Cinezik : Quel a été votre travail pour la comédie INTOUCHABLES ?
Ludovico Einaudi : Pour INTOUCHABLES, c'était de la musique que j'avais déjà composée avant. Les deux réalisateurs m'ont demandé de réarranger la musique pour le film.
Quelle est la source d'inspiration de votre musique ?
L.E : A chaque fois que je travaille pour un film, les procédés sont différents selon les films mais je cherche dans tous les cas à faire quelque chose qui m'appartient. Je n'aime pas faire la musique pour un film comme un travail. Je n'aime pas travailler pour des films qui ne respectent pas ma vision musicale.
Quel rôle votre musique joue dans les films de manière générale ?
L.E : Il y a de la musique qui raconte une histoire complète et celle qui laisse une part de mystère. Je crois que ma musique appartient à cette dernière définition. Elle laisse à l'auditeur et aux réalisateurs des possibilités d'imaginer quelque chose avec.
Malgré le fait que votre musique pour INTOUCHABLES ait été composée avant pour vos albums, quel a été votre travail sur le film ?
L.E : Avec INTOUCHABLES, le choix de ma musique sur les images qui a été fait par les réalisateurs était parfait. J'ai essayé de faire des petits changements mais l'idée de départ était vraiment là. Puis tout a été enregistré de nouveau. Ce n'est pas une nouvelle orchestration car elle est similaire à l'originale, mais c'est une nouvelle interprétation de la musique existante. Le rôle de ma musique dans le film INTOUCHABLES est un bon exemple. Elle n'est pas un commentaire qui aide le film, mais elle est là pour donner une émotion, une sensation, elle joue un autre rôle dans le film, elle fait partie du film mais elle est aussi indépendante.
Comment trouvez-vous vos thèmes ? Y a-t-il une part d'improvisation ou cela passe par l'écriture ?
L.E : Je commence parfois avec une idée improvisée, mais à chaque fois que je la joue elle se concrétise. Après, dans les concerts, j'aime faire des petites variations, ne pas faire toujours la même chose. J'aime faire des changements. J'aime définir en premier lieu les éléments principaux, les thématiques, les harmonies, puis toutes les couleurs viennent par la suite.
Êtes-vous inspiré par la musique italienne ?
L.E : Je n'aime pas beaucoup la musique populaire moderne italienne, il y a une sorte de confusion culturelle, à part des chanteurs comme Fabrizio de André, Paolo Conte ou Vinicio Capossela. Il y a beaucoup de choses que j'ai écoutées et aimées dans ma vie : la musique classique, le rock, la musique du monde. Je crois que ma musique est le résultat de tout ce que j'écoutais.
Suite au succès d'INTOUCHABLES, avez-vous plus de propositions ?
L.E : J'ai quelques sollicitations mais je dois finir un nouvel album pour la fin de l'année et j'ai besoin de temps pour me concentrer. Et j'ai beaucoup de concerts à faire dans toute l'Europe dans les prochaines années, ça va être très dur. Je fais aussi des concerts avec le groupe, et au piano solo avec mon nouveau répertoire ainsi que l'ancien.
Avez-vous pu rencontrer d'autres compositeurs de films italiens ?
L.E : J'ai déjà rencontré Ennio Morricone mais je ne suis pas du tout dans le monde du cinéma italien ou mondial, je préfère rester en dehors de ça. J'ai mon activité de concertiste qui marche très bien, et je préfère faire de temps à autres des choses pour le cinéma, mais je n'aime pas l'idée d'entrer complètement dans le monde du film.
Interview B.O : Pierre Desprats (Les Reines du drame, de Alexis Langlois)
Interview B.O : Audrey Ismaël (Diamant brut, de Agathe Riedinger)
Panorama B.O : Noël dans le cinéma américain [Podcast]