Titanic de James Cameron ne se présente plus. Célèbre dans le monde entier, ayant remporté un succès mondial phénoménal, Titanic a véritablement été un phénomène de société, autour d'un couple désormais mythique : Leonardo DiCaprio et Kate Winslet. La musique de James Horner a participé à ce succès et est devenue elle aussi un classique incontournable, couronnée d'ailleurs de deux Oscars (meilleurs score et chanson).
Mars 2012 : Sony édite deux coffrets anniversaire (Titanic : Anniversary Edition / Titanic : Collector’s Anniversary Edition) à l’occasion de la sortie en salles du long métrage de James Cameron en 3D. La musique a été remasterisée avec plusieurs bonus dont 5 morceaux jamais entendus de I Salonisti (les musiciens à bord du paquebot dans le film). Dans le coffret collector sont inclus deux disques additionnels avec la remasterisation de l’album "Back to Titanic" et "Popular Music From the Titanic Era".
[© Texte : Cinezik] • 0886443386129
Tracklist (de la BO en CD ou Digital)
1. Never An Absolution (3:03)
2. Distant Memories (2:23)
3. Southampton (4:01)
4. Rose (2:52)
5. Leaving Port (3:26)
6. "Take Her To Sea, Mr. Murdoch" (4:31)
7. "Hard To Starboard" (6:52)
8. Unable To Stay, Unwilling To Leave (3:56)
9. The Sinking (5:05)
10. Death Of Titanic (8:26)
11. A Promise Kept (6:02)
12. A Life So Changed (2:13)
13. An Ocean Of Memories (7:57)
14. My Heart Will Go On (Love Theme From 'Titanic') (5:10) *
Performed by Celine Dion
15. Hymn To The Sea (6:25)
* Interprété par Céline Dion
Avec Leonardo DiCaprio, Kate Winslet, Billy Zane
Film américain.
Genre : Drame, Romance
Durée : 3h 14min.
Année de production : 1997
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Onze ans après « Aliens », James Horner retrouva James Cameron sur « Titanic », et ce alors que les deux hommes s'étaient juré de ne plus jamais retravailler ensemble sur un film. Rappelons qu'effectivement, la collaboration entre Cameron et Horner a été particulièrement houleuse sur « Aliens », la partition ayant été conçue dans un certain chaos - avec la fameuse anecdote au sujet de la prétendue altercation physique entre les deux James. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ni l'un ni l'autre n'a bronché à l'idée de retravailler ensemble en 1997 sur un nouveau film, comme quoi, entre temps, de l'eau a coulé sous le pont et les esprits se sont apaisés. Le résultat est tout simplement à la hauteur des attentes : James Horner a composé sa plus belle partition pour « Titanic », sans aucun doute l'oeuvre phare de toute sa carrière, ou du moins un véritablement accomplissement pour le compositeur.
Le
principal challenge sur « Titanic » était de retranscrire en musique
l'idée de l'amour éternel qui survit au temps et aux obstacles. L'idée
intemporelle du Titanic est d'abord soulignée par le thème du paquebot,
entendu dans « Southampton » et « Leaving Port », thème majestueux et
particulièrement joyeux, dédié à celui que l'on surnommait à l'époque
'le paquebot des rêves', une mélodie utilisant des choeurs synthétiques,
un aspect majeur dans la partition d'Horner qui a été très sévèrement
critiqué. A noter que ces passages ont été particulièrement inspirés des
musiques d'Enya, célèbre chanteuse et compositrice irlandaise qui
devait collaborer à l'origine à la musique de « Titanic » mais qui
rejeta finalement l'offre.
Cependant, James Cameron demande à Horner d'écrire la musique associée
dans le film au Titanic en imitant le style d'Enya. La ressemblance fut
telle qu'elle suscita pas mal de critiques à l'encontre du compositeur,
certains morceaux du score étant parfois crédités par erreur sous le nom
d'Enya. Cette utilisation inattendue des synthétiseurs à tendance
new-age a pas mal divisé le public de l'époque : certains y ont vu un
exemple flagrant de mauvais goût, d'autres une idée astucieuse pour
évoquer l'idée intemporelle du bateau qui hante encore les rêves des
survivants et des témoins de cette tragique histoire. C'est
effectivement la deuxième solution que l'on retiendra ici, car le défi
était d'éviter de tomber dans un classicisme trop facile et d'apporter
un côté intemporel - qui traverse le temps - à cette histoire évoquant
des valeurs universelles, d'où le choix du synthétiseur, chose plutôt
étonnante quand on sait que les synthétiseurs finissent toujours par
vieillir et subir l'épreuve du temps (chose inévitable lorsqu'on est
dépendant d'une technologie liée à une époque !). Et pourtant, malgré ce
parti pris osé, Horner a réussi ce que l'on n'attendait pas : évoquer le
récit du Titanic en traversant les âges. Peut-être que le choix des
synthétiseurs a aussi été motivé par la volonté de rendre l'histoire
plus moderne, plus proche de notre temps.
