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• Liste non exhaustive, apparaissent les films présents dans notre base :
La Ligne (2023)
- Film - BO : Jean-François Assy
Journal de ma tête (2018)
- Film - BO : Keegan De Witt
L'Enfant d'en-haut (2012)
- - BO : John Parish
Home (2008)
- - BO :
Cinezik : Quel est l'origine du projet ?
Ursula Meier : L'idée du film est naît en voiture. sur l'autoroute Bordeaux/Paris, je voyais des gens manger sur le bord de la route, une famille qui mangeait et qui avait l'air très heureuse. C'est une idée du bonheur au milieu des pots d'échappement très bizarre. Il y avait aussi en Belgique des maisons abandonnées et murées en bord d'autoroute. Je suis donc allé rencontrer des gens qui habitaient véritablement en bord d'autoroute. Je leur ai expliqué le projet et j'ai eu des idées d'images en allant chez eux. Mon film, c'est un Road Movie inversé.
C'est un travail sensoriel qui revient à l'essence du cinéma...
Pour moi, c'est important que le spectateur ait une vraie expérience de cinéma. Le son était un vrai paris de cinéma. C'est la matière organique du film. J'ai pensé aux Oiseaux d'Hitchcock. Il y a d'abord une première voiture puis ensuite des centaines, des milliers. C'est un bruit blanc comme la mer. C'est beau quelque part. Mais c'est aussi une attaque. Sur ce film, quand je disais "moteur", c'était aussi celui des voitures. On lançait toute une figuration voiture.
J'ai même écrit le film en écoutant des bandes son d'autoroute pour me mettre dans l'ambiance des personnages. En fonction d'où j'en étais dans le scénario, j'écoutais des bandes son plus ou moins chargées en voiture. J'ai même écrit une séquence de nuit, dans le silence, pour reposer les esprits, pour avoir du silence, car sinon on devient dingue. Le son, c'est l'ossature du film, c'est très musical. C'est aussi un travail au mixage.
Je voulais que le spectateur ressente ce que vivent les personnages, qu'il soit au bord de l'autoroute, qu'il le ressente sans être saturé. C'est un film à vivre plus qu'à voir.
Et même sur le plateau, quand il n'y avait pas de figuration voiture, on diffusait les bruits de l'autoroute pour les comédiens et l'équipe technique, pour savoir comment porter la voix.
L'ingénieur du son et les comédiens savaient ainsi à quel niveau le trafic en était au moment de l'histoire. Et même dans les moments de silence vers la fin, l'autoroute est aussi présente dans les vibrations, quand on voit le verre.
Quelles étaient vos références ?
On pense à "Répulsion" de Polanski. Mais avec ma chef-opératrice, on voulait vraiment faire un film qui ne ressemble qu'à lui même, sans référence cinématographique, à part dans quelques plans ici ou là. On a plus travaillé sur photo, comme celles de Jeff Wall. Le décorateur a même conçu la cuisine du film d'après une de ses photos.
Chaque personnage est d'ailleurs déterminé par un son...
Olivier Gourmet c'est le jazz, Adelaide Leroux c'est du heavy metal assez trash, et Isabelle Huppert écoute la radio nationale puis radio autoroute avec une musique d'ascenseur immonde. Effectivement, chaque personnage a sa musique.
L'idée du film est de jouer avec les genres, passant du burlesque au drame, ne pas avoir peur des mélanges. Au niveau musical, c'est la même chose, en passant du heavy metal à du Bach, de Nina Simone à Django Reinhardt.
Avec le monteur son ce fut un travail énorme pour équilibrer tout cela, pour déterminer le niveau sonore du heavy metal.
Vous n'aviez pas de besoin d'un compositeur ?
Non, mais il y a eu tout de même un énorme travail sur les musiques, j'ai accumulé plein de musiques que je voulais mettre dans le film, des choses très différentes, et je me suis fait aider vers la fin par Franck Beauvais et Edouard Dubois, Franck pour le rock et c'est lui qui m'a fait écouter Nina Simone, et Edouard Dubois pour le classique, et m'a assuré la finition sur de petites choses musicales.