Alexandre Desplat

Alexandre Desplat

Né en 1961 à Paris..

Alexandre Desplat, né en 1961, fait ses débuts remarqués au cinéma avec le premier film de Jacques Audiard, « Regarde les Hommes Tomber » (1994), marquant le début d’une riche collaboration (Un Héros Très Discret, Sur mes lèvres, Un prophète… et deux César pour De battre mon cœur s'est arrêté et De rouille et d'os). En France, il est aussi le compositeur régulier de Robert Guédiguian (Ki Lo Sa ? en 1985, L'Armée du crime), Florent Emilio-Siri (Nid de guêpes, Otage, L’Ennemi intime), Xavier Giannoli (Une Aventure), Gilles Bourdos (Inquiétudes, Et Après). Dés 2003, il s’ouvre au monde anglo-saxon en commençant par l’Angleterre avec La Jeune Fille à la perle de Peter Webber, Birth de Jonathan Glazer, puis The Queen de Stephen Frears (qu’il retrouvera sur Cheri, Tamara Drewe), ce qui le mène aux Etats-Unis avec ses premiers films hollywoodiens en 2007, Le Merveilleux Magasin de Mr. Magorium, À la croisée des mondes : La Boussole d'or, et surtout L'Étrange Histoire de Benjamin Button de David Fincher. 2009 marque sa rencontre avec Wes Anderson (Fantastic Mr. Fox) grâce à qui il obtient son premier Oscar (pour The Grand Budapest Hotel). 2010 marque sa collaboration avec Roman Polanski (The Ghost Writer, lauréat d’un César, La Vénus à la fourrure). Il participe à de grandes sagas (Twilight, Harry Potter), rencontre Terrence Malick, George Clooney, Kathryn Bigelow, Guillermo Del Toro et même Luc Besson sur « Valérian et la Cité des mille planètes ».

• Agent :   Kraft-Engel Management

Ses récompenses :  César (....) •  BAFTA (2015) •  Oscar (2015) •  Golden Globes (2018) •  BAFTA (2018) •  Oscar (2018) •  César (2019) •  Lumières (2020) •  Annie Awards (2023)

Ses B.O notables : La Forme de l'eau ( Guillermo del Toro , 2018) • Adults in the Room ( Costa-Gavras , 2019) • L'Île aux chiens ( Wes Anderson , 2018) • Regarde les hommes tomber ( Jacques Audiard , 1994) • The Ghost Writer ( Roman Polanski , 2010) • Un prophète ( Jacques Audiard , 2009) •

Articles / Biographies

Si il commence rapidement au cinéma, Alexandre Desplat ne délaisse pas la télévision et compose souvent pour Les Guignols de l'Info ou Le Vrai Journal de Karl Zéro. Il composera d'ailleurs la musique du film Le Tronc du même Karl. C'est surtout dès 1994 qu'il se pose comme noble héritier de la musique de film française et qu'il s'installe dans le milieu cinématographique. Regarde les Hommes Tomber de Jacques Audiard marque le début d'une collaboration active et importante qui continue encore aujourd'hui.

En 1993, il compose aussi pour le film d'époque Les Milles : Les Trains de la Liberté qui figure sans aucun doute dans ses plus beaux scores. En 1996, il travaille à la fois sur le nouveau film de Jacques Audiard Un Héros Très Discret avec Mathieu Kassovitz et Sandrine Kimberlain, mais il travaille avec la femme du réalisateur : Marion Vernoux pour son très réussi Love Etc… Pour en revenir à Un Héros Très Discret, il faut peut être dire qu'il s'agit d'un score incroyablement intéressant et abouti et où Desplat réussi à mélanger percussions africaines avec musique plus traditionnelle. Le résultat lui permet d'être nommé aux Césars de 1996. La machine se met doucement en route et c'est en 1998 qu'il travaille avec Patrice Leconte sur Une Chance sur Deux. La musique, sonnant très américaine, fut d'ailleurs légèrement reprise par Joel McNeely sur The Avengers. Desplat compose aussi pour La Femme du Cosmonaute avec Victoria Abril et Gérard Lanvin.

Puis 1999 arrive avec pas moins de 13 compositions en majeure partie pour la télévision, mais aussi pour un dessin animé (l'étrange Château des Singes de Jean-François Laguionie), et les films Toni ou Restons Groupés qui ont tout deux été édités en CD. Le premier, très ethnique et urbain, permet à Desplat de trouver des aspirations dans la musique méditerranéenne, tandis que le second lui offre la possibilité de jouer sur la sonorité américaine pour une comédie se passant aux USA. Il travaille pour la première fois avec Florent-Emilio Siri sur Une Minute de Silence qui annonce une collaboration fructueuse et originale.

