeur ne rentre dans l'univers épique et symphonique de 'Star Wars', 'Superman' ou 'Indiana Jones'. (devons-nous rappeler que le compositeur fut pianiste de jazz dans sa jeunesse?) D'une manière générale, l'orchestre est nettement plus restreint ici que dans la plupart des grosses partitions orchestrales que Williams écrit habituellement pour les films de Spielberg. Le compositeur a parfaitement cerné le côté drôle et léger du film, le Main Title ('Catch Me If You Can') étant là pour nous le prouver avec panache et énergie. Cette ouverture risque fort de surprendre tout ceux qui commençaient à se lasser des dernières partitions orchestrales du compositeur que l'on critique de plus en plus pour son manque d'originalité et sa tendance à utiliser de manière quasi systématique les mêmes formules. Le thème de Hanratty est combiné avec un amusant duo saxophone/vibraphone auquel vont très vite se rejoindre des cordes et quelques vents furtifs, sans oublier les quelques claquements de main des musiciens pour donner un côté encore plus 'cool' à ce petit morceau aux accents jazzy.

'The 'Float' nous permet alors d'entendre le thème de Frank (Leonardo DiCaprio), le morceau étant entendu dans le générique de fin du film. Après un petit passage de sax avec walking bass jazzy, Williams nous fait entendre ce petit thème innocent avec ce petit côté innocent à la 'Home Alone' avec ses habituels mélange vibraphone/piano avec harpes et quelques vents sautillants et un piano toujours très furtif, 'The Float' étant sans aucun doute l'un des morceaux phare du score. Le troisième thème intervient dans 'Recollections (The Father's Theme)', thème de saxophone plus mélancolique exprimant le côté un peu plus dramatique de l'histoire, puisqu'à l'origine, Frank met une partie de son 'butin' de côté afin d'aider son père à s'en sortir financièrement puisque ce dernier est harcelé par le FISC. A partir de là, les trois thèmes seront répétés sous diverses variations tout au long du film (et du score), constituant plus de 90% du score du film. Le thème de Frank évoque l'espoir d'un avenir meilleur pour le jeune garçon qui à 16 ans décide de subvenir lui même à ses besoins en devenant un escroc hors pair. Williams a parfaitement retranscrit tout le charme et l'innocence du personnage. On retrouve le thème mélancolique dans 'Father & Son' dans une scène où Frank retrouve son père dans un café, Williams faisant de nouveau intervenir le sax avec un piano plus intime. Dans 'The Flash Comics Cue', on retrouve une fois encore cette idée du jeu du chat et de la souris puisque le thème de Hanratty et de Abagnale s'alternent de manière très furtive pour évoquer la poursuite entre les deux protagonistes. (ici, le morceau intervient dans la scène où Hanratty découvre qu'un des nombreux faux noms de Frank provient d'un comics - il en déduit ainsi que le mystérieux escroc n'est autre qu'un gamin) 'A Broken Home' nous refait entendre le thème mélancolique de sax pour évoquer la séparation avec sa famille (son mère a divorcé et s'est remarié, son père a des ennuis avec le FISC et mourra finalement quelque temps après son arrestation - derrière le côté léger et drôle du film, il n'y a néanmoins un aspect plus dramatique et poignant dans cette histoire hors du commun). Dommage cependant que le morceau n'apporte rien de nouveau par rapport à 'Father & Son' où on pourra entendre une reprise tout à fait similaire de ce thème de sax. On a aussi quelques moments plus sombres et notamment dans 'The Airport Scene' alors que les flics viennent arrêter Frank à l'aéroport. On pourra entendre ici quelques cordes plus sombres et des orchestrations un peu plus menaçantes, mais rien de très marquant par rapport au reste de la partition.

Point d'envolées orchestrales ici ou de pièces d'action tonitruantes, 'Catch Me If You Can' est un petit score intime tout à fait calme, sympa sans plus. L'ensemble est assez original par rapport à ce que Williams a fait récemment, mais on ne pourra certainement pas considérer cette 19ème collaboration avec Spielberg comme la plus réussie ou la plus inspirée. Néanmoins, le score de 'Catch Me If You Can' n'en reste pas moins très attachant, modeste, sympa et par moment plus sombre ou mélancolique, un petit score plus intime où l'on sent très bien que le compositeur a pris un certain plaisir à renouer avec un style jazzy plus typique de sa période années 60/70. On pourra regretter le côté un peu simpliste et quelconque du thème de Frank, un thème qui finalement intervient de manière un peu trop monotone tout au long du film, sans véritable variation particulière. A la limite, je dirais que le thème le plus intéressant reste celui de Hanratty entendu dans 'Catch Me If You Can', le Main Title du score, probablement LE morceau du score avec 'The Float' qui résume quand à lui toutes les idées de la partition de Williams. Avis aux fans du compositeur, c'est un Williams un peu différent que vous pourrez entendre sur ce nouveau Spielberg, le compositeur ayant sauté sur l'occasion de nous dévoiler une autre facette mois connue de son talent de compositeur/musicien. Pas de cuivres héroïques ou triomphants, pas de grandes envolées symphoniques épiques, juste un petit score intime avec trois thèmes qui résument parfaitement l'esprit du film. Un score anecdotique dans la carrière de Williams mais sans aucun doute une petite surprise pour tout ceux qui se lassent de ses grosses partitions symphoniques habituelles.

par Quentin Billard


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