Réalisé par Peter Yates
Avec Freddie Jones, Ken Marshall, Lysette Anthony
Long-métrage américain
Genre : Aventure, Fantasy
Durée : 1h55min
Année de production : 1983
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B.O en écoute intégrale
James Horner venait de se faire un nom au cinéma grâce à son score pour 'Star Treck II : The Wrath of Khan'. Pour 'Krull', le jeune compositeur reprenait son style de 'Battle Beyond The Stars' (1980) et 'Star Trek II' pour écrire cette grande fresque symphonique interprétée par un London Symphony Orchestra en pleine forme. Le thème principal du score fait partie des grands thèmes mémorables du Horner des années 80, introduit par un 'Main Title' épique à souhait.
[© Texte : Cinezik] •
♡ Notre Coup de Coeur B.O
♡ Dans le genre "Aventures / Héroïc Fantasy"
Le 'Main Title' débute
avec un choeur d'enfants (les 'Ambrosian Singers' auxquels Horner refera
appel pour son score de 'Glory' en 1989 et qu'il utilise la même année
dans 'Brainstorm') dont la particularité, comme dans 'Glory', est de
monter dans un aigu difficilement atteignable pour d'autres jeunes
chanteurs. Ces choeurs d'enfants introduisent la dimension féerique et
magique du film, étant très vite suivi d'une fanfare héroïque annonçant
le thème principal exposé par des cordes et des cuivres amples et
puissants. Très enjoué et assez joyeux, le thème de 'Krull' (une mélodie
fraîche assez longue) évoque bien l'univers musical de la jeunesse de
Horner, seulement âgé de 30 ans à l'époque où il compose cette musique.
Pour la petite anecdote, Horner est tombé malade durant l'écriture de
son score pour 'Krull'. Afin de gagner du temps, il a du faire appel à
quelques orchestrateurs pour finir son travail, travaillant lui-même sur
les parties orchestrales de sa partition. Au final, le résultat est
assez épatant sans être ce que Horner même si depuis, le compositeur a
écrit de bien meilleures partitions.
Après cette introduction puissante, épique, héroïque et très cuivrée, on
retrouve la fanfare pour l'arrivée de Colwyn au palais, le thème
principal étant repris ici sous la forme d'une chevauchée héroïque et
captivante. L'attaque des tueurs dans 'The Slayer's Attack' se fait au
son d'un nouveau thème de cors/trombones plus sombre, avec une rythmique
plus massive et quelques petits sons de synthé discrets créant un
environnement sonore nettement plus sombre. Le morceau débute au son du
'Love Theme' entre Colwyn et Lyssa, entendu au début du film lors de
leurs retrouvailles. Confié à des cordes très sirupeuses et typiquement
hollywoodiennes, ce joli 'Love Theme' n'a rien de franchement marquant
en soi et n'est certainement pas le meilleur thème du score. L'attaque
des tueurs se fait au son d'un orchestre massif avec un flot de
percussions déchaînées et de cuivres et cordes agressifs à souhait. On
trouvera par exemple un martèlement d'effets de col legno des cordes
qu'Horner avait déjà utilisé dans 'Wolfen', 'Battle Beyond The Stars' et
'Star Trek II'. C'est le pupitre de cuivres utilisé ici qui rend le
score véritablement impressionnant et qui contribue à créer ce son
orchestral si unique en son genre, Horner alternant plusieurs formes de
cors avec divers trombones, tubas et quelques trompettes.
'Quest for The Glaive' nous permet de réentendre une reprise
particulièrement noble du thème principal alors que Colwyn se met en
quête du glaive en escaladant la montagne à mains nues. Le choeur
d'enfants refait son apparition pour évoquer les exploits de Colwyn.
Après avoir évoque l'attaque des tueurs dans 'The Slayer's Attack',
Horner évoque de nouveau les forces du mal dans 'Lyssa In The
Forteress'. La bête est personnifiée dans le film avec des cuivres
pesants et dissonants et un choeur d'hommes extrêmement menaçant et qui
semble ramper dans l'obscurité, une petite trouvaille intéressante qui
ajoute une couleur sonore de plus à la palette musicale du compositeur.
Cette 'couleur sonore' particulièrement sinistre et inquiétante traverse
une bonne partie de la composition de Horner et sert de balise musicale
au personnage de la bête. Horner alterne ainsi entre l'héroïsme cuivré
de Colwyn et le cauchemar suffoquant des sonorités orchestrales/vocales
de la bête, cette alternance nous rappelant au final le thème majeur du
film: l'éternel combat entre le bien et le mal. On trouvera un nouveau
morceau d'action dans 'Battle In The Swamp' où le thème enjoué de Colwyn
revient pour évoquer l'affrontement contre les tueurs dans la séquence
du marais, les tueurs étant évoqués comme d'habitude avec des
percussions agressives et des cuivres/cordes martelés pour créer un
effet rythmique massif. 'Quicksand' évoque quant à lui la scène des
sables mouvants, Horner créant ici un fort sentiment de danger, sans
oublier de développer au passage le thème de Colwyn et l'aspect plus
sombre et menaçant évoquant les méfaits des pouvoirs de la bête.