Il travaille en 2000 avec le regretté Philippe de Broca qui le considère comme le nouveau Georges Delerue. Le score, très bossa nova et lounge nous fait découvrir une nouvelle facette de son talent. 2001 permet à Desplat de nous éblouir avec trois scores fantastiques : The Luzhin Défense qui brille par son lyrisme et son originalité, Reines d'un Jour (de Marion Vernoux) où il use et abuse de styles, d'époques, d'instruments pour donner une couleur particulière à ce film décalé et acidulé, et surtout Sur Mes Lèvres, qui possède une musique forte, mystérieuse et atypique pour ce film très noir. N'oublions pas Les Portes de la Gloire où Desplat recommence à jouer avec les différentes époques et les différents styles musicaux, et va même jusqu'à écrire des parodies de chansons populaires.

Avec sa très courte composition sur l'inégale mais sublime 11 Minutes, 9 Secondes, 1 Image, son petit passage par le documentaire avec un petit film sur Audiard-père ou encore un peu de télé, 2002 est une année importante pour Desplat puisqu'il compose Nid de Guêpes pour le film de Florent-Emilio Siri. Brillant et hypnotique dans sa perfection, le score n'est pas particulièrement violent comme le film, ni trop en décalage : il se situe parfaitement au bon endroit, au bon moment. Ses orchestrations puissantes, l'utilisation du carnix, instrument celte très ancien et une bonne dose de testostérone, transforme un score d'action bateau en chef d'œuvre. Magistral !

Puis en 2003, Desplat continue avec des thrillers : Les Corps Impatients (édités chez Amélie Aime le Cinéma – respect à elle), Le Pacte du Silence, Tristan et Stormy Weather (pas d'éditions CD), mais aussi par des comédies dont Rire et Châtiment qui se permet une petite vingtaine de minutes sur l'album. Pourtant rien qui n'arrive à la hauteur du premier pas américain d'Alexandre : Girl With A Pearl Earring (La Jeune Fille à la Perle). Le réalisateur, Peter Webber, l'avait découvert grâce à Sur Mes Lèvres, et décide de laisser sa chance au compositeur. Le film, réalisé en Europe, produit par Pathé, fait un tabac et ouvre grand les portes des USA à Desplat. Toute en sensibilité, tout en finesse, le score de Desplat est touchant, beau et fin comme une peinture de Vermeer.

Rapidement en 2004, avec trois scores, tous édités en CD, on peut voir à quel point Desplat a atteint une perfection, un talent, et une reconnaissance telle : Birth, L'Enquête Corse et Inquiétudes. Le dernier, passé inaperçu à sa sortie début 2004, est un thriller adapté de Ruth Rendell, le second est une comédie se passant en Corse où Desplat rend hommage à Lalo Schiffrin et John Barry au travers de passages jazzy et lounge tout en évitant les clichés et les poncifs de la Corse. Et enfin Birth compte parmi les scores les plus aboutis d'Alexandre Desplat. Il colle au film, le rend encore meilleur tout en faisant quelque chose de très original, triturant les codes, changeant les habitudes.

L'année 2005 se révéle également fructueuse. Après le De Battre mon Cœur s'est Arrêté de Audiard (édité chez Naïve - respect aussi – et Ours d'Argent à Berlin et plusieurs César dont meilleur film et meilleure musique), nous retrouvons le français sur trois films américains : un film d'action (Hostage), réalisé par son compère Florent-Emilio Siri avec Bruce Willis, un drame (Upside of Anger) avec Kevin Costner et Joan Allen, et enfin un biopic avec Casanova, réalisé par Lasse Hallstrom.

Il poursuite ensuite sa carrière américaine avec le film politique Syriana (avec George Clooney) pour lequel il est nominé aux Golden Globes pour la seconde fois, partition aux sonorités originales, puis le thriller d'action Firewall (avec Harrison Ford) en 2006, avant de collaborer avec Stephen Frears sur The Queen, qui lui vaut sa première nomination aux Oscars. Il enchaîne avec le très beau score pour Le Voile des Illusions de John Curran qui est également sa première récompense d'envergure, puisqu'il rafle à cette occasion le Golden Globe de la meilleure musique, après avoir été nommé deux fois.

