La Voleuse de livres (John Williams), un lyrisme en retenue pour la Grande histoire

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par Benoit Basirico

- Publié le 04-02-2014




Cela faisait longtemps que nous n’avions pas entendu une partition de John Williams hors des sentiers balisés par Spielberg ou Lucas. Cependant, nous retrouvons le style du compositeur, celui des grands drames historiques, là où il sait à merveille mêler la grande et la petite histoire, le décorum de la deuxième guerre mondiale et le parcours individuel et intime de la petite fille. 

John Williams continue de démontrer sa capacité à capturer l'essence d'un récit romanesque par des moyens lyriques tout en jouant la retenue. Le plaisir procuré par la vision d’un film de cet ampleur dramatique mis en musique par Williams repose sur cette faculté à convoquer le lyrisme tout en se retenant de toute emphase. La juste mesure, le juste point d’équilibre, qui fait tenir l’émotion sans sécheresse ni pathos.

John Williams parvient à s’imposer auprès de la jeune génération de compositeurs sans jamais avoir été pillé ni égalé (ce qui n’est pas le cas d’un Zimmer). Sa capacité à distinguer une seule note mélodique et à l’étendre à travers toute la chaine de l’orchestration est un plaisir d’auditeur inégalé, d’autant que la palette d’émotions est aussi riche que l’instrumentation. Un orchestre complet n’oublie pas de révéler des solos remarquables pour piano, hautbois ou clarinette, à l’image de la petite histoire dans la grande, le compositeur joue cette touche intime et individuelle au sein du collectif. 

Ainsi, deux thèmes se révèlent, le premier débute dés la première piste avec "One Small Fact" et se révèle comme le thème de la persévérance de la jeune fille qui apprend à lire ("Learning to Read », "Learning to Write" et "Writing to Mama"). L'autre thème principal s'étend de "The Journey Himmel Street" à la dernière piste et appartient à la veine du conte. Ces deux identités sont transportées élégamment du piano solo à l’orchestre.

Bien que le film traite des heures sombres de l’histoire, avec certaines scènes horribles, le compositeur ne perd jamais un sentiment d'optimisme, et parvient à s’amuser par les détours ludiques de son orchestration, avec cet esprit rythmique qui lui appartient, sans ironie ni cynisme, en préservant la naïveté de l’émotion. 

par Benoit Basirico


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