Impossible de parler du score de 'Krull' sans faire référence au superbe
'Widow's Web', superbe pièce orchestrale dans laquelle Horner témoigne
de son goût pour une écriture atonale plus contemporaine d'esprit.
Rappelons que le compositeur a eu comme professeur Gyorgi Ligeti durant
sa jeunesse et qu'il a donc été formé à l'écriture des musiciens dits
'contemporains' du 20ème siècle. 'The Widow's Web' évoque ainsi la
séquence où Ynyr traverse la caverne de la veuve aux milles fils en
passant à travers l'immense toile d'araignée. Horner installe ici une
ambiance sombre particulièrement glauque, quasi-surréaliste. Pour se
faire, Horner utilise un souffle de choeurs et de cordes évoquant le son
mystérieux du vent dans une caverne, un sifflement pesant qui renforce
le côté glauque du morceau. A cela se rajoute des clusters de cuivres
particulièrement agressifs, surtout dans la scène où apparaît l'araignée
blanche. Horner a réussi à créer ici en l'espace de 6 minutes une
atmosphère pesante et angoissante qui donne un effet très prenant à
l'écran. On sent véritablement bien le danger peser sur Ynyr au fur et à
mesure que l'araignée se rapproche de lui. Heureusement, 'The Widow's
Lullaby' vient calmer les esprits en privilégiant une atmosphère plus
paisible voire féerique (séquence avec la veuve). L'autre morceau
incontournable du score reste l'excellent 'Riding The Firemares', grand
morceau d'aventure épique à souhait dans la plus pure tradition du
genre. Horner reprend le thème principal sous la forme d'une chevauchée
excitante et entraînante, laissant se déchaîné ici les fanfares dans une
écriture de cuivres quasi-virtuoses. Le thème principal devient plus
puissant que jamais dans la séquence où Colwyn et ses amis foncent en
direction de la forteresse noire sur le dos des chevaux de feu. La
deuxième partie de ce morceau intense décrit avec fracas l'arrivée des
héros à la forteresse noire et la première séquence d'affrontement
débouchant sur 'Battle on The Parapets'. On retrouve dans cette seconde
partie les cuivres sombres évoquant les tueurs avec un flot
impressionnant de percussions. 'Inside The Black Forteress' évoque
l'univers maléfique de la bête, Horner alternant ici le matériau
héroïque de Colwyn et les sonorités sinistres de la bête pour évoquer la
confrontation entre les deux ennemis. 'Death of The Beast &
Destruction of The Black Forteress' évoque la mort de la bête dans un
fracas orchestral massif où Horner regroupe ses thèmes et les mélange au
sein d'un morceau plus brutal où l'orchestre est malmené afin d'évoquer
la destruction de la forteresse noire. C'est la victoire finale dans
l'excellent 'Epilogue & End Title' reprenant le 'Love Theme' dans
toute sa splendeur lors des retrouvailles entre Colwyn et Lyssa, suivi
du motif de choeur d'enfants qui ouvrait le film de manière si
mystérieuse. Le générique de fin se fera au son d'une ultime reprise du
superbe thème principal, décidément l'atout majeur de cette grande
fresque symphonique.
Vous l'aurez donc compris, 'Krull' est une grande partition épique et
particulièrement enthousiasmante. Bien sûr, Horner s'inspire du style de
'Battle Beyond The Stars' et 'Star Trek II' pour aboutir à l'un de ses
premiers grands chef-d'oeuvre qui demeure aussi une partition de
jeunesse avec quelques défauts, dont l'un est de manquer un peu
d'équilibre sur le plan orchestral - cela a parfois tendance à partir un
peu dans tous les sens. A l'écoute de 'Krull', on sent clairement
l'exubérance de la jeunesse, et ce même si James Horner est quand même
âgé de 30 ans à l'époque. La partition symphonique de 'Krull' n'a rien à
envier aux grandes fresques épiques hollywoodiennes d'un Korngold, d'un
Rozsa, d'un Newman ou d'un Williams, Horner reprenant le style
orchestral du golden age hollywoodien agrémenté d'une touche personnelle
sur le plan de l'écriture orchestrale (les parties de cuivres sont
typiques d'Horner - on les retrouvera dans des BO telles que 'Aliens',
'Willow', 'The Rocketeer', etc.). Un morceau comme 'Widow's Web'
témoigne même du goût du compositeur pour la musique atonale
'contemporaine' du 20eme siècle. En conclusion, 'Krull' est un petit
bijou que vous devez (re)découvrir à tout prix, même si l'ensemble
n'atteint pas la qualité de certaines partitions ultérieures d'Horner.
James Horner a également écrit la musique de : Cocoon (1985) • Le Nom de la Rose (1986) • Braveheart (1995) • Apollo 13 (1995) • Willow (1988) • Les Mercenaires de l'espace (1981) • Le Petit dinosaure et la vallée des merveilles (1989) • Aliens (1986) • La Légende de Zorro (2005) • Flightplan (2005) • Sans frontière (2003) • Commando (1986) • Génération Rx (2004) • Mémoire effacée (2004) • Glory (1990) •
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