En 2007, il signe la musique de Lust, Caution pour Ang Lee, l'un de ses meilleurs travaux, une musique suave et mystérieuse. La même année, il retrouve Florent-Emilio Siri sur L'ennemi Intime, étonnante partition atmosphérique. A Hollywood, il signe deux partitions de films fantastiques pour enfants : Le merveilleux magasin de Mr. Magorium et A la croisée des mondes - la boussole d'or. Ce dernier film est l'occasion de signer une musique de grande envergure, dans la lignée d'un Harry Potter. Malheureusement, le film est un échec artistique et financier. En 2008, il est remarqué par David Fincher qui lui demande une musique pour L'étrange histoire de Benjamin Button, film fleuve qui se déroule l'histoire d'une vie. C'est un nouveau défi relevé haut la main par Desplat, il décroche une seconde nomination aux Oscars (et une 4ème aux Golden Globes). Il retrouve Stephen Frears avec Cheri, et le cinéma français avec Et après de Gilles Bourdos, Largo Winch de Jérôme Salle (et sa suite en 2011), puis en 2009 Coco avant Chanel de Anne Fontaine, L'Armée du Crime de Robert Guédiguian, et Un prophète de Jacques Audiard, Grand Prix au festival de Cannes.

Dès lors, Alexandre Desplat devient inarrêtable, et enchaîne les projets d'envergure : il signe le score du film d'animation de Wes Anderson Fantastic Mr Fox (une vraie réussite qui lui vaut une 3ème nomination aux Oscars), puis signe la musique du second volet de la saga fantastique Twilight (New Moon) en ajoutant une bonne dose de sensualité au film. Il retrouve une troisième fois Stephen Frears sur l'amusant Tamara Drew, mais on remarque surtout sa musique pour The Ghost Writer de Roman Polanski, l'une des pépites de sa carrière, qui lui vaudra un second César français. C'est sans surprise, mais avec enthousiasme, qu'on le voit alors engagé pour écrire la musique des deux ultimes volets de la saga Harry Potter réalisés par David Yates : Harry Potter et les reliques de la mort, le premier en 2010, le second en 2011. Il devient définitivement un compositeur "dans le coup" et "bankable". Si l'on retrouve parfois son style, force est de constater qu'il se noie un peu dans le registre de l'action et de l'aventure. Le polar ou la romance lui vont bien davantage. Il signe pourtant un film historique qui fera parler de lui en 2010 : Le discours d'un roi de Tom Hooper. Sa musique est nommée à l'Oscar pour la 4ème fois, mais Desplat ne bénéficie pas du buzz du film qui rafle pourtant 4 Oscars dont celui du meilleur film.

Le compositeur français s'en remet assez vite en collaborant alors avec l'un des cinéastes américains les plus brillants encore en activité, le mystérieux Terrence Malick. Son film Tree of Life, attendu pendant de nombreuses années à Cannes en 2009 puis en 2010, fini par être sélectionné en 2011 où il remporte la Palme d'Or. Un prestige tout relatif pour Desplat car Malick n'a gardé que quelques minutes de musique originale, préférant de nombreux morceaux existants. Un disque est pourtant édité, avec beaucoup de très belle musique plus inspirée par le film que véritablement dans le film.

En 2011, il retrouve Roman Polanski pour Carnage (pour un seul générique) et signe la musique de la satire politique de George Clooney, Les Marches du Pouvoir. En 2012, il rate de peu une nouvelle nomination aux Oscars pour Extrêmement fort et incroyablement près de Stephen Daldry ("Billy Elliot") mais se retrouve avec trois films en compétition au festival de Cannes : Moonrise Kingdom de Wes Anderson (deuxième collaboration), De rouille et d'os de Jacques Audiard, et Reality de Matteo Garrone. Trois aspects différents de sa musique, tantôt légère et sautillante, tantôt dramatique et tendue, tantôt satirique et référencielle (Nino Rota dans le film italien). Il retrouve Florent-Emilio Siri avec le biopic Cloclo, et retrouve également le genre du film fantastique pour enfants avec Les Cinq Légendes, film d'animation Dreamworks qui sort à Noël 2012.

Un compositeur de talent (de génie diront certains), qui sait jongler avec tout les styles, toutes les époques, Alexandre Desplat est aussi parfois décrié à cause de la multitude de films qu'il accapare et met en musique. L'homme demeure passionné par le cinéma et la musique lorsqu'il parle de son métier et des compositeurs qu'il aime, comme à Cannes en 2012 où il a donné une leçon de cinéma (et de musique).

Anthony Jauneaud / Sylvain Rivaud

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