Cannes #8/9 : Le festival voit rouge avant sa clôture.

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L'événement de mercredi à Cannes c'était ce qui paraissait être sur le papier l'ultime film politique de la sélection : CHE de Steven Soderbergh, avec Benicio Del Toro dans le rôle titre. Et jeudi était projeté en compétition LA FRONTIERE DE L'AUBE de Philippe Garrel, avec Louis Garrel et Laura Smet. Que ce soit le film sur le révolutionnaire, ou le nouveau film d'un cinéaste anarchiste, mais encore la Russie et le Mexique à l'honneur à la Semaine de la critique, ce festival a la couleur de Mai 68.

Une fresque de 4h28, divisée en deux parties distinctes, la première évoquant la révolution cubaine aux côtés de Fidel Castro, et la seconde les derniers mois du Che en Bolivie. Si la première partie ennuie un peu par son ton didactique et ses dialogues bavards, la seconde se révèle plus cinématographique, alternant scènes de combats et séquences plus mélancoliques, et évoquant ce qui fait l'essence d'un révolutionnaire, sans trop appuyer le propos. Le musique d'Alberto Iglesias surprend, mélange de nappes éthérées évoquant "La Ligne Rouge" et de musique atonale dans la lignées des thrillers politiques des années 70, avec percussions, piano et cordes stridentes (on pense à David Shire, Jerry Goldsmith ou au John Williams de "Munich"). Un film imparfait et prévisible qui remplit tout de même son contrat et comble le spectateur.

benicio del toro

Catalina Sandino Moreno et Benicio Del Toro à la sortie de la conférence de presse

Etait également projeté hors compétition SURVEILLANCE de Jennifer Lynch, qui prouve que le talent ne se transmet pas de père en fille. La rejetone de David Lynch signe un film policier prévisible qui fait pâle figure à Cannes, puisque c'est moins bon qu'un épisode de "X-Files". Seul moment joussif de la projection : un pétage de plomb de Bill Pullman, hilarant, vers la fin du film, qui malgré cela ne dépasse guère en qualité un téléfilm policier de fin de soirée pour M6.

Ce jeudi était projeté en compétition LA FRONTIERE DE L'AUBE de Philippe Garrel, avec Louis Garrel et Laura Smet. Le cinéaste français ne renouvelle rien dans son cinéma (noir et blanc abrupt et mise en scène héritée de la nouvelle vague) mais on reste bouleversé par cette histoire d'amour tragique qui, épurée de tout effet ou indice temporel (le film pourrait se dérouler dans les années 50), révèle une écriture romantique maîtrisée et assumée. Un film certainement hors normes, hors du temps, mais lucide et sincère.

Egalement en compétition ce jeudi, ADORATION d'Atom Egoyan, qui retrouve son compositeur atitré Mychael Danna. Notre avis prochainement...

Demain, nous attendons le premier film réalisé par Charlie Kaufman, SYNECDOQUE, ainsi que IL DIVO de l'italien Paolo Sorrentino, farce politique caustique et choc.

Parmi les sélections parallèles nous avons pu voir également LA SALAMANDRA, film argentin de Pablo Aguero où une jeune femme retrouve son enfant de six ans, qu'elle n'a presque pas connu, et part vivre avec lui dans un village où se trouve un squat qui rappelle une communauté hippie. John Cale, l'un des fondateurs du mythique groupe rock Velvet Underground, apparaît dans le film et chante. Nous y reviendrons bientôt...

Et La Semaine de la critique a cloturé son édition avec un dernier film en compétition, le russe ILS MOURRONT TOUS SAUF MOI qui révèle le talent et le tempéramment d'une jeune réalisatrice de 23 ans. Quand au film de clôture, ce fut méxicain avec le court-métrage BEYOND THE MEXICAN BAY suivi de DESIERTO ADENTRO.

Sylvain Rivaud & Benoit Basirico

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