L'histoire d'amour tragique entre Jack et Rose est bien entendu évoquée
par les deux thèmes principaux de la partition : celui de « Never an
Absolution » et celui de « Rose ». Le premier, d'une tristesse profonde
et infinie, est représenté par la présence de la chanteuse norvégienne
Sissel Kyrkjebo, dont la voix éthérée apporte une magie quasi angélique
et extrêmement poétique à la musique du film. « Never an Absolution »
est un morceau extrêmement poignant, aussi bien par sa profonde
tristesse que par son évocation d'un amour éternel qui résiste au temps,
qui persiste dans la mémoire, l'amour envers une personne qui restera
gravé à jamais dans notre coeur, une idée sensible exprimée ici à travers
une retenue bouleversante, une pudeur merveilleuse dans laquelle James
Horner a su trouver le ton juste du film, sans jamais en faire de trop
ni même tomber dans le piège facile de la musique romantique 19èmiste.
Le second thème du score est associé dans le film à Rose (Kate Winslet),
il évoque clairement le personnage et son amour pour Jack Dawson, mais
aussi sa souffrance et sa détresse lorsque Jack meurt après s'être
sacrifié pour elle. En un sens, le thème de « Rose » rejoint aussi le
thème principal de « Never an Absolution ». Il s'agit ici aussi de
l'idée de l'amour éternel qui unit deux êtres, même après leur mort. La
tagline du film est même là pour nous le rappeler : « Rien sur terre ne
pouvait les séparer ». La voix angélique de Sissel apporte un éclairage
émotionnel saisissant à la musique de « Rose », une mélodie sublime et
inspirée pour la très célèbre séquence où Jack tient Rose par les
hanches sur le bord du bateau, les bras
levés, une
très belle scène mélangeant habilement romantisme et vision extasiée de
l'horizon infini de l'océan.
James Horner a aussi mis plus particulièrement l'accent ici sur les
sonorités irlandaises dans sa musique (d'où le fait que la chanteuse
Enya ait été pressentie à l'origine pour collaborer à la musique du film). « Never an Absolution » débute d'ailleurs par un solo de cornemuse,
tandis que le whistle irlandais est utilisé constamment dans plusieurs
pièces, et plus particulièrement au début de « Rose » et de la chanson
phare de Céline Dion, « My Heart Will Go On » (l'une des chansons les
plus célèbres de l'histoire de la musique de film !). A noter d'ailleurs
que l'on voit à plusieurs reprises des musiciens jouer de la musique
irlandaise à bord du paquebot - sans oublier la célèbre histoire de ce
quatuor à cordes qui joua jusqu'au bout durant le naufrage du Titanic,
un élément véridique montré d'ailleurs dans le film de James Cameron, et
d'une portée symbolique bouleversante : où comment la musique survit à
tout, même aux plus grandes catastrophes. En bref, Horner retrouve donc
ces solistes fétiches sur « Titanic » pour lesquels il offre de
nouvelles parties plutôt inspirées, et ce même si son travail autour des
sonorités celtiques rappelle inévitablement ce que le compositeur a
déjà fait sur des partitions telles que « Patriot Games » (1992) ou «
Braveheart » (1995). Et à propos de la chanson du générique de
fin, rappelons que « My Heart Will Go On », désormais célèbre dans le
monde entier, a permis de faire redécoller la carrière de la chanteuse
canadienne Céline Dion, et d'offrir à James Horner l'un de ses plus
beaux succès discographiques. La chanson, écrite d'après des paroles de
Will Jennings, reprend le thème de Rose, amplifié ici par la voix
brillante de Céline Dion, thème auquel Horner arrive à superposer, en
contrepoint du refrain de la chanson, le thème de « Never an Absolution
», comme pour rappeler les paroles de la chanson : « and you're here in
my heart, and my heart will go on and on ! ».
« Unable to Stay, Unwilling to Leave » évoque l'impossibilité de Rose de
quitter le paquebot et d'abandonner Jack sur le navire. La musique
prend ici une tournure extrêmement puissante et poignante alors que le
couple se jette dans les bras l'un de l'autre malgré la situation
tragique à laquelle ils sont confrontés : le naufrage imminent du
Titanic. Horner utilise les synthétiseurs tout au long de sa partition,
parfois avec brio, mais parfois aussi de façon moins intéressante et
inégale. Pourtant, son utilisation dans « Distant Memories » ou «
Leaving Port » est particulièrement riche et réussie, soulignant ici
aussi l'intemporalité de l'histoire du Titanic. Enfin, pour terminer avec les grands axes de cette musique, on ne pourra pas passer à côté du
magnifique « An Ocean of Memories », écrit pour le final du film,
morceau modifié dans le film mais qui contient un retour assez
bouleversant du thème principal de « Never an Absolution », reprise
véritablement inoubliable, d'une beauté exceptionnelle, illuminée ici
par la voix de la chanteuse Sissel. On ne pourra pas non plus omettre de
mentionner « A Promise Kept » et ses sonorités typiques du compositeur,
illustrant la scène tragique et terrifiante où Rose se retrouve
flottant sur l'eau glacée entourée de centaines de cadavres congelés.
