Rémi Boubal (compositeur du court-métrage UNE CHAMBRE BLEUE)

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- Publié le 28-05-2014

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UNE CHAMBRE BLEUE de Tomasz Siwiński, court-métrage présenté à la Semaine de la critique (Cannes 2014) propose une musique orchestrale très personnelle, écrite par le compositeur français Remi Boubal, collant au plus près des sentiments du personnage. Celui-ci se retrouve coincé dans une chambre bleue, dont il ne parvient pas à sortir. La musique orchestrale s'adapte aux états d'âme d'Adam, et apporte au spectateur une puissante émotion (de la peur, de l'inquiétude, et même une certaine nostalgie). 

Interview Rémi Boubal (UNE CHAMBRE BLEUE)

Cinezik : Y avait-il des références pour la partition d'UNE CHAMBRE BLEUE ?

Rémi Boubal : Le réalisateur avait mis sur son montage des temp-tracks de musiques contemporaines (tel que Ligeti), avec des clusters, puisqu'il s'agit d'un film d'animation, ils avaient besoin de musique pour l'élaboration. Ce n'était pas à la base quelque chose que je faisais ni le genre de musique que j'écoutais. C'était donc un challenge d'essayer d'aller dans ce sens-là. La volonté du réalisateur pousse un compositeur à aller dans ses retranchements. Cela permet de faire évoluer son style, et d'apprendre un nouveau type d'écriture.

Au final, avez-vous respecté le temp-track, votre partition est-elle de la musique contemporaine ?

R.B : En tout cas, c'est ce qu'il y a de plus contemporain chez moi. Les temp-tracks étaient surtout là pour marquer les emplacements de la musique. Pour le style, le réalisateur voulait quelque chose d'un peu mystérieux, pas très clair. Cela correspond à l'image à ce qui se passe dans la tête du personnage principal. Il voulait quelque chose de contemporain, mais aussi un thème mélodique dont on se rappelle, et le faire intervenir plusieurs fois dans le film. Il y a ainsi deux choses assez différentes musicalement.

Comment êtes-vous arrivé sur le projet ?

R.B : C'est Camille Condemi de Sacrebleu Productions qui m'a appelé. Tomasz avait entendu une musique que j'avais composée sur mon site. Je pense qu'il a dû faire une recherche de plusieurs compositeurs. Tomasz vit en Pologne, donc c'est la production qui a fait l'intermédiaire entre nous deux. On a beaucoup communiqué par mail pour savoir ce qu'il voulait. Il m'a envoyé le scénario et quelques dessins. On s'est échangé des fichiers via un serveur. C'est assez particulier de ne pas avoir ne serait-ce qu'un café pour discuter de visu avec la personne. Quand je suis arrivé sur le projet je ne connaissais ni la production ni le réalisateur. La musique est intervenue à la toute fin, deux ou trois mois avant la finalisation. Le processus de création d'un film d'animation est très long.

Malgré les emplacements définies au départ, y a-t-il des changements suite à votre implication ?

R.B : Oui, par exemple, il n'y avait aucune musique prévue pour une séquence du film, au moment où il tourne la manivelle et où l'on voit sa vie défiler par la fenêtre. Puis suite à notre discussion, on est tombé d'accord qu'il fallait de la musique. C'est clairement un moment musical et poétique dans le film. Il nous semblait bon que la musique accompagne ce moment-là. On a pu ainsi ajouter de la musique au fur et à mesure, même le jour de l'enregistrement où Tomasz était présent. Je l'ai rencontré pour la première fois à cette occasion-là. Il me disait "peut-être à cet endroit-là on pourrait essayer des choses". Certaines musiques ont été calées à la toute dernière minute.

Pour un court-métrage au budget limité, vous avez pu faire enregistrer votre partition avec un orchestre ?

R.B : En effet, on n'avait pas le budget pour avoir tout un orchestre. Il y a trois musiciens (clarinette, violon, violoncelle). La harpe et les percussions sont virtuelles. On a fait le système de RE-RE (se réenregistrer plusieurs fois) où le violoniste et le violoncelliste ont re-fait plusieurs fois plusieurs parties. On a essayé de se rapprocher le plus possible d'un son d'orchestre, ce qui est toujours difficile parce que 1+1 n'égale jamais 2. Même en enregistrant plusieurs fois des cordes, ce n'est pas pour autant que l'on aura la sensation de masse. Mais ça fonctionne plutôt pas mal. C'est le mixeur du film Lionel Guenoun qui a fait les prises de son des instrumentistes.

Il y a dans UNE CHAMBRE BLEUE un travail musical sur l'enfermement...

R.B : Avec la musique et le sound design il était question de créer une atmosphère assez oppressante, en tout cas vraiment fermée, qui ne s'ouvre pas, c'était l'idée.

Quelles sont vos autres actualités ?

R.B : J'ai fait une musique (partagée avec un autre compositeur, Lucien Papalu) pour la série LES LASCARS (Canal Plus). Après la saison 1, on attaque la saison 2. J'ai aussi fait la musique d'un long-métrage qui va sortir à l'automne : APRES LA BATAILLE (de Simon Leclere).

Propos recueillis à Cannes en mai 2014 par Floriane Jenard

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