Sébastien Akchoté, plus connu sous le nom de Sebastian pour son travail dans la musique électronique, a composé la musique du drame réalisé par Xavier Legrand, qui a fait appel pour la première fois à un compositeur. Ce film s'articule autour d'un jeune créateur, Ellias, interprété par Marc-André Grondin, à la tête d'une maison de haute couture parisienne qui, à la fin d'un défilé ouvrant le film, apprend la mort de son père. Cet événement l'oblige à retourner au Québec pour y découvrir un lourd secret. Sa musique électronique, qui illustre initialement le défilé de mode avec une composition intradiégétique accompagnant les mannequins dans un style électro branché, évolue vers une tonalité plus introspective (avec l'ajout de cordes et de piano) suite à l'annonce du décès paternel, marquant ainsi le désarroi du personnage principal. Enfin, elle s'absente totalement lors de l'arrivée au Canada, permettant au thriller de se dérouler sans le soutien de notes. La musique lance donc le film et crée un contraste entre la vie parisienne luxuriante et agitée, et le retour tendu et mutique au pays natal. Une chanson de Michel Fugain, chère au père et jouée lors des funérailles, apporte une touche d'ironie.
[© Texte : Cinezik] •
(extrait de la Table Ronde au Festival des Arcs 2023)
Alexandre Gavras, le producteur : Sébastian est en charge de la composition de toute la musique des défilés. L'un de ses défis était d'adapter la musique aux mannequins, afin qu'ils puissent marcher en rythme. Il a livré une suite comprenant quatre mouvements : l'ouverture, suivie d'un deuxième, puis d'un troisième et d'un quatrième mouvement, destiné aux coulisses.
Thibault Deboaisne, le superviseur musical : La question initiale pour le film était de savoir qui composerait la musique pour le défilé de mode, représentant le premier défilé d'un nouveau créateur. Devions-nous opter pour de la musique préexistante ou pour une partition originale ? Nous avions quelques références mais il est apparu plus intéressant de créer une musique sur mesure. Nous avons intégré certains thèmes originaux du premier défilé dans le reste de la bande sonore du film. Le film débute avec une ambiance très parisienne, tendance, avant de se transformer en thriller. Il fallait donc trouver quelqu'un capable d'écrire de la musique électronique rythmée, puis de composer une partition plus de suspens. Sébastien a donc été choisi, et il a produit un travail stupéfiant. Sébastien est son propre producteur, dans son propre studio. Cela nous a libérés de la nécessité de faire appel à des orchestres, en lui accordant une grande indépendance. Nous avions également à inclure dans le scénario du film des chansons, notamment une chanson de Michel Fugain qui joue un rôle important dans l'histoire, et de la musique classique jouée au piano que nous devions utiliser dans un style très mélancolique, portant sur le deuil. Il s’agissait donc de choisir la bonne version qui pourrait fonctionner, sans être trop coûteuse. Nous avons ainsi dû obtenir les droits avant le tournage.
Alexandre Gavras : Il n'y a pas tant de musique dans le film, mais c'est la première fois que le réalisateur collabore avec un compositeur, donc cela a été une expérience nouvelle et intéressante pour lui, il était captivant de l'accompagner. L'un des défis a été de tout obtenir à temps. Nous avons également dû faire face à des problèmes courants, tels que la musique temporaire (une musique utilisée par les monteurs de films en attendant la composition musicale originale finale). Pour le défilé, par exemple, nous avons utilisé en tant que Temp Track une autre musique composée par Sébastian pour un défilé Saint Laurent. Il est souvent difficile pour un compositeur de produire quelque chose de similaire à ses travaux antérieurs. Et ce thème inaugural est arrangé de différentes manières tout au long du film. De plus, l'utilisation de la musique dans le film ne vise pas à illustrer ce qui se passe à l'écran, pour faire savoir au public qu'à un moment donné, ils devraient avoir peur, ou à un autre moment, ils devraient être heureux, ou pleurer, mais nous l'avons utilisée pour signaler les transitions, pour augmenter le rythme du film là où il pourrait ralentir un peu.
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