Cette musique est absolument saisissante à l'écran. En quelques minutes,
James Horner arrive à retranscrire toute l'intensité macabre et
l'horreur tragique de cette scène, en utilisant des sonorités
électriques plus graves et sombres, avec notamment un emploi très réussi
de cuivres funèbres - un morceau glacial à souhait.
La seconde partie de cette critique se propose d'évoquer la partie
action de la musique de « Titanic ». Malheureusement, il s'agit bien là
du principal point faible de cette partition. James Horner est
malheureusement retombé ici dans sa manie habituelle des auto-citations
parfois très agaçantes et inutiles pour ses morceaux d'action. «
Pelican's Brief », « Courage Under Fire », « Apollo 13 », ce ne sont pas
les allusions flagrantes aux précédentes oeuvres d'Horner qui manquent
ici, l'exemple le plus flagrant étant une section de "Al Bathra" de «
Courage Under Fire » repris dans le morceau « The Sinking », (le rythme
tadadada-tadadada à la caisse claire !), pièce illustrant la panique
générale des passagers lors du naufrage. « Death of Titanic » s'avère
être quand à lui beaucoup plus lourd et extrêmement massif (parfois même de façon excessive), un déchaînement orchestral parfois assez
laborieux à écouter d'une traite, et qui contient lui aussi beaucoup de
citations à des oeuvres plus anciennes d'Horner. Le danger de l'iceberg
est représenté quand à lui par un motif de cuivres sombres déjà entendu
dans "Al Bathra" de « Courage Under Fire » et dans certaines scènes de
bataille de « Braveheart ». Cependant, le dit motif représente
parfaitement l'idée de la menace dans le film. La partie action de «
Titanic » n'a rien de follement mémorable ici, et ce à l'inverse de la
partie plus romantique et émotionnelle du score. Mais délimiter ainsi la
musique de « Titanic » en deux blocs bien distincts serait un peu
exagéré… l'ensemble forme une progression logique et cohérente : la
montée sur le bateau et le départ du port (« Leaving Port », et l'enjoué
et insouciant « Take Her to Sea, Mr.Murdoch », lorsque tout est encore
possible), l'histoire d'amour entre Jack et Rose (« Rose », « Unable to
Stay, Unwilling to Leave ») puis la tragédie du naufrage (« Never an
Absolution », « A Promise Kept », « The Sinking »). A noter qu'Horner
nous offre même un morceau d'une grande beauté reprenant les deux
principaux thèmes du score dans un arrangement plus orienté ici vers les
instruments irlandais - cornemuse et whistle principalement - le
bouleversant « Hymn to the Sea », idéal pour conclure l'album en beauté.
Comment conclure cette critique sans devenir grandiloquent. Restons
simple : « Titanic » contient des moments d'émotion totalement
inoubliables, des passages qui nous rappellent avec force les images
immortelles du puissant film de James Cameron, une oeuvre d'art qui nous
rappelle avec classe qu'image et musique ne font qu'un. « Titanic »
aurait pu être le chef-d'oeuvre ultime de James Horner si la musique
s'était avérée bien plus inspirée dans les passages d'action évoquant le
naufrage du paquebot. La musique irlandaise permet de replacer la
partition d'Horner dans le contexte du film (cornemuse, whistle). Enfin,
la chanson écrite par le compositeur et interprétée par Céline Dion
reste l'une des plus belles chansons écrite pour le cinéma. Si « Titanic
» n'est pas forcément LE chef-d'oeuvre absolu de James Horner, cela
n'en demeure pas moins une de ses plus belles partitions ! Un classique
incontournable de la musique de film !
James Horner a signé la musique d'autres films de James Cameron : Aliens (1986) • Avatar (2009) •
James Horner a également écrit la musique de : Le Nom de la Rose (1986) • Cocoon (1985) • Braveheart (1995) • Willow (1988) • Krull (1984) • Les Mercenaires de l'espace (1981) • Le Petit dinosaure et la vallée des merveilles (1989) • La Légende de Zorro (2005) • Flightplan (2005) • Sans frontière (2003) • Commando (1986) • Génération Rx (2004) • Mémoire effacée (2004) • Glory (1990) • Le Nouveau monde (2006) •
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