Cannes #7 : Eastwood déçoit, la hongrie enchante !

changeling,delta, - Cannes #7 : Eastwood déçoit, la hongrie enchante !

-




Clint Eastwood a beau en imposer toujours avec sa classe légendaire sur la croisette, son nouveau film, L'ECHANGE, ne fait pas l'unanimité. Certains y retrouvent ici la maîtrise légendaire du grand Clint, habitué des films classiques émouvants, tandis que d'autres (dont nous faisons partie) n'y voient qu'un film esbrouffe destiné aux Oscars - ou à la Palme d'Or, au choix - avec une Angelina Jolie mécanique et un scénario sirupeux...

Clint s'aventure sur le terrain glissant de l'injustice et de la corruption policière à Los Angeles à la fin des années 20, thème traité avec mille fois plus de maestria et de subtilité dans l'excellent L.A. CONFIDENTIAL de Curtis Hanson en 1997. Immense déception de la part d'un dinosaure du cinéma qui nous avait habitué à du très haut niveau ces dernières années. Raison possible de cet échec : la présence de Ron Howard en tant que producteur. Le film sort en salles en février 2009. Autrement dit, tout semble programmé d'avance pour les Oscars. Ben voyons...

Autre déception du côté de l'argentine, avec LA FEMME SANS TETE de Lucrecia Martel, où des femmes de générations différentes errent et discutent comme dans un Almodovar. Sauf que l'absence totale de dramaturgie et la vacuité des dialogues nous laissent dans une indifférence totale, car il n'y a pas même matière à critiquer. C'est la première fois depuis le début du festival qu'un film est sifflé en séance de presse : c'est dire ! S'ajoute à cela la fatigue (3h par nuit), et les têtes qui piquent du nez.

La vraie révélation se trouve du côté de la hongrie, avec DELTA de Kornel Mundruczo, où un frère et une soeur qui ne se connaissaient pas se retrouvent et partagent un amour platonique bouleversant à l'écart de la société. Un film apaisant et magnifiquement filmé, qui pourrait plaire au président du jury Sean Penn (réalisateur de INTO THE WILD, qui partage des points communs avec DELTA). Un prix se profile certainement, peut-être à la surprise de tous, mais pas de la nôtre, on vous le dit d'avance : Palme d'Or potentielle.

Enfin, la Belgique frappe une nouvelle fois à la Quinzaine des réalisateurs, avec un film choc brillant et dérangeant, L'ELEVE LIBRE de Joaquim Lafosse, où un jeune adolescent découvre l'euphorie de l'apprentissage autant que la perversion de l'éducation (sexuelle mais pas seulement). Un film d'une intelligence rare, complexe et ambigu. La confirmation d'un grand cinéaste en devenir, qu'on pourrait retrouver en compétition officielle ces prochaines années, si tout va bien.

Demain est projeté l'un des films les plus attendus de la sélection, la fresque CHE de Steven Soderbergh, d'une durée record de 4h30. Le film sortira en salles en deux parties, la première en octobre, la seconde en novembre. Notre avis complet sur le diptyque (si tout va bien) au prochain bulletin.

Sylvain Rivaud & Benoit Basirico

> Retrouvez tous nos bulletins quotidiens et avis sur les films.

LES FILMS QUE NOUS AVONS VUS :

L'Echange
de Clint Eastwood

La femme sans tête
de Lucretia Martel

Delta
de Kornel Mundruczo

Elève libre
de Joachim Lafosse


En savoir plus :

Vos avis