par Benoit Basirico
- Publié le 20-08-2012La partition est convenue, sans surprises, empruntant autant aux classiques d’antant (quelques sonorités électroniques associées à des percussions tribales désigne le “Rambo” de Jerry Goldsmith) qu’à la norme actuelle instaurée par Hans Zimmer avec ces notes pontifiantes assénant un discours musical avec arrogance. Lors d’une écoute distraite de THE EXPENDABLES 2, on aurait presque l’impression d’écouter DARK KNIGHT. Mais après réfléxion, cette sensation n’appartient pas exclusivement à ce film, car cette norme vient de contaminer le cinéma américain, ou du moins ses blockbusters. Seul Silvestri et Giacchino semblent être épargnés, dont les CAPTAIN AMERICA et MISSION IMPOSSIBLE 4 demeurent emprunts d’une écriture ludique, légère, humble, citationnelle et en même temps profondément originale dans l’écriture des thèmes.
Dans la musique originale de THE EXPENDABLES 2, la chappe de plomb musicale est dénuée d’humour (alors que Stallone, Schwarzy ou encore Willis ont toujours fait preuve d’humour dans leurs missions). Le thème d’ouverture avec quelques notes martelées, en amorce dans le premier épisode de la saga, repris en piste 8 de cet opus, aurait pu donner lieu à la circulation d’un motif (et ses subtiles variations), mais ce travail “mélodique” s'arrête juste à la répétition d’une marche guerrière rappelant qu’on n’est pas là pour rigoler. Une BO avec des gros muscles donc.
EDIT (après vision du film) : Autant la musique de Brian Tyler en écoute seule sur le disque est lourde, musclée, sans recul, autant le résultat à l'image s'avère plus équilibré, car la partition originale tient une place dramatique (un thème repris deux fois est martelé, quelques cordes pour un instant d'émotion et un deuil) tandis que l'utilisation de musiques prééxistantes laisse la place à des respirations, à une auto-dérision. Un rock léger pendant une fusillade suffit à crée la distance ironique. Mentionnons la présence d'un morceau de Ennio Morricone ("Le bon la brute et le truand") pour la première apparition de Chuck Norris. On pense à Tarantino et son "Inglourious Basterds". Premier et second degré sont donc bien dosés. La musique de Brian Tyler ne reflète donc qu'un versant (le moins bon), et ne peut à elle seule représenter un film plus équilibré que l'écoute du disque le présageait..
par Benoit Basirico