Interview B.O avec Anne-Sophie Versnaeyen (LA BELLE ÉPOQUE, Hors Compétition Cannes 2019)

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Propos recueillis par Benoit Basirico - Publié le 26-05-2019

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La compositrice Anne-Sophie Versnaeyen est l'invitée de Benoit Basirico pour Nicolas Bedos qu'elle retrouve après "Monsieur & Madame Adelman" (2017).

Vous avez un parcours classique ?

Anne-Sophie Versnaeyen : J'ai vraiment une formation classique, j'ai commencé par jouer de l'alto, instrument entre le violon et le violoncelle, donc pour moi la musique au début était vraiment liée au répertoire classique. Puis j'ai étudié l'écriture et l'orchestration.

Vous avez eu une activité d'orchestratrice avant de passer à la composition ?

A.V : Tout à fait. La nature de l'orchestration varie d'un projet à l'autre, ça peut aller de prendre une partie de piano et d'en faire une partition orchestrale, de transposer. Ca peut être aussi d'avoir des indications très précises sur un morceau avec des maquettes faites sur l'ordinateur, avec des faux instruments (ce qu'on appelle des samples), l'orchestrateur va alors organiser la piste, par exemple de cordes, pour les différents instruments (les violons, violoncelles, contrebasses, altos). J'ai déjà travaillé avec des compositeurs qui ne lisent pas la musique, donc à partir du moment où il y a un enregistrement, il faut transposer les idées très précises. Avec Armand Amar avec lequel je travaille depuis 10 ans maintenant, lui ne lit pas la musique donc dès qu'il s'agit de partitions orchestrales, il faut faire ce travail complémentaire d'écriture pour l'orchestre.

Et c'est avec Armand Amar que vous avez fait vos débuts en tant que compositrice, puisqu'il a pu vous confier l'écriture de morceaux, au-delà de votre rôle d'orchestratrice ?

A.V : Oui tout à fait. Au fur et à mesure des années, Armand étant aussi très sollicité, parfois quand il fait 7-8 films par an, on a établi une telle confiance, petit à petit j'ai pu faire des musiques additionnelles pour lui. Des chansons également. J'aime beaucoup la forme de la chanson, de créer un univers sur 3 ou 4 minutes.

Qu'est-ce que Armand Amar vous a appris concernant le travail de la musique de film ?

A.V : On apprend à l'école à orchestrer, à écrire, mais la relation entre l'image et la musique, c'est quelque chose qui relève du feeling, c'est grâce à l'expérience aux côtés d'Armand que j'ai vraiment pu comprendre et ressentir comment ça fonctionne, concernant le placement de la musique, tout le travail sensible, précis et délicat avec l'image. Armand a une énorme intuition avec ça. On a fait aussi énormément de séances d'enregistrement donc j'ai pu acquérir aujourd'hui une solidité pour diriger des musiciens, organiser les séances, connaître sa famille de musiciens avec laquelle on a envie de travailler. On écrit la musique, mais c'est très important de savoir à qui la confier. L'enregistrement c'est déterminant. Un interprète peut vraiment sublimer une partition.

Et vous rencontrez Nicolas Bedos sur son premier film MONSIEUR ET MADAME ADELMAN (2017) avant de le retrouver sur LA BELLE EPOQUE...

A.V : On s'est rencontrés sur son premier film pour lequel je faisais justement des orchestrations et des arrangements. Puis ensuite il m'a proposé de travailler sur LA BELLE EPOQUE... Au début je n'y croyais pas trop. Nicolas m'a tout de suite transmis son scénario, pour comprendre le film, puis il m'a aussi convié à visiter les décors, puisqu'il y est question de décors des années 70... ça a été très inspirant de pouvoir, après lecture du scénario, avoir des images. Les premières musiques se sont écrites dans ces conditions. C'est ensuite avec l'image que l'on réalise quelle est vraiment la musique nécessaire. Certaines musiques écrites au début n'ont ensuite pas trouvé leur place. Jeter des musiques fait partie du processus pour trouver la bonne musique.

Est-ce que Nicolas Bedos avait des indications précises ?

A.V : Nicolas étant lui-même pianiste avait des idées de thèmes au piano. Il est très exigeant, précis, et a eu une participation dans cette composition. Il m'a proposé un thème au piano qu'on entend au début et qui est repris au générique de fin, ainsi qu'un autre thème de valse, que j'ai retravaillés, en faisant des versions orchestrales. Il y a un ostinato, des petits éléments rythmiques, des petites cellules qui reviennent, avec des bassons et des clarinettes, puisqu'en fait au début quand j'ai commencé Nicolas m'a dit qu'il ne voulait pas de cordes. Ce qui est un peu rigolo parce qu'il savait que je faisais de l'alto. Au final il y a quand même des cordes, mais ce qu'il a voulu dire c'est qu'il ne voulait pas de grandes lignes mélodiques de violon.

Quel est le rôle de la musique dans ce film ?

A.V : La musique traverse les époques, elle permet de faire une sorte de liant qui peut traverser les différentes époques évoquées, notamment pour les scènes mises en parallèle.

Il y a aussi beaucoup de musiques préexistantes...

A.V : Je pense à cette chanson d'Alain Souchon, "J'ai dix ans", qui marche très très bien, qui fait sens dans le film. Il y a beaucoup de chansons qui sont très bien pensées et choisies.

 

Propos recueillis par Benoit Basirico

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