Interview B.O : Wissam Hojeij (LA DANSE DU SERPENT, Semaine de la Critique, Cannes 2019)

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Propos recueillis à Cannes par Benoit Basirico - Publié le 30-05-2019

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Wissam Hojeij signe la musique du premier film costaricain de Sofía Quirós Ubeda, avec une partition de clarinette, flûte Nay, violoncelle, alto et clavier, de l'orient à l'Amérique latine. 

Cinezik : Quelle est votre approche pour aborder un nouveau territoire cinématographique et géographique ?

Wissam Hojeij : Chaque projet est nouveau, chaque film porte son histoire, son univers. Et donc je n'aborde jamais les choses de la même manière. En plus, dans le cinéma du monde, il y a une richesse et une couleur que l'on peut exploiter, qui fait que chaque film peut vraiment apporter de nouvelles idées, de nouvelles manières d'aborder les choses.

Comment s'est faite la rencontre avec la réalisatrice Sofía Quirós Ubeda ?

W.H : Elle s'est faite dans le cadre de Next Step, un dispositif mis en place par la Semaine de la Critique en partenariat avec la Sacem.

Quelle a été l'intention musicale ?

W.H : C'est son premier film et elle voulait accorder une part importante aux sons d'ambiance, au sound-design et au montage son. Et du coup on a beaucoup discuté pour arriver à une formule qui soit la plus intéressante possible en terme d'apport musical. Il y a deux axes qu'on a développé dans le film, un premier qui est à l'image, une musique très intégrée au son du film. J'ai enregistré les instruments réels que j'ai injectés dans la matière sonore globale du film. Cela crée des ressorts de tension, ça raconte des choses que le son en lui-même ne raconte pas. La musique joue ainsi un rôle important, très intégrée à l'image. Et à un moment j'ai demandé à Sofia ce qu'elle pensait de l'idée d'un thème emblématique, qui soit le thème du film. Elle s'est montrée très enthousiaste, donc le deuxième volet de ce travail a été décrire ce thème final qui vient conclure en reprenant la même trame harmonique qui est celle de la musique du film.

Dans quelle mesure votre partition soutient le parcours du personnage, Selva, 13 ans, au centre du film ?

W.H : La jeune adolescente est dans un contexte familial difficile et elle aspire à un ailleurs. Cet ailleurs est incarné dans le film par sa fascination pour l'Orient. J'ai donc trouvé intéressant de pouvoir explorer cette partie musicalement, d'évoquer cette aspiration du personnage pour l'Orient. J'ai donc proposé une instrumentation orientale, avec des instruments arabes (flûte Nay et darbouka).

En quoi avez-vous convoqué la géographie du film (le film est situé au Costa Rica) ?

W.H : Avec la guitare il y a quelques sonorités latino-américaines mais avec des timbres orientaux. Je préfère ne pas faire de musiques "décor", mais d'arriver à une proposition qui provienne du "pays du cinéma" plus que d'un pays spécifique. Donc ce sont des timbres et des couleurs qui ne sont pas nécessairement utilisés dans la manière à laquelle on s'attendrait.

Quel rôle joue votre musique ?

W.H : C'est une musique que je qualifierais d'organique, une musique qui à plein d'égards apporte des émotions qui ne sont pas visibles à l'image, et qui enrichissent le registre émotionnel du film. La musique surgit par moments de manière transitionnelle, d'un univers à l'autre du film. Même si le film est très onirique, la musique ne l'est pas pour ne pas faire de redite à l'image. Elle apporte une tension, des volutes qui traversent les scènes, et de cette manière elle permet une expérience narrative complète.

 

Propos recueillis à Cannes par Benoit Basirico

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