Marco Beltrami : 'Un film a la possibilité de combiner le meilleur des musiques, aussi différentes soient-elles'

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- Publié le 01-03-2013




Le compositeur d'origine italienne Marco Beltrami revient sur quelques points de son parcours, de ses influences (Goldsmith, Morricone) à son actualité (WORLD WAR Z), des films d'horreur à I AM DINA qu'il considère comme sa BO favorite ! 

Interview

Voici quelques propos recueillis lors d'une interview Junket avec le compositeur lors du Festival Musique et Cinéma d'Audi.
(voir la vidéo en bas de page) 

Influences

Marco Beltrami : J'ai d'abord été intéressé par les compositions de Ennio Morricone et sa collaboration avec Sergio Leone. Quand j'ai étudié la musique, ce n'était pas de la musique de film mais plutôt de la musique graphique. Puis quand je suis parti en Californie, j'ai étudié avec Jerry Goldsmith. C'est à ce moment-là que j'ai vraiment étudié la musique de film et appris sur la façon de faire une musique innovante.

C'était de la musique, et non pas juste de la musique de film. C'était de la country, de la pop... Un film a la possibilité de combiner le meilleur des musiques, aussi différentes soient-elles.

Je pensais que cela pouvait être le meilleur comme le pire aussi, mais je suis devenu optimiste sur la musique de film.

Jerry Goldsmith

M.B : Jerry fut extrêmement important pour mon épanouissement en tant que compositeur. C'était le compositeur le plus économique. Il réduisait ses idées musicales à des formes simples. Venant d'un milieu qui tient plus de la musique de concert, où les idées sont souvent poussées à être complexes, c'était vraiment rafraîchissant d'étudier avec lui et d'apprendre sa méthode. Quand on m'a demandé de faire la musique de OMEN (le remake), c'était exaltant mais j'avais une appréhension. Je savais que Jerry avait reçu son seul Oscar pour cette musique et je trouvais important de lui rendre hommage. Son score complet pour ce film peut être réduit en 3 notes. Alors je me suis dit: «Comment pourrais-je lui faire un hommage sans copier son thème, peut-être je peux l'aborder de la même manière ». Donc je me suis dit que je ferais aussi quelques notes. J'ai réussi à baser cette musique sur quatre notes. Ce n'était donc pas tout à fait aussi bon que Jerry. Mais, c'est comme si je sentais sa présence.

Relation de la musique avec le son

M.B : La musique et les sons doivent marcher ensemble. Quand j'ai commencé à faire de la musique de film, le département "son" était mon ennemi. On travaillait dans le même endroit. Au fur et mesure que je vieillissais et que je gagnais de la sagesse, j'ai réalisé qu'il n'y avait pas de compétition. Nous travaillons ensemble et cela mène à un score davantage innovateur. Je rencontre les gens du département "son" assez tôt pour savoir quelles sont leurs idées pour le son et les images. Parfois même je leur demande quels sons ils ont pour les incorporer à la musique.

Les sagas et leurs suites

M.B : J'ai fait des Score par le passé comme ceux de DIE HARD, TERMINATOR... qui étaient des suites. J'aime faire un hommage aux Score du passé.

Pour SCREAM, c'était un réalisateur avec qui j'avais travaillé dans le passé. Ma relation avec lui était déjà installée dés le premier film. Dans les autres épisodes, il y avait une variation, mais dans la majeure partie, tout était basé sur le même matériel.

Pour TERMINATOR, on m'a demandé de faire quelque chose de complètement nouveau.
Le réalisateur voulait faire un nouveau film. Il ne voulait pas que j'incorpore de la musique de films existants. Ce que j'ai fait pour la fin du film est un hommage, mais la majeure partie était une partition "autonome".

Films d'horreur

M.B : Les films d'horreurs sont amusants. Je n'aime pas les regarder parce que j'en ai peur. Mais, il s'est avéré que le premier film que j'avais fait était un film d'horreur et a eu du succès. Cela m'a conduit à d'autres films d'horreur. Je ne pense pas tellement au style ou au type du film, mais en quoi je peux y contribuer, si j'ai des idées quand je le vois. C'est plus important pour moi que le genre du film. Donc si il y a de bons films d'horreur, cela m'intéresse. Même si j'ai travaillé pour une comédie romantique, je ne peux pas dire que cela me dérange.

I AM DINA

M.B : C'est l'une de mes partitions préférées. Il y a un CD, mais malheureusement ce n'est pas très connu. Surtout de ce côté de l'Europe. Travailler sur ce film a été une occasion rare d'explorer musicalement. C'était très encourageant d'essayer différentes choses. Je me suis beaucoup amusé. C'est l'une de mes favorites.

Bertrand Tavernier avec LA BRUME ELECTRIQUE

M.B : La première chose dont je me souvienne est la rencontre avec Bertrand Tavernier, un an avant qu'il ne tourne. Nous avons parlé et avions un enthousiasme commun pour le projet. J'étais aussi très intéressé par sa connaissance qu'il a des films et de la musique en général. Il en sait plus que n'importe qui. Nous avons commencé notre collaboration avant même qu'il ne commence à tourner. C'était très inspirant d'aller en Louisiane pour le tournage et de passer du temps à rechercher la musicalité du Bayou, des marais et de prendre soin d'intégrer la culture dans la partition. Je suis très chanceux d'avoir eu l'opportunité de travailler avec lui.

WORLD WAR Z (juillet 2013)

M.B : Je suis très content de ce score. C'est très différent pour moi. C'est un mélange de sons manipulés et de choses orchestrales. Mais, toujours au sujet des sons, les mâchoires des zombies, c'est quelque chose d'important au niveau visuel et j'ai pris comme référence par rapport à cela la mâchoire d'un cochon sauvage du sud ouest des Etats-Unis. Ils communiquent avec leurs mâchoires alors j'ai créé des motifs rythmiques de leurs dents, des choses comme ça sont très amusantes pour moi.

Interview réalisée à Paris en octobre 2012 par Benoit Basirico
Dans le cadre du Festival Musique et Cinéma d'Audi
Traduction : Valentina Kaminker.

 


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